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 C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>

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Catherine S. Williamson
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Catherine S. Williamson


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MessageSujet: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeLun 2 Nov - 20:38

C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> Cass09

Le cauchemar avait finalement pris forme. Allégorie de joie et de bonheur, l'enfant qui grandissait dans le ventre de Claudia était ovationné ce soir, au restaurant. La présence de Catherine était obligatoire, c'est donc en traînant des pieds qu'elle s'était préparée l'après-midi durant- « i-rre-pro-cha-ble, ma fille, i-rre-pro-cha-ble! Si tu ne le fais pas pour elle, fais le pour moi, hein. » Son père lui avait affectueusement agité la joue, sourire affable- mais menaçant- au visage, puis était habilement retourné choisir la couleur de sa cravate. Le faire pour son père. Charles. Quarante ans. Amoureux. Américain lambda. Pour fêter cette occasion, fou de joie, il avait prévu une virée dans un restaurant chic et calme, loin de l'agitation métropolitaine. Elle était, de toute façon, bien obligée d'abdiquer. Catherine savait parfaitement que les exigences de son père étaient largement plus ciblées sur son attitude que son aspect vestimentaire : elle ne mit aucune touche de maquillage, décidant simplement de changer le haut qu'elle portait, sur le choix, ironique, d'un pull où il était inscrit avec des couleurs chaudes « Rainbow ».

Lorsqu'elle se regarda dans le miroir, Cath ne put s'empêcher de s'occuper à une analyse stupide et critique de son aspect : cheveux hirsutes, la bouche sèche- elle s'appliqua à y passer sa langue jusqu'à ce que le résultat paraisse satisfaisant-, regard terne, et le pull porté était bien trop grand pour sa taille. Lassée, elle referma le miroir et prit son téléphone portable, consultant ses messages. À part la soirée proposée par un quidam, il y avait longtemps qu'on ne prenait plus la peine de lui parler, excepté pour les veillées nocturnes, où, en revanche, elle était conviée à grande joie. C'était sans doute son attitude inflexible et renfermée lors des cours qui n'attirait pas les autres : concentrée, silencieuse, elle parlait peu. Il y avait longtemps qu'elle avait abandonné l'idée de redorer son image, quelle soit sociale ou privée. Elle s'était engluée dans une accoutumance qui coordonnait avec ses attentes, de la tranquillité ceux qui savent qu'il ne se passera rien d'exceptionnel dans leur vie pour qu'il y ait une rupture.

Quand elle se rendit compte que c'était la troisième fois que son père l'appelait-il avait en fait plus tendance à râler- en cet instant- la blonde se ratatina sur elle-même, reprit lentement constance en s'éclaircissant la gorge plusieurs fois, traversa sa chambre en chaussettes avec la désagréable impression de voler, ouvrit lentement la porte et s'élança dans l'escalier.. sur lequel elle fit une chute monumentale. Elle venait de rater la première marche. La première pensée rationnelle qui traversa son esprit alors que la douleur s'éparpillait suavement en elle, fut que par ce ridicule accident (qui allait sûrement couter un pansement à la mère Claudia), la soirée serait annulée et que l'on se contenterait d'un repas aux chandelles dans le jardin. Elle fut prise d'un vertige, alors que ses parents accourraient vers elle. Ils soupirèrent devant sa maladresse, alors que, trop endolorie, et non-oublieuse des gentilles indications faites par son père en début d'après-midi, Catherine se retint tout bonnement de s'excuser d'exister. Bougonne mais pas de mauvaise fois, elle fut apte à marcher sans trop de mal quinze minutes plus tard, même si sa cheville tremblait (cheville foulée?) et se présenta à eux. Elle les rassura, précisant que s'affecter de son état était inutile et que la soirée aurait pu être annulée si elle avait dix ans. Claudia, prise d'un soudain élan de sentiments, s'élança vers elle et manqua de la faire tomber en la serrant dans ses bras, assurant qu'elle n'avait jamais vu de fille aussi adorable. Catherine réussit à être émue pendant une minute, répondant à son étreinte, mais abrégea le moment romanesque en précisant qu'ils devraient y aller s'ils avaient le désir de trouver table et bonne place à cette avancée de la soirée.

Ils étaient à mi-chemin, en pleine discussion sur la politique actuelle quand Catherine, momentanément absente de leur conversation, écoutant d'une oreille, s'exonéra de sa bonté, pensant à la soirée ennuyante qu'elle serait obligée de passer. Ses pensées pessimistes s'effacèrent rapidement quand elle entra dans le restaurant : l'architecture sublime, on semblait entrer dans un nouveau monde, sombre, vert et leste. Magnifiquement agencé, elle en avait la bouche ouverte de béatitude et d'étonnement. Elle aurait au moins ça de gagné pour la soirée. Alors que son père réservait les tables avec un air de propriétaire, se pavanant au bras de sa femme, l'adolescente ne se laissait pas d'observer les lieux, entraînée.

La famille Williamson fut installée bien en évidence dans le restaurant, Cathy fut gênée lorsqu'elle s'en avisa : elle détestait être au centre des regards, peu importait avec qui elle était. Toutes ses actions se faisaient discrètement, en silence. Loin derrière. De ces agissements qu'on ne remarquait après un temps, après un regard où l'on détaille plus en douceur, avec plus d'aplomb et d'attention : elle n'était jamais félicité ou admirée par ce qu'elle faisait, avec sa digne place de bonne dernière. Ses parents n'étaient pas en reste. Elle savait cependant que ses plaintes étaient stupides, tout comme son désir d'être remarquée, d'exister, puisque ce tempérament qui a toujours été le sien la constituait, faisait partie intégrante de sa personnalité. On leur présenta les cartes : Claudia et Charles firent rapidement leur choix, ne restait plus qu'à Catherine de trancher. Elle rougissait alors que les regards de ses parents et de celui du serveur étaient tournés vers elle. Son choix se fit sur une salade composée (« tu ne prends que ça, honey? »), et enfin, le serveur s'en alla.

