Samaël Winter Arnbjörn || UC

« Samaël Winter Arnbjörn, c’est bien ça? » La pièce était vaste, éclairée par un large néon. Le dénommé Samaël était installé sur un fauteuil, en face du vieil homme, et seul un banal bureau de bois les séparait. « Oui, Samaël, bras gauche du Tout-Puissant, nom angélique du Diable… » Le jeune Samaël restait parfaitement immobile, ne laissant guère d’émotion dans son regard. « Dis-moi, Samaël –ou Winter si tu préfère- quel âge as-tu ? » Le jeu des questions-réponses continuait, inlassablement, au grand damne du jeune homme qui ne souhaitait qu’une chose ; partir. « J’ai 28 ans, et je suis né le premier Janvier 1982, avant que vous ne le me demandiez… » Ce petit jeu n’en était arrivé qu’à sa moitié, et déjà Samaël se mettait à répondre à des questions qui n’étaient pas arrivés. « Je suis né à Londres, en Angleterre, et je ne connais personne de ma famille qui soit né ailleurs qu’en Angleterre. » L’homme face à lui le contemplait, silencieux, écoutant les paroles du jeune homme. Est-ce fini ? Non, pas totalement, puisque l’homme pose une dernière question. « Je suppose que vous travaillez, n’est-ce-pas ? Où travaillez-vous ? » Samaël sourit légèrement, dévoilant enfin un ersatz de sentiment. « Je travaille pour le FBI, et, même s’il ne s’agit pas d’un véritable métier, je suis membre actif de Fellowship of the Sun. » « Et, avant de terminer notre charmante réunion, j’ai une dernière chose à ajouter. Je suis un homme extraordinaire, au sens propre du terme. Je possède en effet la capacité de me transformer en n’importe quel animal, de prendre l’apparence de n’importe quel humain. Je suis un métamorphe. »

NOW
2010

Une cage, tout juste grande pour une personne de taille normale, illuminée à la lueur d'une ampoule. Et tout le reste de la pièce est dans l'ombre, masquée dans les ténèbres de l'Humanité. Des bruits se font entendre, des pas, une chaise qui traine. Dans la cage se trouve un homme. Il tente de sortir de la cage en séparant les baraux, et une odeur de brûlé se fait presque aussitôt sentir.

Samaël – N’essaie pas de sortir, tu risquerai de t’y brûler les doigts…
Inconnu – Mais bon sang, qui es-tu ? Et que me veux-tu ?
Samaël – Qui je suis ne t’intéresse pas. Et quant à ce que je te veux… Et bien, imagine-toi que dans quelques heures, tu sera comme un porc dans un four.
Inconnu – Fellowship of the Sun ?
Samaël – Il semblerait que tu sois plus futé qu’il n’y paraît. Mais avant, je vais te raconter une histoire…

CHAPITRE 1
Décembre 1992

Télévision – Deux corps sans vie viennent d’être retrouvés aujourd’hui tôt dans la matinée, près du centre-ville de Londres. D’après les enquêteurs, il s’agirait d’un couple, Mary et Alan Arnbjörn, natifs de la ville. Toujours d’après les enquêteurs en charge de l’affaire, les deux victimes auraient été totalement vidées de leur sang. S’agirait-il d’une nouvelle sorte de trafic, impliquant non plus les organes, mais le sang ? Nous en saurons plus au fur et à mesure de l’enquête.

Un bruit de verre se fit entendre dans le salon, alors que le jeune Samaël venait de se coucher, se préparant à visiter le pays de Morphée. Les journalistes n’avaient pas bien mit longtemps avant de s’emparer de l’affaire, en faisant de cette dernière la une de leur journal télévisé. Rapidement, la femme présente au rez-de-chaussée, sa sœur, éteignit le poste, les larmes aux yeux. Ses parents étaient morts, et elle ne l’apprenait que maintenant, via les journaux télévisés. Les forces de police ? Ils préféraient avoir plus de détails sur l’histoire avant d’en avertir la famille, qu’ils avaient dit. Mais une telle affaire aurait pu prendre plusieurs mois avant que les premiers détails valides n’apparaissent. Alors qu’elle se retournait, la silhouette du garçon fit son apparition sur les escaliers, le regard figé sur l’écran de télévision. Avait-il vu, ou entendu, ce qui venait de passer à l’écran ? Nul ne le sait, tant le jeune garçon restait impassible, le regard ne dégageant pas une once d’émotion…

