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 « L'éternité c'est long. Surtout sur la fin »___J A S P E R

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Jasper D. Osborne
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Jasper D. Osborne


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les Papiers d'Identité
« Vos papiers s'il vous plaît. Simple contrôle de routine avant de prendre la mer! »


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      P R E N O M S
      Jasper Duncan

      N O M
      Osborne

      Â G E
      Âge réel : 286 ans | Âge d'apparence : 24 ans.

      D A T E & L I E U
      Né le 8 Novembre 1723, à Versailles.

      R A C E
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      M E T I E R
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Où tout a commencé

1723 à 1751 – Douces douleurs de la vie

Paris, France
8 Août 1728

Sir Jean de Castellet. J’eus l’audace d’oublier son patronyme ; ou l’audace de prétendre l’avoir oublié. Il faut dire que regarder se dessiner, sous mes yeux, sur mon territoire, l’arrogance du sud n’avait pas été chose aisée à assimiler. J’avais toujours haï ce genre de personne qui ne respectait pas les frontières de ma volonté ; et celui-ci les renversait avec une brutalité que je ne saurais tolérer.
Il referma derrière lui les lourdes portes en bois de chêne et se retourna vers moi. La lueur vorace se ralluma dans ses yeux gris, guettés par la cataracte et se braquèrent sur ma silhouette. Il la dévorait, de toute la férocité de son imaginaire ; préliminaires d’une suite bien plus crue. Il avança de quelques pas, sûr de lui.

_ Hâtez-vous à votre retour, Sir de Castellet. Je ne saurais vous donner meilleur conseil.

Il s’immobilisa, à mi-chemin. Son gros nez se fronçait et sa figure fissurée par les rides se contracta, lui donnant un air plus repoussant encore. Chose que je pensais impossible.

_ Je ne m’attendais pas à tel affront, gente dame. J’en suis passablement navré …
_ Navrez-vous en silence, dans ce cas

L’amusement qui faisait jusqu’alors tressauter les notes de ma voix se muèrent en une froide colère qu’il ne put ignorer. Mon regard se porta sur la gauche. La petite porte s’ouvrit, poussée par une des servantes qui s’effaça pour laisser passer Louis. Chacune des vues que je portais sur lui m’emplissait d’une émotion particulière que je n’aurais su identifier ; entre l’admiration et l’effarement. L’admiration pour ce que le duc en avait fait ; un effarement face au désarroi que sa vie m’inspirait. Il était voué aux plus grandes peines, je le sentais.
Il quitta la servante, lui adressant un simple regard froid et s’approcha de moi, en faisant claquer ses hauts talons carrés. Les collants blancs affinaient ses muscles juvéniles ; son bustier noir mettait en valeur la couleur pâle de ses yeux ; ils m’avaient toujours fait tressaillir. Il s’arrêta au devant de moi, s’inclinant en une révérence parfaite.

_ Mère, fit-il
_ Louis, auriez-vous l’obligeance d’écarter cette saleté, lui demandai-je, le sourire aux lèvres, en indiquant Jean de Castellet.

Louis esquissa un sourire ; je devinai l’explosion d’extase qui se dessina dans son esprit. Me quittant du regard, il se tourna vers l'intrus. Le regard de l'enfant vrilla celui de sa victime ; l'air sembla se cristalliser. La minute suivante, penaud, Sir Jean de Castellet quittait les lieux, le bruit de son égo meurtri claquant au rythme de ses pas. Je me retournai vers Louis. Cinq ans et déjà si prometteur.

__________

Paris, France
13, Août 1728


La clarté du myosotis resserrait son étreinte. La lueur malsaine déploya ses puissantes lianes et enveloppa la diaphanéité qui peignait mes propres rétines. Plus un membre ne répondait. Je sentis bien palpiter, partout en mon être, quelque résistance mais l’ombre de père me recouvrait ; son esprit, plongé dans le mien, me maintenait sans vie. Seuls mes yeux et ma peur pouvaient encore réagir. Je lus en lui, le temps d’une fraction de seconde, la noirceur de sa haine envers moi ; la honte face aux entrailles qu’il parcourait en moi et les funestes brumes qu’il devinait. Il me haïssait.
Le geste partit avant même que je ne le sentis. La main, chauffée par la colère, et solide comme le marbre du salon, s’abattit, en une frappe transversale, sur ma joue et balaya ma tête d’un revers inexorable. Je basculais, inerte, sur le sol, manquant frapper violemment le sol de la tête.

_ Plus jamais, Louis, s’enquit de conclure la voix froide et mécanique de mon père ; Selhan de Sanctis.

Ma liberté m’avait été rendue. En même temps que mes douleurs ; l’emprise de mon père avait broyé mes os et lacéré les entrailles, jusqu’à faire saigner l’intérieur et l’extérieur de mon métabolisme. J’amenai instinctivement ma main à la commissure de mes lèvres et découvris la tiédeur d’un liquide qui coulait de ma bouche vers la base de mon menton. Du sang …
Je l’essuyai, doucement, de l’index en regardant d’un œil noir la silhouette de mon père quitter le salon encore plongé dans la clandestine pénombre. Il poussa la porte, laissant un fin liseré de lumière s’inviter dans la pièce de torture. Selhan de Sanctis sourit au Duc d’Orléans, qui l’accueillait déjà avec convivialité. « Je suis la garantie de notre clandestinité. Les travers de notre famille doivent rester secrets ; je m’évertue à les protéger, en côtoyant cet incapable de Duc d’Orléans. J’aurais encore moins de scrupules à vous éliminer que le Duc ; tâchez donc de vous en souvenir ». Je n’en doutais pas, la menace m’enserrait déjà la poitrine.
Je me relevai. Louis de Sanctis. Je devais replacer ce masque sur mon visage avant de franchir de nouveau le seuil de cette porte ; m’évertuer, à mon tour, de me comporter en sujet de sa majesté ; noble parmi les nobles. Pour le bien de tous.
__________

1751 à 1760 – A l’ombre des lumières

Berlin, Deutschland
3 Novembre 1746

Paul, ton premier ermite,
Dans ton sein qu'il habite,
Exhala ses cent ans.
Je suis prêt; frappe, immole.
Et qu'enfin je m'envole
Au séjour des vivants.


Une timide clameur accueillit la fin des vers. Mon regard s’aventura jusqu’au sourire de l’auteur et lecteur, dont le nom m’échappait, faute de concentration. Cette fuyarde n’avait su se focaliser, comme elle l’aurait dû, sur le point final de ce dîner collectif. Ma naïve excitation restait vers la seule personne qui m’avait intéressée : François-Marie Arouet. Figure emblématique de ceux que, déjà, les français appelaient les « Lumières ».
Tous se levèrent, brisant le cercle formé autour de la table de bois et s’approchèrent du récent lecteur pour le féliciter. Je suivis le mouvement, aspiré par les exhalations de fierté qui émanaient du félicité et tentai de me rapprocher de François-Marie, un peu à l’écart. Il se frayait doucement un chemin vers la porte restée entrouverte, donnant sur la sombre rue de derrière. Je n’aurais jamais pensé qu’il essaierait de filer à l’anglaise, lui, éternel français dans l’âme.
Je sortis discrètement, à sa suite et sentis la froideur de Novembre assécher immédiatement la peau de mon visage. Je portai mon regard à gauche ; il était déjà loin mais immobile. Dos tourné. La tête penchée. Je fronçai les sourcils, intrigué.

_ Il n’est pas très recommandé à un Initié d’espionner son Mentor, désolé de vous l’apprendre Louis.

Il se retourna, doucement, et me dévoila un sourire amusé, que la lueur lunaire rendait quelque peu mystérieux et effrayant. Je notai le ton amusé, plus que contrarié.

_ Je m’étonnai simplement de voir la figure de cette soirée s’éclipser ainsi
_ Etonnement somme toute logique. Mais il vous faudra faire montre de retenue, à l’avenir

Je retins le conseil. Il revint vers moi et vint me faire face comme lors de notre premier face à face, au palais de Frédérique II, un peu plus tôt dans la semaine. La couleur de ses yeux semblait s’être rembrunie, d’après mes souvenirs. Une réflexion mentale me revint en mémoire, concernant la transparence incroyable de ses rétines. Cette nouvelle couleur contrastait avec la pâleur incrédule de sa peau, plus flagrante encore sous le reflet de la lune. Il esquissa un sourire.
__________


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Berlin, Deutschland
18 Décembre 1751


« La tanière »
Un nom qui avait dès son annonce interloqué ma curiosité. Un drôle de nom pour le lieu de prédilection des figures philosophiques de Berlin. L’antre de Voltaire. Le lieu où l’on avait le plus de chance de le trouver en journée, oiseau de nuit qu’il était. Je me présentai à la porte noire, dans l’étroite ruelle qui dessinait un parallélisme parfait avec la muraille gauche du bâtiment. Je frappai deux coups ; un volet de dix centimètres carré de surface s’ouvrit, révélant un unique œil. « Sinistre profession de foi ». Le volet se referma ; le vigile ouvrit la porte. Sans une parole, sans un regard. Sans un sourire, je m’engageai dans l’étroit couloir, très mal éclairé d’où me parvenaient des bribes de paroles. Le clac de la porte du vigile accompagna mon entrée dans l’immense salon, baigné d’une lumière dorée qui se reflétait sur les dorures et le marbre de la décoration qui n’avaient rien à envier au palais du roi.