La soirée passait trop lentement à son goût, l'attente des plats s'éternisait, et, tandis que ses aînés se papouillaient devant ses yeux, son regard coula sur le reste de la pièce. Des couples, des couples, des couples.. et, ah, des vieux pervers, des pervers moins vieux, des dépressifs. Bref, l'Amérique. Elle eut un sourire vide. Sa bouche s'ouvrit.

« Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
 »


Ses parents levèrent les yeux vers elle.

« En anglais, Cath? »


Elle les regarda, certaine qu'ils tombaient sans ménagement de la dernière pluie. Avec la lenteur et la culture qu'ils se devaient d'avoir. Il était peut-être vrai que son regard avait sans doute semblé trop absent, ou trop lointain. Ou que clamer un français d'un Baudelaire furtivement amoureux et mélancolique lors d'une telle soirée n'était sans doute pas la meilleure chose à faire. Mais, Ô Dieu qu'elle voudrait qu'ils abandonnent leurs petites histoires de bas étages, se résumant à « on copule et on élève », reproduisant par la même occasion le même schéma depuis des dizaines de millions d'années. Qu'ils abandonnent les discussions sur tel ou tel gouvernement, sur telle ou telle guerre, ou, pis, le dernier ragot du nouveau voisin arrivé récemment. Elle leur afficha une mine sombre et continua de regarder le vide. Ils se regardèrent à leur tour d'un haussement d'épaules et continuèrent leur conversation. Alors que le serveur arrivait enfin avec leurs plats, Catherine fut attirée par un regard..


{Début cliché, excuse-moi -_-}


Dernière édition par Catherine S. Williamson le Mar 3 Nov - 9:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeLun 2 Nov - 22:58

mais non ca va très bien.
quant à moi >< je devrais développer pleins de trucs au lieu d'effleurer, mais, c'est déjà assez long comme ça.


J'aime toujours commencer une soirée par me demander où je vais finir. Dans le lit d'une grande dame du gratin mondain. Dans le lit d'un miteux chanteur drogué jusqu'à l'os du dernier groupe de rock à la mode. Au fond d'une poubelle. Ou juste dans mon nid, dans mon nid, la cave d'un immeuble affreusement sale de Mid-City, que voulez-vous, on peut pas tous se payer une chambre dans un hôtel Hilton, sauf si c'est Paris qui invite, bien sûr. Elle n'avait pas si bon goût d'ailleurs, elle est pourrie jusqu'à la moelle, et plus encore maintenant qu'elle se laisse croquer et baiser par tous les crocs qui passent. Enfin, il y en au moins à qui le coming-out des vampires a fait plaisir. Mais ça m'étonnerait pas qu'elle finisse salement vidée de son sang un jour. Enfin, elle n'a vraiment aucun intérêt. Et penser à la façon je vais finir n'en a pas plus. Que ce soit pour cette nuit, ou pour le reste du temps que je passe sur cette terre. C'est stérile. Parce que ce que je prévois, ce que j'imagine, ce n'est jamais la réalité. Et c'est ce qui me fait souvent rire, au fond d'une poubelle miteuse, quand j'avais imaginé m'endormir dans un lit faits de draps de satin, avec sur ma peau le souvenir d'un corps encore chaud. Mais au fond, je n'en ai bien que faire du luxe. Cela me dégoute, même. Je ne suis bien qu'au fond de cette poubelle, entre les cafards et les peaux de banane en décomposition. Je là où on ne m'attends pas, là où on n'attends pas à vampire en tout cas. Je pourrais dire que je ne suis pas un vampire comme les autres, mais c'est faux, j'aime le sang, je suis violent, j'ai une vie presque solitaire la plupart du temps. Pourtant eux-même me méprise. Tomber si bas, tss. Se vendre, vivre dans un taudis, vraiment pas digne d'un vampire de neuf siècles. Mais voilà, cette vie, je l'ai choisie, que je puisse au moins faire ce que je veux de ma vie, vu que je n'ai pas choisi ma mort.
Par chance, il n'y a pas de rats dans la chambre ce soir, enfin, je n'ai rien contre eux. Mais ils me réveillent toujours, pendant la journée, et je ne donnerais pas cher de ma peau s'ils se mettaient alors à ronger les épais rideaux des petites fenêtres qui donnent sur la lumière du soleil. Pas la peine de s'éterniser dans cet endroit. Je sors dans la rue, une clope dans les mains, aussitôt dans la bouche. Je ne sais pas où je vais aller, je ne sais jamais quand je sors. Je ne sais même pas où je vais à la fin, j'erre c'est tout, car de toute façon il n'y a plus de fin. Je n'ai pas envie de faire le trottoir ni les soirées de la haute société louisiane, alors je vais juste marcher, su les routes, puis dans les parcs. Je m'assois un instant sur un banc, mais repars presque aussitôt. En plein milieu de la ville qui grouille, qui fume, souillée par toute l'horreur de l'homme, ça ne peut être de la vraie nature. Je veux voir la vraie, celle qui est sauvage, celle où on entend les oiseaux, les insectes, celle où le vent nous fait sourire d'une douce caresse. Mais il faudrait aller assez loin pour la trouver celle-là. Normalement un vampire utiliserait sa vitesse surhumaine pour aller se terrer dans une forêt, mais moi j'erre dans le monde avec toute la lenteur d'un fantôme condamnée à arpenter les mêmes routes, à se faire porter par les même vents. Mes pas hasardeux me mènent à la côte, au morceau d'Océan qui s'étend devant la Nouvelle Orléans. J'aime m'asseoir sur une jetée et regarder le noir de l'eau se mêler au noir du ciel, parfois illuminés par les rayons de la lune. J'y reste peut-être une heure, peut-être deux heures, je n'ai plus la notion du temps, de ce petit temps, car j'ai tout mon temps. Et puis je me lève et reviens vers la plage et derrière la ville, la civilisation, les hommes. Je n'ai même pas faim, mais je ne sais me résoudre à m'éloigner de tout contact social, j'ai beau être un animal dangereux, je suis un animal social tout de même.
Il y a qui se dresse devant la mer un restaurant, j'y suis déjà allé une fois, pour un dîner en bonne compagnie, pour un dîner d'homme, et je n'ai pas eu raison d'y retourner, vu que je n'y est pas d'intérêt gastronomique. Mais après tout, un restaurant, ça ne sert pas non plus qu'à ça, c'est la qu'on séduit, là qu'on fête, là qu'on oublie. J'ai envie de voir ce qui se passe dans ce monde, j'aime regarder les hommes, les femmes et les étincelles qui s'agitent autour d'eux, ou ne s'agitent pas. C'est une passion comme une autre. « On ne fume pas à l'intérieur, Monsieur. » Le portier attend que je laisse tomber ma cigarette pour me laisser entrer à l'intérieur. C'est inutile, fumer et interdire de fumer. J'entre enfin et je les voit là devant tous les couples, et leurs regards entendus. Je trouve cela amusant, et fascinant aussi, un tel art de la convention pour les dîners galants. Il faut manger mais ne pas en avoir l'air, faire semblant de profiter du moment, même s'il est d'un ennui mortel. Il y a une fille la-bas qui a l'air de vouloir se transformer en homard plutôt que de tenir la conversation avec un séducteur sans cervelle. J'ai un léger rire, léger. Je m'assoies au comptoir, je commande un verre de vin rouge, je ne sais pas si je vais le boire, mais c'est pour justifier ma présence ici. Je ne fais qu'écouter, décrypter toutes ces conversations, percevoir les sentiments qui les animent, quand j'entends Baudelaire comme chuchoter à mon oreille. « Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! » C'est du français, un français presque parfait. C'est la beauté de Baudelaire, qu'on apprécie parfois qu'on déteste d'autres, mais que ce soir je ne peux qu'aimer. Je me retourne.
C'est une fille très jeune, pas la majorité surement. Une cascade de cheveux blonds et un air blasé défiant le monde devant elle. Surement ses parents, enfin apparemment ce n'est pas la joie. Il y a quelque chose d'étrange entre eux, visiblement. De la rancœur peut-être de l'hypocrisie aussi, je ne sais. Je veux savoir maintenant. Ce cher Baudelaire dans les lèvres de cette fille à attiré mon attention. Mon regard a attiré son attention. Peut-être qu'elle va s'imaginer des choses. Et puis les filles s'imaginent toujours des choses de toute façon. N'empêche, moi aussi je m'imagine des choses. Alors je me lève, je vais dans les toilettes. Je me regarde dans le miroir. Non pas pour me refaire une beauté, mais pour voir si je n'ai pas trop l'air d'un fantôme, et pour me demander ce qu'elle a bien pu s'imaginer. Que je la draguais? Que je voulais la tirer de son ennui? Tiens même, pourrait-elle deviner ce que je suis, dans ce simple regard? Je n'espère pas. Qui sait ce qu'elle pourrait s'imaginer encore. Non je ne préfère même plus y penser. Alors je quitte le miroir et reviens dans le couloir. Il me prends subitement de faire résonner les mots que j'ai entendu tout à l'heure, et de revenir au début du poème. « La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d’une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. » Pour entendre et réciter du Baudelaire, j'ai décidément bien fait de sortir de ma poubelle ce soir.
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MessageSujet: Re: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeMar 3 Nov - 22:48