…

Agent – Miss Arnbjôrn. Nous sommes désolés, mais nous ne pouvez pas voir le corps de vos parents pour le moment.
Asmodée – Et pourquoi cela ?
Agent – Il s’agit d’une enquête criminelle. Et, de vous à moi, il vaut mieux que vous gardiez des images de vos parents lorsqu’ils étaient en vie.
Asmodée – Vous n’avez absolument pas à me dire ce qui est mieux. Je veux voir mes parents.
Agent – Je suis navré, c’est impossible…
Asmodée – Vous savez quoi ? Allez vous faire… Viens Sam’, on y va.

Et ils repartirent du bureau de police, sans avoir eu ce qu’ils souhaitaient.

NOW
2010

Samaël – Tu vois, je l’ignorais, à l’époque… Mais avec cette affaire, je voyais pour la première fois l’œuvre de sangsues, de tes frères, comme vous aimez vous appeler entre vous. Mais il m’a fallu de nombreuses années pour comprendre que j’avais affaire à… ça. J’avais même fini par passer à autre chose, par abandonner ma recherche du responsable, qui était toujours en fuite. J’étais parti à New York, la Grosse Pomme. Une ville très jolie.

Samaël reste désespérément dans l’ombre, laissant le vampire seul au milieu des éclats. Qu’importe s’il est dans l’ombre, il sait que le vampire est capable de voir chaque trait de son visage, chaque courbe que forment ses yeux, son nez, ses lèvres… Mais il ne reste plus que quelques heures avant que cette sangsue ne se transforme en cochon grillé, et l’histoire racontée par Sam est loin, très loin d’être fini… Alors, sans même se soucier de savoir si on interlocuteur l’écoute, le jeune homme reprend de plus belle, racontant son entrée au FBI, alors qu’il n’avait que 22 ans, et qu’il n’était flic que depuis deux ans.

CHAPITRE 2
Février 2002

La journée touchait à sa fin, et Samaël venait de rentrer dans le bâtiment principal du New York Police Department. Lentement, mais d’un pas assuré, il se dirigeait vers la salle des casiers, pour y poser son matériel de service, et récupérer ses effets personnels. Quelques « Salut » en passant devant des collègues, quelques poignes de mains, et quelques minutes plus tard, le voilà dans cette fameuse pièce. De ce pas toujours aussi lent, il se dirige vers son casier, pose la clé dans le cadenas, et ouvre la porte. Tandis qu’il jette un œil au photos et divers objets accrochés sur la porte, Sam ne peut s’empêcher d’exécuter le signe de la croix en apercevant le collier.

Flic – Toujours aussi croyant vieux ?
Samaël – Toujours. Et si cela te dérange, tu peux te trouver un autre coéquipier.
Flic – Tant que tu te mets pas à prier en pleine fusillade, je t’accepte avec moi.
Samaël – TU m’accepte ? Ce ne serait pas plutôt l’inverse ?

Les dialogues habituels entre les deux coéquipiers furent stoppés par le directeur du service, qui s’annonce à la porte avant de demander Samaël dans son bureau, dès que possible. Dès que possible voulant bien souvent dire immédiatement. Rapidement, il met le collier à son cou, range son arme et sa plaque, et quitte le vestiaire, rejoignant directement le bureau du patron.

Et le patron n’est visiblement pas seul, un autre homme, propre sur lui, et l’air horriblement sérieux. Qui il est ? Sam ne le sait guère, mais ce ne doit guère être une bonne nouvelle pour le flic. Tandis que Sam s’assoit, le directeur prend enfin la parole, lui expliquant de quoi il en retourne.

Directeur – Comme tu le sais, tu es l’un des meilleurs de ce poste, si ce n’est le meilleur. Et il semblerait que je ne sois pas le seul à l’avoir remarqué. Mais je pense que notre ami ici-présent t’expliquera cela mieux que moi.
FBI – Monsieur Arjbörn…
Samaël – Arnbjörn.
FBI – Désolé. Hum, comme votre directeur vous le disait, vous êtes l’un des meilleurs éléments de la police de New York. Discret, rapide, efficace, des qualités que d’autres agences, de bien plus grande envergure, recherchent. Je ne vais pas y aller par quatre chemins ; vous avez un ticket d’entrée pour le FBI, et vous pouvez l’utiliser maintenant.