_ Louis !

Je tournai la tête vers la gauche. François-Marie alias Voltaire venait de se lever de son confortable fauteuil pourpre pour m’accueillir très chaleureusement. Il me serra contre lui, avant que je ne comprenne ce qui m’arrivait. A son « Très heureux de t’accueillir parmi nous », je compris subitement que ce qu’il avait sous-entendu par « ambiance très particulière » n’était pas à la hauteur de ce que j’attendais. Un peu partout dans la salle étaient disposés des fauteuils semblables à celui de Voltaire. Baignés de la lueur des torches accrochées aux murs, ils supportaient les silhouettes de certains Philosophes Berlinois dont j’avais vaguement entendu parler, entourés d’autres personnes. Généralement, cinq ou six autour de chacun d’entre eux, les regardant avec une lueur de vénération extrême dans le regard qui me faisait froid dans le dos. Personne ne sembla remarquer plus d’une fraction de seconde mon arrivée en ce lieu. J’eus envie de confier à Voltaire mon sentiment sur cette « ambiance si particulière » mais les mots me manquaient. Aussi m’entraîna-t-il vers l’autre rive de la salle et me fit traverser un rideau rouge, qui séparait cette grande salle d’une plus petite. Plus sombre et froide. Plus agitée. J’avançais, instinctivement, jusqu’au centre.
Clac !
La symphonie frénétique de mon cœur entama les premières notes de sa partition, au moment où je me retournai subitement vers Voltaire, qui était resté dans mon dos. Le rideau rouge dissimulait une porte en bois, jusqu’alors ouverte. Il venait brusquement de la refermer, esquissant un sourire malsain qui me faisait de plus en plus douter de ses réelles intentions en m’invitant ici ce soir. Lentement, il se rapprocha de moi d’autant de pas que je reculai de lui. Jusqu’à venir toucher le mur de pierre froide qui me maintint en position défensive.

_ Tu sais, Louis, les personnes que j’amène moi-même ici sont très rares. Habituellement, se sont plutôt mes Fils qui amènent leurs proies ou m’en amènent. J’aime à déguster la pureté du plein air ! Mais tu es une exception délicate

La prestance de son regard m’écrasait, de toute sa puissance. Mon corps tout entier s’engourdissait, se figeait ; l’ombre de son être, de son âme, me surplombaient, me donnant l’impression de rétrécir. Son regard était devenu d’un miel luisant, irradiant la férocité qu’il conservait au tréfonds de lui-même, lorsqu’il ne pouvait pas démontrer sa réelle nature.
Mon regard s’évada vers les quelques personnes installées dans cette salle et les cris me parvinrent enfin, comme si mon ouïe venait enfin de se réveiller et comprenait les sons qu’elle enfermait. Trois femmes hurlaient ; l’une d’entre elles était en train d’étouffer sa plainte, s’affalant lentement sur le sol. Je vis son tortionnaire se relever, doucement, un sourire carnassier aux lèvres, luisant du breuvage pourpre dont il venait de s’abreuver. Jusqu’à la dernière goutte.
La compréhension m’assaillit en un tsunami effroyable.

_ Vous êtes un… Vampire ?!
_ Je préfère l’appellation d’Immortel.

L’arctique s’invita dans mon flux sanguin, gelant ses particules et figeant son avancée. Les vents polaires s’engouffrèrent dans le gouffre qui avait remplacé mes entrailles ; le souffle me manqua. Je me trouvais dans une salle exiguë, où l’oxygène commençait à manquer. Entouré de quatre vampires dont l’un d’eux, celui que j’admirais tant jusque là, me tenait immobile contre le mur. Sans échappatoire. La mort comme seule chute de cette conversation.

_ Car c’est ce que nous sommes. La forme évoluée de l’homme. Par mes actes, je purifie le sang des damnés que sont les humains, ces êtres chétifs condamnés à ne vivre que quelques pénibles années. Je peux t’offrir l’éternité, Louis. L’éternité, la connaissance et le pouvoir.

Pourtant, dans ces mots, je ne lisais que souffrance et mort. Désespoir et damnation. La vie d’éternelle jouissance qu’il me peignait m’apparaissait comme une douce illusion d’une soif perpétuelle qu’il lui fallait étancher. Contre laquelle il ne pouvait lutter. Et il voulait que je devienne comme lui ?

_ Je ne le veux pas, Louis. Tu le dois. Il ne peut en être autrement. Tu dois servir ma cause. Ou mourir.
_ Je préfère encore mourir d’une mort brutale que d’une lente torture.

Ma réponse déçut nettement Voltaire. Les traits de son visage s’abaissèrent, sa mine s’assombrit. Je compris que les mots que je venais de prononcer changeaient les choses. Je ne saurais pas avant de très nombreuses années lesquelles ils concernaient.

_ Tu ne me laisses pas le choix, malheureusement.

Douleur … Brûlure … Déchirure … Voltaire avait plongé sur moi avant même que je m’en rendisse compte et planta ses dents dans ma nuque, la transperçant sans peine. La plainte de l’horreur jaillit de ma gorge, se cognant contre les parois murales que je devinais imperméables aux bruits. Je tentai de me débattre ; en vain. Ses deux mains, plantées dans mes épaules, maintenaient le carcan d’acier. Il me dévorait la nuque, aspirait mon sang à grandes gorgées et, petit à petit, je sentais la vie s’échapper de moi. La faiblesse s’emparait de mon être et gagnait chaque partie de mon être. Jusqu’à mon esprit. Toute raison m’abandonnait ; seule la douleur insoutenable demeurait. A mesure que le sang me quittait, je sentais la peau se crisper autour de ses canines. Tout mon corps était vide, seule ma souffrance éperdue demeurait. Des centaines de lames chauffées à blanc transperçaient chaque centimètre carré de la surface de ma peau, tandis que mes entrailles me tiraillaient. La mort imprégnait mes tissus …
Il retira ses dents. Je sentis leur surface lisse glisser contre ma chair sanguinolente, accentuant un peu plus la douleur lancinante. Et, enfin, je vis autre chose que les regards enivrés des trois autres vampires. Le visage pâle, dégoulinant de sang, de celui qui venait de s’abreuver de moi. Voltaire. Il sortit un poignard de sous son bustier et, lentement, s’ouvrit une veine à hauteur de son poignet.

_ Te voilà à la croisée des chemin, Louis.

Sa voix semblait si lointaine. Elle se répercutait en un écho éternel, qu’il était bien difficile de discerner, dans cette brume totale. Je tentai d’en comprendre l’essentiel.

_ Entre la vie éternelle et la mort. Sauras-tu accueillir la mort si je t’offre la seul échappatoire ? Incita-t-il en tendant son poignet sanguinolent.

Ma vue se brouillait, mon ouïe s’éclipsait et ma raison s’évanouissait en délicates volutes de pensées fugitives. La vie me fuyait, tout doucement. Inexorablement. Sans que je ne puisse réagir, sans que je ne puisse espérer une rédemption. Seul l’appel de la damnation, incarné par celui que chacun qualifiait de génie mais qui n’était autre qu’un monstre sanguinaire que les mythes d’Homère n’auraient su dessiner avec autant de netteté qu’il ne l’était réellement.
Lentement, il se rapprocha de moi. Amenant dans mon champs de vision, devenu si limité, le poignet mutilé. Je perdis le peu d’équilibre qui me restait et tombai, inerte, sur le sol si froid. Je sentais cette froideur m’assaillir, de toutes parts et annoncer la venue prochaine de la mort.
Ce sourire … Malsain, sournois …
Je plongeai sur son poignet, avec une hargne que je m’ignorais et plantai, férocement, mes dents dans la chair sanguinolente. Je le sentis se crisper, devant la surprise. Et, lentement, j’aspirai le sang. Le goût crispa ma mâchoire, le temps d’un instant. La grimace marqua ma surprise, avant que je fermasse les yeux et me laissasse aller à la délectation. Je bus, bus son sang infecte jusqu’à ce qu’une sensation indescriptible me saisît. Une sensation si puissante qu’elle me submergea et me plongea dans le Grand Sommeil.
__________