C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> Cassie9


L'homme qui semblait avoir distinctement compris ce qu'elle avait psalmodié, qu'elle avait observé le temps de se rendre qu'elle ne s'était pas faite passer aussi inaperçue que ça, s'est levé trop rapidement pour qu'elle puisse saisir ce qu'il s'était passé. Elle avait juste eut le temps de saisir que son physique s'apparentait plus à celui d'un de ces hommes-adolescents, qui posaient, désinvoltes, pour des publicités et qu'on ne rencontrait qu'une fois dans sa vie. Elle se fit une raison, se replaça correctement sur le dos de la chaise, et avait juste le temps d'attraper sa fourchette qu'il lui fut reproché de faire preuve de distraction.

Elle tenta d'écouter de quoi se rassasiait leur polémique, mais ils semblaient prendre plaisir à chuchoter avec la pleine conscience de celui qui se sait écouté. Elle ferma les yeux, et, le temps de quelques secondes, oublia ses parents, le restaurant. Se concentra sur le murmure des conversations, et, ignorant leur sujet et le vocabulaire utilisé- souvent de bas-étage-, elle se sentit transportée à une autre époque, celles des soirées mondaines, des Lumières, de la galanterie, de l'amour de l'art. Et revint subitement sur Terre grâce à son père, qui lui secoua l'épaule, montrant sa salade à peine entamée d'un index dénonciateur. Soupirante, elle attrapa sa fourchette, ayant la désagréable impression de fixer sa vie. S'attaqua à la salade verte qui était assaisonnée d'une sauce des plus légères comme on remue une haine des plus acides destinée à notre premier petit copain. Porta les tomates à sa bouche comme elle avait eu le bac ; difficilement. Dénoyauta l'olive noire comme elle déshabillait le soir, en rentrant chez elle, avec négligence. Se lassa de ce jeu stupide, finit son entrée-plat normalement, la dégagea en la poussant vers son verre et repartit à l'exploration des quidams.