Le silence, le silence régnait après cette annonce pour le moins surprenante. Tandis que d’autres passaient leur vie entière au sein de la police, sans voir ne serait-ce que le bout d’une telle offre, il n’aura suffit à Samaël que de deux petites années pour se voir offrir cette opportunité unique, et qu’il ne reverra sûrement jamais. Après un bref regard en direction de son directeur, et sans aucune hésitation, Samaël tend la main vers l’agent du FBI en acceptant son offre…

CHAPITRE 3
Juin 2007

Samaël – Merde ! Saloperies de sangsues ! Ici l’Agent Winter, demande renforts vers le cinéma Keaton, agent à terre, présence de vampires !

Samaël était seul homme debout, tandis que sa partenaire se vidait, lentement mais sûrement, de son sang à quelques mètres de là. Lui n’avait aucune chance d’arriver jusqu’à elle sans se faire attraper. Mais qu’attendaient-ils ? Il ne le savait guère, et ne souhaitait pas vraiment le savoir. Il jetait un nouveau regard en direction de sa coéquipière, qui ne bougeait plus, et qui ne répondait pas aux appels de Winter. Etait-elle toujours en vie ? Oui, il l’espérait. Alors qu’il restait immobile, son appareil grésilla, signe que quelqu’un tentait d’entrer en contact avec lui.

Samaël –Ici l’agent Winter.
Agent – Agent Winter, nous sommes à deux minutes de votre position. Etat des lieux ?
Samaël – Un Agent à terre, présence de plusieurs hostiles, je dirais 2. Les hostiles sont des vampires.
Agent – Pouvez-vous vous battre en retraite ?
Samaël – Pas sans ma coéquipière.
Agent – Pensez à votre peau. Si vous pouvez vous retirer, faites-le, nous sommes bientôt là, et nous n’avons pas envie de récupérer deux corps.

La raison l’emportera finalement, et Samaël quittera les lieux, laissant sa coéquipière pour morte, dans l’espoir qu’elle soit récupérée, en vie, par les renforts…
Étrangement, les hostiles le laissèrent partir sans intervenir. N’en voulaient-ils qu’à la coéquipière ? Rien n’est sûr, mais ils allaient devoir payer pour cela, et Sam s’en chargerait lui-même…

Ten Days Later..

Steve N. – Bonjour, et bienvenue à Fellowship of the Sun ! Que puis-je pour vous?
Samaël – Dieu cherche ses enfants pour affronter le fruit du Démon ? Je suis là.

Et c’est ainsi que Samaël entra dans l’enceinte de Fellowship of the Sun…

NOW
2010

Samaël – Tu vois, ce qui est drôle avec vous, c’est que, finalement, c’est vous qui allez causer votre propre mort. Oui, vous-mêmes.
Vampire – Explique-toi…
Samaël – Il y a trois ans, des vampires ont attaqué deux agents du FBI, près d’un cinéma. J’étais l’un d’eux, et j’ai du abandonner mon partenaire, entre les griffes de sangsues… Après de nombreuses, j’ai finalement apprit que tu étais l’un d’eux…

A en croire les bruits, Sam se lève enfin, et commence à faire les cent pas. Il appuie alors sur un bout, éclairant la totalité de la pièce, et dévoilant ainsi son visage. Visage que le vampire semble aussitôt reconnaître.

Samaël – Tu vois, c’est parce que tu m’a laissé partir, que tu va mourir… Il ne reste plus que trois minutes. Sur ce, je dois te laisser, j’ai des rideaux à ouvrir.

Sans un seul mot de plus, Samaël quitte la pièce, laissant le vampire à son triste sort tandis que ce dernier lui supplie de le laisser en vie. Mais il n’y aura aucune pitié, pour celui-ci comme pour les autres. La chasse est officiellement lancée, alors que les volets s’ouvrent, laissant passer les rayons du soleil…

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