22 Décembre 1751
Paris, France


Infernaux maux, cris effroyables, insupportables douleurs … Le souffre consumait mon âme, la réduisant en un triste amas de cendres. Déjà, le souffle de la damnation s’annonçait, prêt à l’emporter définitivement. En ne me laissant plus que cette soif, impossible à étancher. Et ces cris qui s’entrechoquaient dans ma tête, sans que je n’en comprenne le sens.
J’ouvris les yeux. Aussitôt, ils clignèrent. Mes rétines s’élargirent, alors que je détaillais ce que ma vue caressait. Un immense ciel d’un noir d’encre, dans lequel brillaient des milliards d’étoiles. Je me redressai, tout doucement, et sentis enfin l’eau qui ruisselait contre mon dos. Je m’installai en position assise et regardai alentour ; je me trouvai dans une étroite ruelle, dépourvue de la moindre source lumineuse. Cependant, je distinguai dans ce noir les contours net des bâtiments et devinai à l’intérieur la présence de deux personnes de sang chaud.
Une vive montée d’adrénaline explosa en moi, telle que je n’en avais encore jamais ressentie. Mes narines se dilatèrent, mon souffle s’accéléra et toute mon attention se porta vers la porte, qui se trouvait à seulement quelques mètres. L’adrénaline me submergea.
La chaleur, la violence, le sang …
Tiède et poisseux, il coulait, lentement, de la commissure de mes lèvres jusqu’à la base de mon menton. Je me laissai glisser contre le mur, la peau nue de mon dos agrippant la pierre rugueuse de la paroi murale. Mon regard, atterré, planté vers les deux cadavres. Ma respiration, toujours précipitée et ma panique, incontrôlable … Leur position surnaturelle me donnait des frissons, à la pensée de la force effroyable dont j’avais fait preuve. J’entendais le craquement sinistre de leurs os lorsque je les avais écartelé et le bris de leurs cervicales lorsque je les avais mordu. Et mes mains … Ruisselantes de ce sang, qui me faisaient perdre toute raison. Je plongeai dans mes mains, respirant à pleins poumons la fragrance exquise qui m’emplissait d’une telle extase !
Déjà, la soif me rappelait. Inextinguible …
__________

Paris, France
23 Décembre 1751


Les tremblements se faisaient de plus en plus intenses, à mesure que je laissai les minutes défiler. Les voix devenaient plus insistantes, m’arrachant à la réalité chaque moment plus férocement. Chaque regard qui se posait sur moi fuyait, sitôt mon regard féroce dressé vers lui. Je ressentais leur peur incompréhensible, en ma seule présence.
J’accélérai le pas, tournai au détour de la longue rue et m’engouffrai dans la ruelle transversale. Le sombre calme qui y régnait me permit de retrouver une quiétude bien relative ; l’adrénaline retomba un peu, cependant que les fragrances métissées se faisaient moins pressantes et agressives. Je m’accolai contre le mur, certainement dur et froid ; aucune sensation ne parcourut mon corps, pourtant ; seule cette soif incontrôlable. Seulement quelques minutes s’étaient écoulées depuis que j’avais éventré ce vieil homme, de ma seule main droite et que je l’avais vidé de son sang et, déjà, elle m’assaillait, dardée de sa douleur cuisante. J’avais besoin d’aide ; la seule personne qui, à ma connaissance, pouvait m’aider était celle que je m’étais juré de ne me plus jamais revoir. Père.
Je me remis en route, ignorant le groupe de trois jeunes femmes qui approchaient de l’embouchure de la sombre ruelle.
__________


Vide. Le Manoir était complètement vide ; une simple inspiration me suffit à saisir la date approximatif de leur départ ; trois jours. Peut-être moins. Je reconnaissais le parfum si fleuri de Mère et celui, moins factice, de Denise, ma petite sœur. Seule manquait, l’odeur du seul que je souhaitais, à cet instant, voir. Comment expliquer cette absence d’odeur ? Je n’aurais su le dire, même si une étrange sensation de mal-être s’emparait de moi. Ou peut être était-ce cette odeur froide et neutre, que je ne savais identifier, qui me procurait cette sensation ?
Je poussais, lentement, la porte de bois qui dissimulait mon immense chambre. Bois d’ébène, tentures pourpres et peintures à l’huile en peignaient l’habitacle. Me procurant un brusque sentiment de sécurité. Sentiment que j’aurais aimé ne jamais plus quitter. Je m’arrêtai au centre de la salle, guettant le moindre détail, troublant le rangement parfait ; trop parfait.
Mon regard s’aventura, chercheur, jusqu’au miroir en pied présent tout au fond de salle. La vision furtive d’une blancheur de mort, dardé de deux lueurs d’une noirceur totale, assaillit ma propre vision ; la seconde suivante, je dévalai les marches de mon ancien chez moi, pour me précipiter au dehors et me précipiter dans les bras de ma soif éternelle.
__________


Les semaines qui suivirent furent certainement les plus brumeuses de toute mon existence, à défaut de pouvoir désormais lui accorder le titre de « vie ». Après un nouveau triple meurtre, durant lequel ma sauvagerie donna toute la plénitude de son talent, je décidai d’errer loin de Paris et de l’abondance de ce sang qui me transformait en monstre. Jusqu’à parvenir à un tout petit village, à flanc de montagne. Je m’installai dans une grange abandonnée, loin de tout et de tout le monde. Dans l’espoir de mourir de soif. Douce naïveté.


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La Brigue, France
8 Janvier 1752


La faiblesse assaillait tellement chaque parcelle de mon corps, avait tant endormi chacun de mes sens, que malgré mon ouïe d’ordinaire si affinée, je n’entendis les bruits de pas que lorsqu’ils furent parvenus aux pieds de la grange. Alors, tout mon être sembla s’éveiller d’un sommeil de longues années ; mes instincts se réveillèrent instantanément et, à mon plus grand désarroi, ma soif également. L’enchevêtrement des voix se fit plus proche et je devinai sans peine les pas qui grimpaient l’échelle de fortune, en bois, qui menait à l’étage sombre de la grange où je m’étais tapie. Avant même qu’ils eurent atteint leur objectif, je devinai la silhouette frêle d’une jeune femme, son sang calme et un homme revêche, son cœur palpitant son désir d’assouvir ses plus vils désirs.
Durant la seconde qui suivit, je me blottis dans le coin le plus sombre de la grange et me tapis dans l’ombre, la laissant m’envelopper de ses bras intangibles. Déjà, s’embrassant l’un l’autre, ils s’allongeaient sur le sol, en proie à un désir incontrôlable ; toutefois plus maîtrisable que celui qui venait d’exploser en moi.
Mon dernier « sacrifice » datait de plus de deux semaines. Cependant, enfermé, capitonné, dans ce lieu confiné, j’étais parvenu à contenir ma soif avec une fermeté certaine. Si l’homme était entré seul, je serai peut-être parvenu à me maîtriser et à le pousser, courtoisement, à quitter les lieux. Mais la fille … Son sang avait un impacte sur moi tout bonnement indescriptible ; une chaleur telle que je n’en avais encore jamais ressentie s’empara de moi. Mon corps fût parcouru de tremblement et, au bout de quelques secondes de retenue face au spectacle sulfureux qui se dévoilait au centre de la grange, je finis par me relever, le silence de mes gestes juste brouillé par ma précipitation. Le couple s’interrompit, et se redressa à demi, fixant leur regard, à l’unisson, sur mon torse nu, d’un blanc immortel. L’homme recula de plusieurs pas, jusqu’à l’échelle et, croisant la férocité de mon regard noir, n’utilisa même pas l’échelle et sauta directement à bas de la grange, manquant se briser les genoux. Déjà, soulagé, il s’éloignait.
Je marquai un temps d’arrêt. Nul effroi ne creusait le visage rond, lisse et pâle de la jeune femme. Son regard azuréen restait planté dans le mien, comme s’y noyant. Un lent sourire étirait ses lèvres pulpeuses, à mesure qu’elle détaillait mon torse à nu. Elle semblait comme hypnotisée.

_ Salut …

Sa voix était douce et enivrante ; moins, cependant, que l’odeur qu’elle dégageait. Elle se releva avec grâce et vint se planter devant moi, posant ses mains tièdes sur mes épaules osseuses et glacées. Ma gorge se noua, m’empêchant de respirer ; je me rendis compte, alors, que respirer ne m’était plus vital. Je fermai les yeux, tentant de retenir la pulsion qui menaçait de me submerger.

_ Ouvre les yeux, je …

Je ne sus jamais ce qu’elle avait souhaité me dire, et qu’elle ne dirait plus jamais. Lorsque je suivis son odeur, je la retrouvais affalé contre le sol, sur la gauche, baignant dans une mare de sang. Un être à la peau aussi pâle que la mienne, était penché sur elle. Il se releva et me fixa, un sourire cerné de sang planté dans son visage de marbre. Les yeux de Voltaire virèrent d’un miel diaphane à un noir pourpré profond.
__________


Cette nuit-là fût la plus longue et la plus riche de toute mon existence. Voltaire m’expliqua que depuis ma transformation, à la Tanière, il n’avait cessé de me suivre pour savoir comment je réagissais et qu’il avait été ravi de voir la manière dont je parvenais à lutter contre ma soif. Une « ténacité remarquable », selon ses propres mots. Il me peignit le tableau des Embryons, ces vampires nouvellement créés. Un tableau horrifiant, infernal. Les nouveaux vampires étaient la proie d’une soif intensive, bien difficile à gérer ; il me décrivit une sensation que je ne connaissais que trop peu, celle d’avoir besoin de sang alors que je venais tout juste de m’en abreuver. Il conclut en m’apprenant que j’avais réussi le test. Nous sortîmes de la grange ; lorsque je lui demandais où nous nous dirigions, il m’indiqua simplement : l’Italie.