Le mystérieux jeune homme à la l'oreille poétique ne revenait toujours pas. Catherine ne pouvait s'empêcher de combler sa curiosité en tournant la tête vers l'endroit où il se trouvait quelques minutes plus tôt. Feindre l'adorable en daignant à engager la conversation sur des broutilles avec ses parents? Tuer le temps en observant les autres personnes attablées autour d'eux? Non. Elle excusa un soudain mal de ventre, se leva, et dirigea ses pas vers le couloir adjacent aux toilettes. Une odeur impersonnelle de désodorisant remplaça rapidement les succulents arômes des plats chauds de la pièce centrale du restaurant. Assurée que ses parents allaient trouver un merveilleux sujet de conversation et finiraient rapidement par oublier sa non-présence, elle adossa au mur, dans un des coins les plus sombres du couloir et sortit son téléphone portable afin d'y consulter l'heure. Dix-neuf heures. Elle ferma lentement les yeux et ramena sa tête contre le mur, le cou en évidence, alors que la fenêtre diffusait assez d'air pour la refroidir.. L'effet fut instantané, elle eut l'impression d'être plongée dans un congélateur, sentant la perception de ses sens s'accroitre avec le froid qui semblait être glacial au poids d'atteindre ses veines.

Elle se détacha soudainement du mur, restant dans l'ombre, que le silence emprunté du couloir ne dérangeait pas. De loin, même, en musique, lui parvenait le doux murmure des conversations. Elle se dit qu'ils finiraient tous agglutinés dans l'anonymat et l'ennui d'une vie trop bien rangée, et qu'elle finirait probablement comme eux. « Celle qui ne veut pas mourir te salue. » Voilà ce qu'avait écrit Juliette Nizot dans un livre traduit en anglais « Scarlett si possible », d'une auteur française du nom de Pancol. Elle avait annoté cela à son mari et était partie rejoindre sa meilleure amie dans son avion pour l'Amérique. C'était une autre conception du rêve, de l'accomplissement, mais Catherine considérait qu'il ne fallait leur en vouloir, à ces héroïnes encore aujourd'hui très vraies : l'on traitait là de l'après soixante-huit, de la vie de trois jeunes amies dans un petit village oublié. L'une monte à Paris pour trouver le prince charmant, l'autre rêve d'Amérique et enfin la dernière rêve d'épouser une carrière journalistique. Chute surprenante, fin inattendue. Livre qui valait son prix, tant il était impossible de s'en détacher, le long de ses cinq-cent et quelques pages. Digression, certes, peu inutile, car Catherine en était arrivée à la conclusion qu'elle seule était maintenant maîtresse de son avenir et que si elle voulait quelque chose de consistant, il fallait dès aujourd'hui se retrousser les mains.

Alors, elle relève les yeux et voit que le jeune homme a réapparu, de dos, devant elle. Elle attend, observe sa silhouette sibylline, avec l'étrange impression qu'il avait étudié le moindre détail au millimètre près. Alors il finit par clamer le début du merveilleux poème dont elle avait, tout à l'heure, sélectionné les phrases avec l'automatisme de celui qui ne connaît pas la langue mais récite du par cœur. Ses yeux brillèrent. Sa voix était franchement attirante. Tournant ses yeux sur la lune qu'on voyait à travers la fenêtre, elle continua à son tour, chuchotant afin de ne rien brusquer :

« Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté.
 »


Elle se sourit à elle-même, continuant de regarder le ciel, sans chercher à savoir s'il la regardait, émerveillée par la profondeur de son acrostiche, par cette succession de mots qui vous creusaient l'âme et vous fendaient le cœur. Passant une main dans ses cheveux qu'elle ramena derrière son oreille, jouant distraitement avec les grosses perles d'un bracelet qu'elle venait de trouver dans sa poche, elle parla, d'une voix de femme, assurée, loin derrière celle de la gamine responsable :

« Charles Baudelaire fait vraiment des choses extraordinaires.. Je suis heureuse de constater que certains arrivent toujours à apprécier la beauté de ses écrits. Je m'appelle Catherine. »


Elle s'invectiva, se trouva trop formelle, bien peu « Cath », exagérément sérieuse, ridiculement pédante. Reprit de l'assurance en se disant que les critiques viendraient plus tard. Fit le tour et se trouva face à l'homme, s'asseyant mollement au mur, un léger sourire aux lèvres. Elle était étrange. Soit. L'homme avait toujours le faciès automatique, surfait, exploité à la perfection, il a regardait d'un air indéfinissable. Elle arrivait même à s'avancer : blasé, lascif. Elle sourit, se détendit, croisa son regard.


« Je suis ravie de faire votre connaissance. »


{ et là, c'est bien trop court. je suis désolée de te servir cette horreur, espérant qu'elle t'inspirera et te plaira }


Dernière édition par Catherine S. Williamson le Mer 4 Nov - 17:37, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeMer 4 Nov - 0:26

Tout à fait à mon goût 714136

Je n'avais même pas vu glisser le nuage blond derrière moi alors que Baudelaire volait un instant ma voix, et pourtant je la sens, je sens cette odeur vanillée, douce mais avec un fond plus fort, plus dur, comme quelque chose qui s'affirme et tient sous une tempête de fleurs colorées et profondément niaises. C'est peut-être pour ça que j'ai laissé parler Baudelaire. Ah, on se refait pas, ce coté séducteur, qui sait exactement ce qu'il faut faire pour attirer quelqu'un à lui, je ne m'en détache pas. C'est dommage, parce qu'au fond je n'aime pas vraiment ça, ou plutôt si, mais j'ai l'impression de devenir un sale manipulateur. Je ne le serais pas ce soir avec cette fille. Elle n'ait pas ce genre de fille qu'on prend, sur laquelle on se sert et puis qu'on laisse tomber. Elle a l'air assez intelligente, cultivée, et ça change, croyez-moi. « Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté. » Elle était juste derrière, à vouloir se fondre dans le mur, à vouloir se fondre dans les mots de Baudelaire. Mais je l'ai entendu, ce chuchotement c'était presque un cri, il y avait un cri qui s'est tu dans ses mots. Pas seulement celui du poète, mais aussi le sien, celui de cette jeune fille aux cheveux blonds et à la belle langue, ce cri étouffé qu'on entend à peine. Que crie-t'elle? Pourquoi crie-t'elle? Je n'arrive pas à la savoir. Je n'entends plus rien. Je saurais.
Et puis, je la vis, je rougis, je pâlis à sa vue. Non ç'aurait été trop beau. Et s'il y a déjà Baudelaire, Racine est de trop. J'ai quand même l'air surpris, mais pas au point d'imiter Phèdre. Je la regarde, je la détaille, tout en me rapprochant. Je ne me rends jamais compte que quand j'observe, j'ai un sacré regard pénétrant, je ne la scanne même pas - comme le fond trop souvent mes congénères -, je préfère détailler, passer au peigne fin chaque partie du visage et du corps et comprendre simplement par les apparences. On a beau dire que les apparences sont trompeuses, elles sont l'émanation-même du fond de nous-même, si jamais il y a vraiment un fond et une surface, car nous ne sommes vraiment qu'un bloc, un bloc de pensées qui changent, qui nous fait croire un jour que ce n'est que l'apparence, et que c'est notre vraie nature le lendemain. Foutaises. On ne peut jamais échapper à soi-même, puisqu'on n'est jamais que soi-même. Et ce soi-même n'est jamais fixe. Peut-être que cette fille changera du tout au tout dans un an, un mois ou seulement une semaine, qu'elle n'aura plus cet air absent, et ce parfum de rébellion à l'intérieur. Et moi aussi, peut-être que j'aurais changé d'ici là, peut-être que j'aurais fait quelque chose d'autre de ma vie. Advienne que pourra.
Mon regard la met très légèrement mal à l'aise, ou la gène, ou la dégoute, je ne sais pas. J'arrête d'avoir l'air d'un jeune homme pleins de certitudes et de détermination à mettre toutes les filles dans son lit, même si diantre c'est ce que je suis trop souvent. Alors je souris, et je m'efforce à ce qu'il n'y ait rien derrière ce sourire, parce qu'à force je ne le fais plus exprès, mais j'ai la tête de séducteur qui me colle à la peau. Il y a juste l'intérêt désintéressé pour la discussion avec cette jeune fille. Je peux être civilisé des fois aussi. Parce que c'est fatiguant d'être une bête assoiffée de sang. J'ai encore un cœur quand même! Sauf qu'il ne bat plus, enfin c'est déjà ça. Je n'ai pas encore perdu ma raison, ni l'amour des belles choses. « Charles Baudelaire fait vraiment des choses extraordinaires.. Je suis heureuse de constater que certains arrivent toujours à apprécier la beauté de ses écrits. » J'hausse un sourcil, et j'hausse un sourire. Je me souviens que j'ai un problème avec Baudelaire, pas à cause du fait qu'il était déjà sacrément troublant et troublé de son vivant, mais qu'il me trouble toujours autant. Je n'arrive pas à l'aimer entièrement, il est un peu gonflant desfois et pourtant écrit des choses magnifiques et puissantes, mais je ne peux en faire mon livre de chevet. « Je m'appelle Catherine. » « C'est un très joli prénom. Un doux parfum ancien, je dirais même un parfum de papier ancien. Serait-ce même sa version française? » Je n'ai pas l'air charmeur, enfin je crois, j'ai l'air à peu près gentil, peut-être même un peu enfantin. J'aime bien avoir l'air d'un enfant. Même si je suis vraiment un très grand enfant. Mais ça je n'ai pas envie de le dire. J'ai gardé cette habitude du temps où les vampires, c'était encore des légendes et des craintes le soir dans son lit. Et puis ça casserait tout. Elle se brusquerait, elle aurait surement peur, ce n'est pas ce que je veux. J'aimerais pouvoir discuter, échanger comme des personnes tout à fait normales, sans avoir à penser à un repas, parce que c'est franchement réducteur comme vision.
« Je suis ravie de faire votre connaissance. » « Le plaisir est partagé. » Un temps. Un instant de silence. C'est dans le silence qu'on laisse l'imagination se faufiler dans les failles de la réalité, c'est là qu'on croit, qu'on rêve. Moi je cherche, je cherche à comprendre ce qui se passe chez elle, non pas comme un cobaye, comme un médecin, mais plus comme un écrivain, qui s'interroge avec des rêves et des métaphores sur le monde. « Même si Baudelaire fait de sublimes choses, je suis toujours plus touché par le surréalisme. Eluard, Desnos... Ils savent associer des idées, des rêves, créer de nouvelles choses, de nouveaux mondes, nous transporter dans l'univers des rêves. Ils savent aimer et bouleverser. Desnos est bouleversant. Comme les rêves qu'on ne peut réaliser sont bouleversants. » Et cela fait écho aux rêves que j'ai eu. Aux rêves qui ont été brisés. On a beau croire que dans ma nature, on peut tout faire, tout avoir d'un claquement de doigt, ce n'est pas vrai. Et il y a bien un rêve que j'ai et que je ne puis plus réaliser, c'est un rêve simple pour les hommes, c'est juste celui de voir le soleil se coucher et se fondre dans les étoiles. Même si le propre des rêves et de ne pouvoir pas être réalisés, je prie pour que cette charmante Catherine puisse exaucer les siens, et que les étoiles de là-haut, se tournent vers elle, comme elles semblent ne pas l'avoir encore fait.


j'écris vraiment des choses bizarres à la première personne 40082
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Catherine S. Williamson
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MessageSujet: Re: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeSam 14 Nov - 20:36


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C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> 47dc2

La soudaine audace dont Catherine avait fait preuve en faisant face à l'étrange poète se répandait en elle comme une doucereuse adrénaline. Encore impossible de se sentir intimidée devant la présence inconnue devant elle : ce sourire qui lui adoucissait le visage était le sien, sans aucun doute. Elle devait s'y faire. Aux abords surfaits, l'homme semblait franc et direct, puisqu'il fallait être aveugle pour ne pas percevoir l'intérêt détaché avec lequel il la regardait. Même si leur conversation venait à peine de commencer, Catherine prenait ses marques, balisait ses empreintes de son regard sûr de lui, avec l'aisance quotidienne de ceux qui ont l'habitude de parler prosodie, avec la fébrile excitation de ceux qui expérimentent enfin.
Inexpérimentée.