Je m’étais habitué plus rapidement que je ne l’aurais pensé à l’environnement latin. Il différait en bien des points de la culture française et, malgré tout, ce décalage me semblait bien peu significatif au regard de ma nouvelle vie, à laquelle j’avais tant de mal à m’habituer.
Lorsque nous avions quitté La Brigue, Voltaire m’avait menée directement à la grande demeure qu’il possédait à proximité de la Place Saint-Pierre. Sans me présenter aux autres nombreux vampires qui se trouvaient déjà ici, il m’avait emmené dans ses appartements et fait le récit de son Clan. En commençant par sa propre histoire.
D’origine égyptienne, il avait été transformé par une Prêtresse d’Isis, qu’il servait et qui orchestrait une véritable rébellion, pour renverser les « dieux usurpateurs » ; des humains, en réalité. Bien que lié par le sang à elle, Voltaire avait vite compris que se liguer ouvertement contre les humains était voué à l’échec ; lorsque sa Créatrice avait été tuée, lors d’une tuerie qui avait ravagé l’Ordre d’Isis, Voltaire était parvenu à s’échapper et avait erré dans le désert. Il n’avait survécu qu’en buvant le sang infecte des animaux du désert ; lorsqu’il avait regagné le Maghreb et le sang pur des humains, il s’était juré de ne plus jamais s’abaisser à telle pratique.
Voltaire avait poursuivi son récit, sans grand intérêt, jusqu’à une date précédant celle, actuelle, d’un siècle. Il avait créé son premier Fils. Et commencé à créer son clan, dans un but simple ; transformer les humains, la damnation du peuple de la terre, en immortels, la prochaine étape de l’évolution. Mais il préférait le faire dans la discrétion. Le Clan de Voltaire en était arrivé là ; il s’agrandissait tout en profitant des joies de l’immortalité. Ma première leçon s’était achevée ainsi.
Les semaines se succédèrent et chaque jour, Voltaire m’en apprenait plus long sur les caractéristiques de ma nouvelle nature (ma peau blanche et froide qui se réchauffait seulement, pour un temps lorsque je m’abreuvais de sang ; mes prunelles d’un miel luisant qui viraient au noir pourpré, une fois rassasiée ; ma force et ma vitesse innée ; mes sens aiguisés). Je m’émerveillais chaque jour un peu plus de tous ces aspects positifs étonnants ; d’autant plus que Voltaire ne cessait d’affirmer qu’ils n’étaient rien, encore ; quand je maîtriserais ma soif, j’aurais la pleine mesure de ceux-ci.
A la fin de cette première année, Voltaire commença à avoir des doutes sur moi. Il remarquait qu’à la différence des mes Frères, je ne m’abreuvais pas quotidiennement de sang, m’amusant simplement avec mes proies, les séduisant, les amenant au supplice du désir sans jamais les achever si je pouvais l’éviter. Je fus bientôt mis en exergue, par l’omniprésence de la couleur miel de mes yeux, en contraste total avec pourpre sombre de mes semblables. J’aurais pu me plaire, en ce lieu, si je n’avais pas senti le regard sans cesse plus insistant et réprobateur de Voltaire sur moi. Il sentait que je maîtrisais de plus en plus ma soif et que je me dirigeais vers des concepts d’existence qui le rendaient fou.

Roma, Italia
7 Juin 1758


Je frappai contre la porte en bois d’ébène. La voix étouffée par le panneau m’invita à entrer. M’exécutant avec silence et grâce, je pénétrai dans les appartements de Voltaire. Debout face à son armoire, il versait un liquide dans deux petits verres, si j’en jugeais par le léger bruit de clapotis.

_ Referme la porte derrière toi, Necurat

Je ressentis un léger pincement ; l’emploi de mon nom de Fils n’invoquait rien de plaisant. Je refermai lentement la porte, retardant le plus possible le moment où je devrais affronter mon créateur. Lorsque je pivotais de nouveau sur moi-même, il me faisait face ; son visage blanc, inexpressif, planté de deux prunelles couleur miel, presque diaphanes. Il me tendait un des deux verres à pieds, contenant un liquide pourpre dont la fragrance m’évoquait une curieuse sensation enivrante.

_ Tiens, m’invita-t-il
_ Je te remercie, mais je n’en ai nul besoin

Je ne lui confiais que la stricte vérité ; je m’étais nourri trois jours auparavant et, même si le doré luttait au miel dans mes prunelles, je n’avais nullement soif. Je lus cependant son air réprobateur.

_ Tu n’en as nul besoin ou tu ne veux pas en éprouver le besoin ?

Je le fixais. Il n’avait pas mis de temps à imposer le sujet de notre conversation.

_ J’ai quelque chose pour toi

Ses lèvres n’avaient pas bougé. Pourtant, sa voix avait résonné dans ma tête avec une malveillance que je ne lui avais vu que le soir de ma transformation ; elle me glaça le sang.
Il se tourna vers la droite et une arcade, dissimulée par un rideau pourpre. Je pénétrais pour la première fois dans cette partie de ses appartements et découvris ce qui ressemblait à une deuxième chambre, bien qu’elle s’en éloignait autant qu’elle s’en approchait. Le sol était dur et froid, les murs couverts de tapisserie morne et déprimante ; l’ameublement résidait dans les seules tables de nuit et armoire brisée. Mon regard se fixa, immédiatement, sur le fond de la salle et deux personnes recroquevillées contre le mur. Deux humains, dont le rythme cardiaque était sensiblement faible. Proches de l’évanouissement. Une jeune femme, au teint macabre, qui donnait l’impression d’avoir vieilli brusquement ; et une petite fille à la chevelure blonde, sale et terne, blottie, tremblante, contre sa mère. Ma mère.
A demi coupé de la réalité, je m’approchai d’elles, peinant à les reconnaître ; la souffrance avait peint un masque d’horreur sur leurs visages. La peau se tirait sur leurs os, plus maigre que la mort n’aurait su le permettre, leurs traits exprimaient tout à la fois peur et imploration. Je m’accroupis devant elles, mon regard s’attardant sur les multiples morsures canines qui dilapidaient des marques rougies sur tout leurs corps ; pieds, chevilles, mollets, avant-bras, cou, gorge … Rien était épargné.

_ Je vous épargne les présentations.

J’avais presque oublié la présence de Voltaire, dans mon dos. Pour la première fois depuis six ans, des tremblements remuèrent mes membres ; la colère faisait vibrer tout mon corps, tendu vers la haine que je ressentais envers mon Créateur.

_ La haine est ta meilleure ennemie, Necurat

Son ton était plat, morne ; il évoquait une simple impatience, à peine dissimulée. Il n’avait pas peur. Pourquoi ? Sur le moment je n’aurais su le dire. Après tout, j’étais l’un des Immortels le plus craint du Clan Voltaire. Pourquoi lui, qui me connaissait mieux que personne, ne me craignait pas ?

_ Parce que je suis ton Créateur et à ce titre, j’ai tous pouvoirs sur toi.

Sa voix avait à nouveau résonné dans ma tête, sans qu’il eût ouvert la bouche. Je n’aurais su m’expliquer ce phénomène ; il m’avait lui-même avoué ne pas avoir été un Elu, sinon quoi la Prêtresse d’Isis l’aurait tué au lieu de le transformer.

_ Le moment est venu de te dévoiler quelques détails importants sur la Conception. Avant que tu ne commettes une grave erreur.

L’impatience se faisait plus pressante et je ressentis, pour la première fois, cette colère qu’il entretenait à mon égard et qu’il avait de plus en plus de mal à contenir ; une colère jumelée de déception. Il se mit à faire les cent pas dans la salle, reprenant la parole dans un silence simplement perturbé par les gémissements de ma mère et de ma sœur :

_ Tu te rappelles certainement que pour te créer, je t’ai fait boire mon sang. Cette étape est indispensable pour la Conception d’un vampire. Cette pratique est ce que l’on appelle l’Entrave de l’Immortel. Car dès ce moment, le nouveau Vampire est lié par le sang à son créateur de telle manière qu’il ne peut échapper à sa volonté. Concrètement, si je te donnais l’« ordre significatif » de tuer ta mère et ta sœur, tu le ferais sur-le-champ. Même si cela te répugnait.

Cette révélation me fît l’effet d’un véritable électrochoc. Je comprenais maintenant la révérence incroyable de mes Frères et leur manque de réaction face à sa domination omnisciente des lieux. Personne ne pouvait lui subtiliser le pouvoir.

_ Dans cette même mesure, il te faudra oublier cette envie folle de me tuer ; si tu me tues, tu te tues toi, ainsi que tous tes frères. Oui, je dispose comme bon me semble de ton esprit, acheva-t-il en répondant à ma question mentale.

Mes yeux s’écarquillèrent d’eux même. Ces voix qui avaient résonné dans ma tête, lors des premiers jours de ma transformation, étaient celles de mes frères ; l’un d’entre eux m’avait expliqué que les premiers jours de la transformation, un nouveau vampire voyait, de manière floue, au travers de l’esprit de son Créateur. Ce que j’avais vu et entendu appartenait en réalité aux esprits de ses fils. De la même façon, il pouvait lire mon esprit et y pénétrer comme bon lui semblait.