La véracité de leur conversation était palpable, et ce n'était que dans un temps de lucidité complète que Catherine le sentait, loin de toute la satisfaction qui l'étreignait dès l'instant précédant. Peut-être que cela avait été calculé- personne ne pouvait envisager un prénom aussi atypique, après tout- mais Catherine se rappela qu'il n'avait fait aucune référence à son identité. Elle chassa l'impétueuse curiosité qui la prenait et s'attarda encore sur cette forte mâchoire, sur ces yeux d'un bleu d'encre, sur cette carrure si adolescente et qui, pourtant, semblait avoir vécu cent ans d'âge. Une impression éphémère se dégageait de cet homme, qui semblait prêt à disparaître au moindre manquement, au moindre détour de ses yeux. Elle le fixait.
Silencieuse.

Catherine était surprise de voir la rapidité avec lesquels les mots qui sortaient de la bouche de l'étranger coulaient. Ils avaient une fluidité remarquable et étudiée, poétique, et, avant même de penser au sens de ses paroles, elle en appréciait la scansion. Ce genre d'égarement n'était pas dans ses habitudes, ainsi, quand il termina son analyse sur le surréalisme, elle se reprit, serrant ses mains l'une contre l'autre. La jeune blonde trouva soudain sa position stupide et se redressa lentement, toujours collée au mur. Bien qu'elle soit férue de littérature, il y avait certaines choses qu'il était impossible qu'elle apprécie, et le surréalisme des icônes montantes du vingtième en faisaient partie. Impossible de faiblir ou de vibrer avec ces artistes-là. Elle avait au contraire l'impression que les mêmes choses se répétaient inlassablement. Son regard parcourut les fioritures imaginaires reflétées par la fenêtre, s'imaginant un tableau, des chuchotements, une admiration propre de ces connaisseurs amateurs. Elle se racla légèrement la gorge, tournant complètement les yeux vers Meallán.
Déterminée.

« Sans doute.. Pour tout vous avouer, le surréalisme n'est pas un genre privilégié, puisque j'ai sans doute beaucoup de préjugés à l'égard de ces grandes figures.. »


Elle se perdit dans le jugement objectif de son opinion, se rappelant soudain avec une clarté ahurissante le réalisme de la scène où, au collège, on leur avait fait subir un long soliloque concernant l'argumentation. Elle avait cerné le discours de son enseignante avec une concentration évasive, alors que le murmure des conversations alentours perduraient. Horripilant de frustration. Elle se tourna lentement vers la porte du corridor, à nouveau détournée de lui, murmurant- sans savoir pourquoi- soudain, sachant pertinemment qu'il l'entendait avec la soudaine envie d'arrêter le cours du temps, de parvenir à contempler une expression dans le vif, de capter un sourire, et, moins perceptible, le rire. Arriver à pressentir la part de vérité dans une parole ou dans un regard. Faire preuve de jugement. C'était sans doute ce qui les distinguait des animaux :

« Regardez ces gens.. Ils subissent et la vie finit par les engloutir.. »


Elle sembla frôler la pièce animée de ses doigts, plaçant ses mains devant elle, ainsi, une caresse. Ses yeux guignèrent les rires, les fanfaronnades, les baisers, et les faussetés. Elle eut une sereine pensée pour ses parents, inspira un grand coup, et sa bouche se fendit en un sourire léger, n'osant cependant pas se tourner vers l'homme, attrapant d'une impulsion enfantine une mèche de ses cheveux entre ses mains, l'entortillant entre ses doigts alors qu'une douce odeur fleurie envahissait ses narines. Se rétractant légèrement à cause de la violente intensité de l'odeur, elle s'arracha à son mur, alors que, non loin d'elle, il exaltait de la présence de l'inspiré.
Étrangement philosophe.

« ..Nul d'entre eux n'a jamais voulu effleurer l'exactitude de l'âme, ou, peut-être, certains s'y sont cherchés, sans succès. »


Son sourire devint amer, ses yeux perdirent légèrement de leur bleu rêveur et elle se tourna lentement vers Meallán, presque sérieuse, appliquée et assidue dans l'affectation de l'existence. Car finalement, il n'y avait que les fous, de toute évidence, qui avaient l'honneur et le plaisir d'en tracer les traits et les contours, dans l'aisance de leur aberration. C'était une tâche bien difficile que de mettre des mots sur son ressenti actuel ; arriver à définir comme elle considérait ces inconnus? Impossible. L'adolescent semblait cependant à même de percevoir ce qu'elle disait, il fallait maintenant qu'elle tente de savoir si son interprétation serait la bonne. En attendant, Catherine restait silencieuse, n'osant pas rompre la légèreté de l'instant avec un abrupt questionnement sur sa vision des choses.
Timide.

« C'est finalement une des choses les plus palpitantes de la vie. »


Catherine se demandait si elle avait besoin de s'expliquer. Peut-être qu'il trouvait le subit changement de conversation entre ses lectures favorites et sa vision de la vie incongru? Déplacé? Incohérent? Et pourquoi, maintenant qu'elle était parfaitement lancée et prête à se jeter dans les pans des réflexions de son esprit? Elle se mordilla discrètement la lèvre, victime de sa vitesse et de son impatience. Surtout, incapable de s'arrêter, de dire stop au flux d'idées qui la traversait, parce que le temps les démangeait tous, pauvres humains, qui ne réalisent que trop tard l'échec.
Insatisfaite.