_ Qu’attends-tu de moi ? Parvins-je enfin à articuler, en exorcisant toute ma haine.
_ Rien de bien extraordinaire. Tout au moins pas aujourd’hui. Simplement que tu te plies à nos règles. En commençant par boire ce sang, m’expliqua-t-il en me tendant de nouveau la coupe de sang

Mon regard s’hasarda jusqu’aux corps épuisés de ma seule véritable famille ; si j’avais un jour considéré le Clan Voltaire comme ma nouvelle famille, il était claire maintenant qu’elle n’avait jamais été qu’une partie de mes semblables.

_ A moins que tu préfères t’abreuver à la source ? Ajouta-t-il, un sourire machiavélique aux lèvres.

Ainsi, c’était cela cette fragrance familière qui émanait de la coupe ; le souvenir vaporeux de l’odeur de ma mère, lorsque j’étais revenu au foyer familial, peu après mon Eveil.
Je franchis les quelques mètres me séparant de Voltaire, saisis la coupe, en avalai le contenu d’une traite et jetai férocement la coupe au sol, contre lequel elle se brisa ; la couleur dorée de mes prunelles s’assombrit instantanément ; pas suffisamment, cependant, pour prendre une teinte noire pourprée. Le tout n’avait pris que quelques secondes.
__________


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Roma, Italia
20 Octobre 1760


Le reflet de la menace luisait dans le miroir de mes prunelles dorées, dont les tâches diaphanes dénotaient ma soif grandissante. Elle décuplait ma force, mon agilité et ma grâce. Il n’en fallait pas tant pour que j’achevasse mon adversaire ; son visage au teint marmoréen, d’ordinaire empreint d’impassibilité, irradiait la peur. En un geste désespéré, il jaillit sur moi, ses canines en avant et tenta de les planter dans ma nuque. En vain. Je pivotai au dernier moment, lui attrapai le bras qui suivait son élan et, d’un geste sec, le lui arrachai. Il s’écroula sur le sol, agonisant. Ses capacités de régénération propres à notre nature ne seraient pas assez efficaces ; déjà le regard du Prêtre se posait sur lui. J’en profitai pour tourner les talons et fuir le salon.
J’empruntai l’escalier de marbre, sur la droite, mon ouïe passablement intéressée par les échauffourées qui se déroulaient dans le hall d’entrée, au bas des marches. Mes Frères se débattaient férocement, en proie à une frénésie infernale, avec les Prêtres du Vatican. Les forces armées catholiques dont la seule et sainte mission était de débarrasser le royaume de Dieu des ignominies de l’antéchrist ; selon leurs propres termes. Ils se disaient blancs comme la colombe, vainquant le mal par leurs principes hauts et épurés, alors que leur dirigeant n’avait pas hésité à conclure un pacte avec moi, dans le seul but de détruire le Clan Voltaire, l’un des plus grands regroupements de démons d’Europe. A la seule condition qu’ils me laissaient m’en aller, en compagnie de ma mère et de ma sœur et que Voltaire, demeurerait vivant. Cette dernière condition avait été sujette à débat pour le moins houleux.
La porte en bois d’ébène était largement ouverte, tout juste retenue par le seul gond encore en vie. L’ouverture offrait une vision chaotique des appartements de Voltaire ; les meubles étaient brisés, des lambeaux de bois jonchaient le sol et trois vampires affrontaient cinq Prêtres, dans une cacophonie de tous les diables. J’entrai dans la pièce, le Prêtre sur mon passage prit bien soin de m’éviter et me précipitai dans la chambre juxtaposée. A mon grand soulagement, Mère et Denise étaient là, prostrées l’une contre l’autre, comme d’habitude. Comme toutes les semaines, lorsque Voltaire me forçait à venir boire leur sang, en les regardant droit dans les yeux. Ce soir, il n’était pas là. Je m’étais débrouillé pour qu’il eût un problème à régler avec le Clan des Giovane.

_ Denise …

J’accordai à la petite fille mon plus beau regard ; la vue de mon visage blanc, d’ange, sembla éclairer son visage. Bizarrement, bien qu’elle ne me connût pas comme son frère, elle m’accordait une confiance totale et se ravissait de ma présence. Ma mère, quant à elle, semblait dormir, épuisée par la dernière traite de Voltaire. La morsure, sur son avant-bras, saignait encore abondamment.

_ Denise, tu vas devoir m’obéir scrupuleusement, d’accord ? Nous allons sortir d’ici. Mais pour cela, il te faudra fermer les yeux et ne les rouvrir qu’au moment où je te l’indiquerais. D’accord ?
_ D’accord Necurat, répondit-elle, tout sourire
_ Ne m’appelle pas ainsi, s’il te plaît

Je marquai un temps d’arrêt. Denise respirait le calme et la bonne humeur ; ses larmes avaient disparues et les tremblements de son corps s’étaient évaporés. Etait-ce l’effet de l’Abreuvement de Voltaire ? Peut-être, je n’avais jamais été autorisé à les voir juste après qu’il eût bu leur sang.
Je me tournai vers ma mère et lui tenant le menton, tentai de la réveiller. La tête ballante contre celle de sa fille, elle était profondément endormie, son souffle devenu terriblement lent ; presque autant que les battements de son cœur. Ils ralentissaient, progressivement.

_ Mère ! Réveillez-vous, c’est Louis ! M’entendez-vous ?

Je crus pendant trois infernales secondes qu’elle ne se réveillerait plus. La vie lui échappait, manifestement. Et, enfin, ses yeux s’entrouvrirent très légèrement, libérant la pâleur de ses rétines ; l’effroi me saisit à froid.

_ Allez, venez, fis-je en me relevant

Mais elle ne m’accorda pas un regard, elle se contentait de fixer l’endroit où je m’étais trouvé la seconde précédente, en remuant à peine les lèvres. Je tendis l’oreille, et distinguai les seuls mots qu’elle prononçait.

_ Pas elle … Pas elle

Ces mots n’avaient aucun sens. Etait-elle en train d’halluciner ?

_ Mère, tout est fini ! Lui expliquai-je, en introduisant mon regard dans le sien. Vous m’entendez, je vais vous sortir de là, toutes les deux !
_ Non, pas elle … Pas elle …

La voix se faisait plus insistante, plus puissante, malgré le regard fuyant toujours le mien et lui préférant le sol sale et poussiéreux.

_ Denise est ici, mère. Je l’emmènerais loin de Voltaire, je vous le promets …
_ NON !

Cette fois, elle avait hurlé en tournant son regard droit sur moi ; elle me fixait, sans ciller.

_ Tu dois la tuer … S’il te plaît, Louis

Ce simple nom, inaudible à mes oreilles depuis tant d’années, me donna le tournis. J’eus du mal à reprendre contact avec la réalité, à saisir la proximité des combats et l’urgence de la situation.

_ S’il te plaît …

Troublé par l’imploration, je reportai mon regard sur Denise ; elle me fixait intensément. Son visage désormais dépourvu de l’ombre qui m’avait empêché de la voir correctement, se révélait d’une atroce blancheur. Ses prunelles étaient gorgées d’une dorure tirant sur l’écarlate ; la couleur de la première délectation. Il avait transformé ma sœur.
Le sourire carnassier de celle-ci lacéra ce qui restait de mon âme et faillit me faire sombrer dans l’oubli. Il avait saisi mon plan, s’y était préparé en conséquence ; raison pour laquelle tous mes frères n’étaient pas ici, seuls les plus jeunes combattaient et mourraient, dépourvus de la force de la vieillesse. Il voulait me donner une ultime leçon : m’apprendre que je ne pouvais échapper à sa domination.
Je me relevai, animé d’une nouvelle volonté : il me fallait quitter au plus vite cette demeure et laisser Denise ici. Elle était morte … J’emmènerais simplement ma mère ; je n’osai penser aux conséquences de cet acte ; abandonner au Créateur haï la seule raison de mon espoir. J’en aurais hurlé pour l’éternité qui m’était accordée, bien malgré moi. Je me penchai vers ma mère, lui offrant mes bras pour l’aider à se relever.

_ Non Louis … Tu ne dois pas m’emmener. Tu dois me tuer … Je ne veux pas devenir … comme lui. Tue-moi … Je t’en supplie …

Les larmes qui perlèrent aux coins des yeux ridés de ma mère finirent de faire chavirer mon cœur ; je me rappelai cette femme souriante et narquoise, sûre d’elle, qui avait fait tourner la tête de tant de têtes, à la Cour. Avant que je ne rencontrasse Voltaire, qu’il me transformât en Vampire et qu’il tuât mon père, avant de les enlever, elle et sa fille. Et maintenant, elle venait de perdre son unique fille, pire que morte, elle-même promise à une fin aussi terrifiante. La mort serait-elle aussi douloureuse ?
Je plongeai férocement vers la gorge de ma mère et plantai ma puissante mâchoire dans sa peau douce et enivrante ; déjà, le liquide tiède et doucereux affluait dans ma gorge. Je raffermis l’emprise de mes crocs dans la chair, les plantant plus profondément et, du même coup, intensifiant l’abreuvement. Je sentais la peau de sa gorge se tendre, à mesure que les dernières gouttes de sang quittaient son corps. Et, enfin, je sentis son corps se relâcher. Le sang cessa d’affluer. Doucement, je retirai mes crocs de la chair et me redressai, le goût du sang assaillant encore mon palais. Je tournai la tête à gauche ; il était là, Denise, souriante, à son côté. Il avait fini par obtenir ce qu’il avait voulu ; me voir me délecter du sang de ma mère, à même sa gorge. L’appropriation de Denise était un petit plus.
Je tournai les talons et courus vers la baie vitrée, que je traversai en la brisant, volant vers ma liberté.
__________

1760 à 1865 – En terres d’origines


Des ombres ténébreuses s’étaient emparées de moi. Elles me lacéraient, me déchiquetaient et agrandissaient le gouffre qui était né en moi, avec plus de virulence encore que le venin de Voltaire qui m’avait transformé en Immortel, neuf ans plus tôt. Pour la première fois depuis que j’avais entamé ma deuxième existence, je cherchai la façon la plus à même de me détruire. J’accordais à ces recherches tout mon temps, durant les longs mois qui suivirent. Avant d’arriver à un point navrant ; je ne connaissais rien de ma nature, au final. Si ce n’était nos caractéristiques : force, vitesse, agilité, teint marmoréen, couleur changeante de nos yeux. Je connaissais toutes nos facultés, tout ce qui attirait nos victimes. Mais je ne savais rien de nos failles, des raisons qui avaient amené ces caractéristiques. Rien de nos origines. Si je voulais réellement achever mon existence de damné, il me faudrait remonter jusqu’à elles.
Je me dirigeais donc vers l’Egypte. Voltaire m’avait avoué, lors de ma première nuit passée à Rome, qu’humain, il était égyptien. Une prêtresse d’Isis l’avait transformé. Les Vampires avaient existé là-bas, fort longtemps et l’évocation de l’Ancienne Egypte, au sein de mon ancien clan s’était toujours accompagnée d’une certaine révérence. Il était temps que j’en comprisse la raison.

Mes premiers pas à Alexandria furent désastreux. Je découvris les effets nocifs du soleil sur ma peau ; la chaleur solaire imprégnait ma peau de marbre, en atrophiant les muscles. Je ne ressentais aucune douleur, mais elle faisait ressortir mes veines noircies et me rendais faible. La raison pour laquelle même Voltaire l’évitait soigneusement. Une trop longue exposition parvenait même à calciner le lisse de mon épiderme.
Je me plongeai à corps perdu dans mes recherches, lorsque je me rendis compte qu’elles me permettaient d’oublier, un temps soit peu, la douleur de la perte de ma mère et de ma sœur. Evoluant au milieu des luttes incessantes entre Britanniques et Français, je ne glanais que très peu d’informations et finis par accepter l’idée qu’Alexandria n’était que l’antichambre de l’antre des Vampires ; si antre il y avait. La ville fourmillait d’Embryons, qui embrasaient périodiquement la ville de bains de sang, déguisés en batailles entre Britanniques et Français. Pas un seul Vampire ayant dépassé l’âge d’un an ne croisa ma route. Je quittais finalement Alexandria, au bout de dix ans, pour me diriger vers Cairo, le centre culturel, politique et social de l’Egypte actuelle.
Sous certains aspects, elle me rappela Paris. La politique y tenait une place majeure, plus encore que dans toutes villes que j’eus visitées jusqu’alors. Les commandements britanniques et français se l’étaient partagée, se la disputant comme un vulgaire morceau de viande. Sans se douter qu’ils auraient pu la perdre, à tout moment, si les circonstances l’avaient permis. Dès mon arrivée en ces lieux, j’avais ressenti cette tension palpable, sans pour autant parvenir à me l’expliquer. Je voyais régulièrement des Embryons, en provenance d’Alexandria, venir troubler la quiétude de la ville, faisant couler le sang. Mais ces incidents ne duraient jamais. Le calme ne tardait jamais à revenir. Pourquoi ? Comment ? J’aurais tant aimé le savoir.
Il me fallut attendre une centaine d’années après mon départ d’Italie pour le comprendre et saisir toute l’ampleur du monde des Immortels. Lorsque l’un d’eux était venu frapper à ma porte, me proposant une entrevue avec Serket. Ce nom soufflé, tel un songe mais jamais avoué.


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Madfounek, Egypte
6 Septembre 1860


Le Vampire, beaucoup plus âgé que moi, m’emmena à l’extérieur de la ville. Nous marchâmes durant des minutes interminables, qui auraient été des heures pour des humains, les pieds dans le sable, le vent tempétueux fouettant nos visages de marbre jusqu’à nous enfoncer dans le sable des dunes. La seconde suivante, nous émergeâmes dans le hall d’entrée d’une grande demeure. Jamais je n’en aurais soupçonné l’existence. Le hall s’ouvrait sur un grand salon, empli de fauteuils confortables, occupés par d’autres vampires. Silencieux, immobiles, ils offraient un parallèle effarant avec les statues de marbre blanc installées dans toute la salle. Ils me fixaient tous, sans exception.
Mon guide m’entraîna dans le grand escalier de marbre et, émergeant dans le long couloir du premier étage, il frappa à la première porte. L’ouvrit, s’effaça et me laissa entrer. Je n’entendis pas la porte se refermer ; elle l’avait été pourtant.

_ Necurat …

Je tournais mon regard couleur miel sur la gauche et découvris une frêle silhouette, tapie dans la demi-obscurité. Elle avança de quelques pas gracieux, souples et silencieux, se postant à un écart respectueux de moi. J’eus tout le loisir d’inspecter son physique, cependant qu’elle en faisait autant. Une Vampire, transformée à l’âge de la vingtaine. Son visage rond, aux traits fins, était figé dans une couleur de craie accrue, par rapport à la mienne ; les traits autrefois dessinés de ses expressions, étaient devenus lisses et venaient encadrer deux yeux effilés, cerclés de longs cils. Ses prunelles étaient gorgées d’un noir profond, où le pourpre était absent. Jamais je n’avais vue telle noirceur dans les yeux d’un vampire. Ses longs cheveux blond vénitien tombaient en cascade, sur ses frêles épaules dénudées par la coupe élégante de sa robe de soirée. La finesse et l’apparente fragilité de son corps de poupée de porcelaine ne me trompaient pas ; son âge dépassait l’entendement, le pouvoir qui émanait d’elle me coupait le souffle.

_ J’avais hâte de te rencontrer, me confia-t-elle en souriant.

Le carcan brumeux qui m’avait ôté tout contact avec la réalité se dissipa peu à peu, me rendant mes sens. Serket me quitta des yeux, élargissant son sourire ravi, et s’éloigna vers le fond de la salle. Je la suivis du regard, à défaut de pouvoir bouger.

_ Nous avons une connaissance commune, bien que tu l’ignores encore. Taharqa, précisa-t-elle.

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas l’allusion en égyptien. Ce mot m’était inconnu, malgré ma solide maîtrise de la langue de l’arabe égyptien.

_ J’oubliais, sourit-elle. Dernièrement, il se fait appeler Voltaire.

Ainsi avait-il changé de nom. Cela était aisément compréhensible ; il aurait eu beaucoup plus de mal à se fondre dans la haute société française, en portant le nom de Taharqa.

_Vous faisiez partie de l’Ordre d’Isis ? Ma voix avait retrouvé un timbre sensiblement habituel, mis à part ses nuances d’absence voilée.

Elle se retourna vers moi, ce sourire ravi toujours accroché à ses lèvres couleur chair ; en l’occurrence, couleur marbre.

_ Tiy nous a créé tous les deux. Moi d’abord, Taharqa ensuite. A seulement quelques heures d’écart.
_ Quel âge avez-vous ?
_ 2930 ans

La réponse avait été donnée avec un sourire blasé ; j’en eus le vertige. Elle avait vécu presque trois millénaires dans cette condition, condamnée à l’éternité. Le pouvoir et la consistance de son physique s’expliquaient clairement.

_ Vous ne dégagez pas les mêmes choses que Voltaire. Il est moins … impressionnant.
_ Parce qu’il est resté plus d’un millénaire enfermé dans le Tombeau de Seth, à Avaris. Je l’y avais enfermé moi-même ; deux de mes Fils le surveillaient. Jusqu’à ce qu’il finisse par rompre son Sommeil. Durant ce temps, il n’a pas profité des bienfaits de l’Immortalité.

Ainsi donc, les Vampires pouvaient subir le sommeil mais, dans leur situation, il avait l’effet inverse de celui des humains ; à défaut de les renforcer, il les préservait dans l’état actuel de leurs forces.

_ Tiy n’est pas morte à proprement parler, répondit Serket à ma question mentale. Sinon quoi mon frère et moi serions morts –car oui, dans cette vie comme dans la précédente, Taharqa était mon frère. Les Prêcheurs du Pharaon ont utilisé une pratique de magie qui l’a privée de son essence. Ils l’ont enfermée dans un vase canope et réduit son corps à l’état de cendres. Je ne connais aucun autre moyen qui permette de se libérer de l’emprise de son créateur, acheva-t-elle en répondant une fois de plus à ma question mentale.