« Et, parfois, certains arrivent à rêver de par des artifices divers. Mais est-ce que quelqu'un connaîtrait vraiment la limite entre la réalité et le rêve? »


Les vampires étaient condamnés à une réalité obtuse, les humains à une banalité sans fond et les lycans.. Peu importait les concernant, mais maintenant que les vampires faisaient partie intégrante de la société. Alors que son portable vibrait au coin de sa poche, et qu'elle sursauta subitement, plaquant une main contre sa poche, elle ignorait si l'adulte-adolescent était toujours présent. Peut-être s'était-il aussi laissé entraîné dans des rêveries, et des pensées qui n'avaient pas de nom..
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MessageSujet: Re: C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán>   C'est qu'elles veulent réussir. <pivi Meallán> I_icon_minitimeVen 27 Nov - 23:25

je sais pas ce qui m'a pris d'écrire des kilomètres v.v"

Elle a quelque chose d'intrigant cette fille. Plus je la regarde, plus j'essaie de voir à travers ses yeux, à travers ses cheveux blonds, à travers son air blasé. Mais je n'arrive pas à percer le mystère de ce qui s'y cache. Avant je savais, je croyais connaître les gens d'un seul regard, mais ce n'est que vanité, ce n'est qu'illusion. On ne connait jamais personne. Je n'ai jamais connu personne. Je ne la connaitrais surement jamais. Déçu de ne pouvoir percer le voile de ses yeux, j'abandonnerais surement et passerait une fois de plus mon chemin. Mais je suis même las d'être lassé, trop vite lassé. Alors je vais m'acharner, c'est décider, arrêter de fuir. Je vais rester là, et à force des regards et des mots j'espère comprendre, savoir ce qui se passe, qui elle est au delà même de ces regards et de ces mots. Enfin, ça paraitrait vite indécent, déplacé de l'approcher de cette manière, alors que je ne la connaissait pas dix minutes plus tôt. Elle va encore s'imaginer des choses. Et puis qu'est-ce que je m'imagine pouvoir découvrir? Que pourrait-je savoir par simplement quelques gestes, quelques mots? En se basant sur une soi-disante connaissance générique de l'être humain. Non, je ne dois appliquer aucune norme, ne l'assimiler à aucun schéma. Elle est unique assurément. On pourrait me dire qu'avec mes années, mes siècles, je saurais reconnaître différents types de personnes et les classer au premier coup d'œil. Mais la chose que j'ai appris, c'est que jamais deux personnes ne peuvent être les même, il y a des ressemblances peut-être, mais elles-mêmes déjà différentes, si elles ne sont pas complètes, alors il serait folie d'assimiler des groupes entiers de personnes sur ces ressemblances. C'est à la fois fascinant cette diversité du monde, mais aussi vertigineux, surtout quand on a comme destin de la côtoyer éternellement.
Alors que je dissertais sur les incroyables diversités des gens, en me rapprochant dangereusement du discours de catéchisme d'un curé, Catherine est ailleurs, ou plutôt elle est vraiment là et c'est moi qui suit dans l'ailleurs qui n'est pas là. Il faudrait que j'arrête de me perdre dans mes pensées, dans les méandres incertaines des pensées. « Sans doute.. Pour tout vous avouer, le surréalisme n'est pas un genre privilégié, puisque j'ai sans doute beaucoup de préjugés à l'égard de ces grandes figures.. » J'ai entendu, mais trop tard. Ce n'était que l'écho des mots qui résonnaient déjà trop loin. J'aurais aimé répondre quelque chose, mais je ne suis déjà plus là qu'à écouter le bruit que font ses mots quand ils disparaissent. Et puis, de toute façon, je ne veux pas l'influencer, ni partir dans un débat de jugements de valeurs sur la littérature. La littérature, ça doit se gouter, s'essayer, se recracher parfois, puis plus tard se gouter à nouveau et s'apprécier. Elle y viendra peut-être un jour. L'avenir le dira. Ou non il ne dira rien, car l'avenir est muet. Le passé n'est pas tellement plus bavard, comme il reste souvent bien trouble. Voilà que je repars dans des élucubrations peut-être philosophiques, ou juste dans du vent. Je chasse toutes ces interrogations vaines de mes pensées et regarde le regard de Catherine envolé vers le fond du couloir d'où l'on voit la salle du restaurant. « Regardez ces gens.. Ils subissent et la vie finit par les engloutir.. » J'acquiesce sans dire mot. Elle semble éteinte. Elle semble dire des paroles de très loin, de l'au-delà peut-être. De même j'ai l'air sans vie. Je ne bouge plus et m'efforce de ne plus penser, avec ces paupières lourdement retombées sur les yeux, comme à deux doigts de sombrer dans le sommeil.
Je ne veux pas parler et briser son moment à elle, ce moment ou ses doigts tout au bout de son regard effleurent les visages, les regards, les paroles que les gens s'échangent. Tous ces regards sont faux, elle le comprend, elle sait qu'il y a quelque chose dessous, quelque chose auquel son regard ni ses doigts ne peuvent accéder. Et alors je me rends compte que ce n'est pas eux que je regarde, c'est la façon dont ses doigts vagabondent des uns aux autres, ils me guident entre les lignes, entre les faussetés de ces gens, tâtant, imaginant ce qu'il y a sous ces visages de porcelaine bien soignés. « ..Nul d'entre eux n'a jamais voulu effleurer l'exactitude de l'âme, ou, peut-être, certains s'y sont cherchés, sans succès. » Je me retourne vers elle. Elle à toujours l'air si absent. Son regard est parti loin et vogue quelque part dans la salle, ou peut-être qu'il est doucement revenu danser sur ses pensées. Elle revient au monde, au corridor où je me tiens juste en face d'elle. Ce petit endroit qui n'existe pas, qui n'existe que pour en relier deux autres et donc n'a pas lieu qu'on s'y attarde. Mais nous avons décidé de nous y arrêter, d'être là où il ne faut pas, pour parler de choses qu'il ne faut pas. C'est que nous devons être un peu différents de tous ces gens qui sont assis convenablement dans la salle à faire semblant de manger et d'être heureux. Et assurément nous le sommes. Mais ce serait folie et prétention de se croire au dessus de la masse. Je ne me considère au dessus de rien ni de personne. Il ne devrait même pas y avoir d'idée de supériorité et d'infériorité, cela n'a pas lieu d'être dans ce que nous sommes.
« C'est finalement une des choses les plus palpitantes de la vie. » Elle vole toujours dans ses pensées, et j'essaye de voler au gré des siennes. Mais les miennes reviennent au galop, et je ne peux m'empêcher de lui exposer ma vision. « Ce n'est pas parce qu'ils semblent n'avoir jamais pris conscience de la chance qu'ils ont d'être en vie et de pouvoir faire ce qu'ils font ou sur ce qu'ils sont en vérité, qu'ils sont insignifiants. Nous ne pouvons pas savoir. Peut-être ont-ils cherché un jour. Peut-être en ont-ils pris conscience. Puis ils l'ont oublié, pour ne plus y penser. Pas pour paraître heureux, sans penser à cela, car ils sont surement véritablement heureux de ne pas se poser toutes ces questions. Peut-être aussi qu'ils ne se sont jamais posé ses questions. » Je laisse un silence, je la regarde. J'essaie de détailler toutes les nuances de couleur qu'il y a dans ses yeux, chaque point de son iris. Mais cela ne m'apprend rien fondamentalement sur elle, si ce n'est que ses parents ont peut-être les yeux bleus. Ainsi, ont peut regarder les souvent appelées les fenêtres de l'âme, avec toute l'acuité visuelle possible, on n'en saura jamais plus sur ce qui est tout au fond. « On ne sait jamais ce qui se passe à l'intérieur d'une personne. C'est un mystère. C'est le néant dans lequel on ne peut rien voir. Je ne peux pas savoir ce que vous penser ni qui vous êtes, et vous ne pouvez savoir ce que je suis ni ce que je pense, simplement en me regardant. Cette barrière personne d'autre que nous-même ne peut la franchir. Et c'est là que nous sommes libres, totalement libres d'être et d'agir. Ainsi, j'essaye de ne juger personne. Pas même ces gens. Même s'ils me sont plutôt repoussants. » Je tourne un dernier regard vers la salle. Las. « Ils sont faux. Ils jouent un jeu, font semblant d'être heureux. Ils n'existent pas ces gens-là, ils sont inventés. Ils ne savent pas l'or qu'ils ont dans leur tête. Ils ne savent pas qu'ils peuvent être tout et n'importe quoi. Et surtout ils ne savent pas qu'ils sont libres et qu'ils peuvent l'être. » J'ai une vision tellement négative du monde. J'ai baissé les yeux, comme abattu moi-même par ce que je viens de dire. C'est sorti, ça à filé, pas que je ne voulais pas le dire, mais je m'étonne. Et je me déprime aussi.
J'ai le regard assez triste quand je relève les yeux vers elle. Cela pourrait la surprendre et l'étonner aussi. Je ne sais moi-même pas vraiment pourquoi ça me met dans cet état-là, de philosopher, de parler de liberté. N'ai-je finalement jamais été libre moi-même? Puis-je vraiment être moi-même? Puis-je vraiment être libre? Toutes les questions les plus courantes que l'ont devrait se poser et auxquelles les réponses sont trop diverses pour être satisfaisantes. Je décide de les repousser, pour plus tard, une fois de plus. « Et, parfois, certains arrivent à rêver de par des artifices divers. Mais est-ce que quelqu'un connaîtrait vraiment la limite entre la réalité et le rêve? » Mes pensées sont encore un peu négatives, mais je vais m'efforcer de lui répondre, de reprendre la si délicieuse discussion que je partage avec cette jeune fille. « Le rêve et la réalité... pourquoi les séparer? Ils influent l'un sur l'autre. La réalité crée nos rêves, nos désirs par frustration ou par envie. Nos rêves nous poussent à avancer dans notre réalité. Et puis au fond, la réalité, n'est-ce pas même qu'un ensemble de rêves qui s'emboitent les uns avec les autres et qu'on essayent de réaliser? Et ensuite, avec ces rêves que nous faisons, nous nous rencontrons, nous confrontons nos rêves. Ce qu'on appelle la réalité commune à tout le monde, ne serait-ce pas que l'enchevêtrement de tous ces rêves? » Je suis encore parti trop loin. « Le rêve c'est ce qui leur permet à eux de s'évader, d'aller ailleurs, de se rencontrer ailleurs, ou de rester seul ailleurs. »
Je laisse flotter les mots. J'aime le silence où résonnent des mots, pas seulement sur les murs et dans l'air, mais dans l'esprit, qui les réfléchira bientôt pour en faire autre chose. « Et vous, à quoi rêvez-vous? » La question peut sembler bête, mais on ne peut y échapper dans une telle discussion. Cela pourrait paraitre déplacé, mais c'est seulement parce que je m'intéresse à elle, à ce qu'elle est. J'attends. J'attends alors que s'effacent les sons dans le silence, pour qu'ils se réfléchissent sur le miroir qu'est l'esprit. Quelque chose perturbe le silence. Mon ouïe ne laisse rien passer, pas même cette légère et discrète vibration. Elle, semble n'avoir rien entendu, peut-être a t'elle senti, mais n'a t'elle pas fait attention ou ne veut pas y faire attention. « Votre téléphone, je crois. » Je n'ai même pas la voix qui reproche qu'on interrompe une conversation, non c'est seulement celle qui ramène à la réalité, qui nous dit que les rêves ne sont que des rêves, et qu'ils ne sont pas encore entrés dans la réalité.
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