Un poids énorme s’abattit sur mes épaules, en saisissant le sens de sa dernière phrase. Ces derniers mois, mon envie de me détruire s’était muée en une féroce volonté de briser le lien qui m’unissait à mon Créateur ; Serket venait de m’avouer qu’il n’en existait certainement pas.

_ Mais, d’une certaine manière, tu es parvenu à te libérer de ce carcan ; même si les lois naturelles de la Conception te restent imposées. Tu es un immortel sans Clan.

Je remarquai la lueur de tristesse qui brillait dans l’océan ténébreux de ses prunelles ; elle avait de la peine pour moi.

_ Pourquoi tant de pitié dans votre regard ? Lui demandai-je enfin.
_ Ne t’ais-tu jamais demandé pourquoi les Vampires vivaient en clans ? Pourquoi les Embryons s’exilaient d’Alexandria vers Cairo ? Pourquoi ceux-ci, à peine arrivés ici, disparaissaient ?

Je m’étais posé toutes ces questions, sans toutefois les relier. Aujourd’hui, je visualisais ces jeunes vampires, voyageant de la côte méditerranéenne vers le centre vital de l’Egypte. Mais je n’en saisissais toujours pas le sens.

_ Ou pourquoi, progressivement, ton vœu féroce de t’ôter la vie s’était mu en besoin d’observer les immortels du Caire ?

Jusqu’à ce moment, je n’avais pas saisi ce changement, qui s’était effectué sur la longueur, lentement mais inlassablement. Les mots avaient pleinement exprimé ce que mon subconscient savait pertinemment ; j’avais besoin de la proximité des Vampires.

_ Le lien entre un Créateur et son Fils est trop puissant pour être descriptible. Et, à vrai dire, le lien de la mort du Créateur et de son Fils, ne serait pas indispensable pour que celui-ci restât avec lui. Chaque Vampire a besoin d’être aux côtés d’un Créateur, d’un chef de clan, sinon sa force, sa rapidité, ses instincts de prédateur s’affaiblissent et, au final, l’empêchent de se nourrir. Tu as connu cette situation, Necurat ; dans les quelques jours suivant ta transformation. Taharqa espérait que tu saisisses ce lien, mais cela n’a fait qu’entamer ta progressive maîtrise de ta soif.
» Et depuis quelques années, malgré ta volonté de découvrir les origines des Immortels, tu ne parviens pas à t’arracher à l’emprise du plus grand rassemblement de Vampires du nord de l’Afrique. Parce que tu sens la présence d’un Chef de clan ; plus exactement de plusieurs chefs de Clan et que ton besoin d’appartenance à l’un d’eux devient une nécessité.
_ Que dois-je faire ?

Serket abandonna l’expression grave, empreinte de tristesse qui s’était peinte sur son visage et, sans un bruit, glissant presque sur le sol, vint me faire face et me pris les deux mains ; sa peau, lisse et gelée, me procura un frisson de plaisir.

_ Rester. Pour l’instant tout au moins. Tant que Taharqa sera ici.

Je relevai les yeux vers elle, une once de haine froide s’aventurant dans les profondeurs dorées de mes prunelles.

_ Que fait-il ici ? Finis-je par articuler, en essayant au mieux de contrôler les trémolos de ma voix d’ordinaire suave.
_ Rien à voir avec toi, précisa-t-elle en souriant. Une simple rivalité fraternelle ; je soutiens le régime du Sultan Mustafa III et mon très cher frère s’amuse à lapider ce dernier de ses gentils discours. Elle l’accompagne

Je compris qu’en ces mots elle mentionnait Denise ; peut-être le suivait-elle dans chacun de ses déplacements, comme la relique la plus précieuse de sa possession.
__________


Le Clan de Serket m’accueillit aimablement, bien que je ne tardai pas à remarquer la vive défiance qui guettait, dans leurs yeux, face à mon régime spécial. Eux se nourrissaient tous les jours et ne comprenaient certainement pas mon refus de ne pas boire plus que nécessaire. Cependant, leur Créatrice me tenait en grande estime ; ce que je ne parvenais pas à comprendre et nul doute que ce lien particulier les empêchait ne serait-ce que de penser trop fort.
Elle m’apprit en quelques jours la fonction essentielle de son clan : maîtriser tous les autres Clans de la ville. Le but étant, tout à la fois, de s’assurer que les humains ne décelaient pas leur présence. L’Effusion était encore dans tous les esprits ; durant la période de l’Ancienne Egypte, les humains avaient tenté d’éradiquer tous les vampires de la terre sainte. Ce Génocide avait failli parvenir à ses fins ; le Clan de Tiy n’avait figuré que parmi une longue liste de destruction. Le Clan de Serket, une des Vampires les plus anciennes du monde –et plus puissantes-, veillait scrupuleusement à leur clandestinité ; chaque Embryon repéré était intégré à un Clan ou tué ; chaque conflit avéré se résolvait par la destruction des deux clans et chaque agression non autorisée sur un humain amenait la destruction de tout le Clan.
J’attendis avec une certaine appréhension inavouée le moment où elle viendrait m’apprendre que Voltaire –ou Taharqa, comme elle l’appelait- avait quitté l’Egypte. Ce moment arriva enfin.

Cairo, Egypte
11 Mars 1862


_ Je ne peux plus te protéger

La tristesse de Serket cingla. Me gifla. Je m'attendais au jour où je pourrais partir. Mais pas pour cette raison.

_ Je ne comprends, tentai-je de lui faire comprendre.
_ Emheb t'a surpris.
_ Surpris en train de faire quoi ?
_ De t'abreuver.

Nul doute que la surprise ne manqua pas de s'inscrire dans les traits marmoréens de mon visage. Emheb, l'un de mes plus fervents détracteurs au sein du Clan, en viendrait à se révolter contre mon besoin de boire ? Lui qui, deux jours auparavant encore, critiquait mon « régime alimentaire » ?

_ Sais-tu qui était ta victime ? Me demanda Serket, d'une voix si froide que j'eus du mal à la reconnaître.
_ Non, j'avoue ne pas m'en être préoccuper plus que de raison.
_ Maât Snekh.

Ce nom m'était inconnu, aussi loin que je me souvienne.

_ Sénateur en mission diplomatique au Caire. Je viens de le tuer, ajouta-t-elle.

Mes yeux s'écarquillèrent, devant la vérité qui s'étendait à mes pieds. Une seule raison pouvait pousser Serket à tuer un homme dont elle ne comptait pas s'abreuver : il en savait trop et devait mourir. Les seules personnes supportant ce châtiment étaient celles protégées par les Vampires, afin de préserver leur secret. Serket réparait les bêtises en quelque sorte. Le Vampire fautif était, immanquablement, détruit par le feu pour son idiotie.

_ Et c'est moi que tu vas tuer, maintenant ? Lui demandai-je, plus raide qu'un piquet.
_ La porte, sur ta droite, donne sur le désert.

Mon regard pourpre s'ancra dans le sien ; j'y lus plus de tristesse que de raison. Ce lien existant entre nous était ma seule raison de vivre, actuellement. Elle n'avait jamais su ce qu'elle représentait pour moi ; elle m'avait offert une protection et un accueil qui m'avaient, qui plus est, permis d'en apprendre d'avantage sur mes origines. Sur moi-même.
La porte claqua derrière moi. Les premiers grains de sable vinrent fouetter mon visage.

__________

Mer méditerranéenne
18 Juillet 1865


Les mains posées sur la rambarde de bois, les embruns de la mer s’insufflant dans mes longs cheveux bruns, je fermai les yeux. Un instant. Le temps de me remémorer la meilleure partie de ma vie d’immortel, jusqu’à maintenant. Le visage angélique de Serket s’épanouit derrière mes paupières. Seul ce léger froissement, s’alliant au claquement des vagues, me poussa à briser ce moment.
Un oiseau en papier voletait à hauteur de mon visage. Je souris.
__________


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1865 à 1993 – Appelez-moi Jasper


Si mon départ d’Egypte s’était imposé comme une certitude inébranlable, la précision de ma destination, elle, restait des plus floues. Je savais qu’il me fallait mettre le plus de distance possible entre le Clan de Serket et moi, ne serait-ce que pour bannir l’envie irrépressible de la rejoindre. Mais il m’était impossible d’ignorer mes premiers démons ; le Clan de Voltaire. Il voyageait beaucoup, la preuve m’en avait été faite par le passé. Sa réputation était ancrée en France, il m’avait transformé en Allemagne, m’avait intégré à mon existence de Vampire en Italie et effectué un bref séjour en Egypte. Quelle destination serait la plus à même de me permettre de l’éviter ? Et, surtout, de l’éviter elle. Car ma principale motivation était celle-ci ; éviter à tous prix Denise.
Ainsi, je remontai vers le nord, par voie maritime. Tout d’abord en longeant la côte du Portugal, errant d’un navire à un autre au gré des rumeurs circulant ; la plupart fuyant le monstre qui vidait de leur sang ses victimes. J’eus le plaisir de frôler les côtes françaises et me plus à humer l’odeur particulière de mes terres de naissance. Si loin déjà …
Et finalement, le Whistle s’amarra au port de Londres. Je fus frappé par l’atmosphère qui bordait la tamise ; cette sorte de torpeur enveloppée dans son drap de brume. Je sus immédiatement qu’il me serait facile de m’intégrer à cette société en plein essor, où la pâleur épidermique et la pénombre mentale étaient l’affaire de chacun. Je m’installai au cœur de ce qui deviendrait La City.
Plusieurs semaines d’observation me furent nécessaires pour constater que les Vampires étaient assez présents à Londres. Un doute s'immisça en moi : et si le Clan Voltaire s'était dilapidé dans toute l'Europe ? Où serais-je certain de ne pas les rencontrer ? Outre-atlantique...
__________

Molesworth Hall, Nouvelle Orléans
9 Octobre 1903


Elle leva les yeux du drap blanc, déposé sur le corps mort de son mari et, d’un simple et équivoque geste de la main, essuya les larmes qui s’extirpaient des coins de ses yeux. Elle traversa le salon et ouvrit la porte, d’où provenaient les coups frappés. Dévoilant un vagabond. Le vagabond.
Mon regard quitta l’impromptue prévisibilité de ce dernier, pour venir se poser vers cette silhouette, se dessinant dans la pénombre de la salle, installée, confortablement, dans son fauteuil. Son regard émeraude plantée sur la scène où, déjà, la femme quittait le salon pour aller alerter le jeune berger, de la soi-disant mort de son mari. Dans quelques instants, elle reviendrait et le véritable noyau de la pièce de Synge se dévoilerait sous les yeux des spectateurs installés dans le théâtre. Quant à moi, comme chaque vendredi soir depuis de longues semaines, je délaissai le déroulement de la pièce de théâtre pour me laisser submerger par cette sensation somme toute nouvelle. Une vague monstrueuse qui recouvrait tout raisonnement, toute raison. Pour ne laisser que ma soif s’enflammer. Elle était là. Trois rangs sous moi. Comme la première fois. Quatre semaines plus tôt. Ou presque. Depuis ce premier jour et le choc qu’il avait provoqué en moi, j’avais demandé à obtenir un siège beaucoup plus éloigné, pour atténuer la force de sa fragrance. Ses résidus dissolus me parvenaient encore, cependant, comme filtrés par un épais mur de voiles. Je pouvais m’en délecter sans éprouver cette peur de perdre tout contrôle et de détruire le masque que je m’étais confectionné pour arpenter, sans risque, les rues de la Nouvelle Orléans. Mais il me la fallait, coûte que coûte. Rien n’occupait plus mon esprit, depuis ce jour, que planter mes dents dans sa gorge et la vider de tout ce merveilleux sang. Tant qu’elle vivrait, je ne pourrais pas vivre à proprement parler.
Les premiers applaudissements retentirent enfin, au moment où la lumière revenait petit à petit dans la salle, venant caresser la surface de mes prunelles noires gorgées de prune. Emporté par les soubresauts communs, je me levai à mon tour sans jamais quitter des yeux Elisabeth Keithless. Souriant aimablement à son père, elle le suivit le long des marches et remonta vers le hall d’accueil. J’attendais patiemment qu’elle eût passé le seuil de la salle de spectacle pour entamer ma convergence vers le même lieu. Me faufilant avec grâce entre les débatteurs, enthousiasmés ou réticents, je parvins enfin à mes fins et émergeai dans l’immense hall. Ne me laissant guider que par mon odorat, je la repérai, auprès des portes vitrées. Elle patientait, cependant que son père s’entretenait avec ferveur avec un haut homme d’état. Son cœur battait lentement, imprégné du calme qui émanait d’elle. Elle s’ennuyait. Simplement. Comme moi je m’ennuyai de ne pouvoir me délecter d’elle.
Je me dirigeai immédiatement vers une porte, sur ma gauche, donnant directement sur la rue traverse, sombre, qui venait croiser le grand boulevard et avançai jusqu’à son extrémité. Blotti dans la nuit, j’attendis. Pendant une dizaine de minutes, pas une de plus. Comme chaque vendredi. Et, il sortit. Descendant les marches en fermant celle d’Elisabeth. Déjà, elle entrait dans le véhicule et s’y installait confortablement. Elle sortait une lettre de son sac. La dernière lettre que lui avait envoyée Jasper Duncan Osborne.

_ Tu perds ton temps, Necurat

Je me retournai, interpelé par l’emploi de mon nom d’Immortel, le nom que portait, selon nos légendes, mon âme endolorie par ma transformation. Il me faisait face. L’ennui le plus profond marqua mes traits.

_ L’ennui saurait m’être moins pénible que toi, lui lançai-je, armé d’un sourire narquois.
_ Sans nul doute, sourit-il.
_ Que me vaut le déplaisir de ta prévisibilité ?
_ Kerveri

Mon sourire s’atténua. Kerveri. L'un des Vampires les plus redoutés de la Nouvelle Orléans. Ce Vampire, tout juste plus âgé que moi qui ne cessait de me harceler pour rejoindre ses rangs et, accessoirement, en apprendre plus sur son rival, Voltaire.

_ Il me semblait pourtant avoir été assez claire avec lui, la dernière fois.
_ L’entêtement fait partie de ses nombreuses qualités.
_ La solitude est ma seule compagne. Votre société ne m’intéresse pas.
_ Tu préfères Elisabeth Keithless

Je remarquai sans mal l’amusement qui teintait la couleur de sa voix, aux intonations sans cesse plus joyeuses. Pourtant, une légère ombre vint l’assombrir.

_ Kerveri ne te laissera pas faire. Elle est la fille de Rodolphe Keithless, celui qui lui permet l’existence de son groupe. Si un Vampire tuait sa fille, c’en serait fini.
_ Certes

Le mépris suinta par les six lettres de ce simple terme. Je voulais Elisabeth Keithless et je l’aurais.
__________

Le Léthé, Nouvelle Orléans
10 Octobre 1903


La lumière irradia l’intérieur de la lampe à pétrole portable, sitôt que j’en eus tourné la molette. Cette pâle lueur suffit à éclairer la surface du bureau et à repérer ce que je recherchais. Une longue lettre, couverte d’une écriture haute et fine, d’une couleur bleu nuit qui s’accordait parfaitement avec sa propriétaire. Elisabeth. Confortablement assis, je débutais la lecture :
« Jasper, j’ose espérer que mon empressement à vous retourner une réponse ne vous effrayera pas. J’éprouve au moment de la rédaction un sentiment si fort qu’il m’apparaît comme une obligation inéluctable de pencher mon ressenti sur papier et qui mieux que vous, mon âme sœur, pourrait saisir, interpréter et comprendre à la perfection les travers de mon cœur ? Nul autre. Notre osmose est telle que, sans jamais vous avoir rencontré, je devine l’harmonie absolue qui ne peut que résider de notre présence dans une seule et même pièce.
Il me tarde d’être à demain […] »
Gémissements. Je reposai la lettre sur le bureau, mon regard s’attardant sur les mots « à demain ». Je me relevai de mon siège et, pivotant sur moi-même, m’approchai du fond de la salle, m’accroupissant à proximité du mur. Gémissements. Dans la pénombre totale, la pupille de mes yeux gorgés de dorures, s’élargit et me permit de voir comme en plein jour. Gémissements. Une silhouette était prostrée contre le sol, se tortillant. Gémissements. De douleur. Il souffrait. Gémissement.

_ Bonjour Jasper, lui souris-je, prédateur.

Je plongeai droit sur sa gorge, plantant mes canines dans la fine peau de son cou. Interrompant les gémissements. Je le vidai de son sang.
__________


Tout s’était passé comme je l’avais espéré. A un détail près. Elisabeth m’attendait sous l’Arche de Wellington, au centre de la place, éblouissante dans son épaisse robe en mousseline blanche. Son cocher attendait, impassible, auprès de la carriole stationnée à plusieurs mètres de là. Elle guettait le moment où son mystérieux amoureux, l’homme avec qui elle avait entretenu une relation par l’intermédiaire de simples courriers, Jasper D. Osborne, viendrait à elle. Proie de l’impatience, elle surveillait le moment où celui dont peu de gens connaissaient le visage, briserait cette brume de mystère pour réaliser ce moment tant espéré. Elle sourit tout le long de notre après-midi, éberlué par ma façon de parler « d’un autre âge » et la pâle beauté de mes traits –cela, je le sus en sondant son esprit. Déjà, elle voulait me revoir. Je lui proposais la deuxième étape de mon plan ; un séjour dans ma résidence près à McCombr. Après avoir songé à un subterfuge pour pallier à la surprotection de son père, elle accepta. Le rendez-vous était pris pour dans quinze jours.
__________

Le Léthé, Nouvelle Orléans
4 Novembre 1903


Le cocher de Rodolphe Keithless me déposa à la grille du Léthé, le mystérieux manoir de Jasper Duncan Osborne. Depuis quinze jours, trois personnes (Elisabeth, son père et leur cocher) m’avaient régulièrement appelé par ce nom. Jamais je ne m’étais écarté du personnage que j’étais censé jouer ; je l’avais même fait avec un plaisir sournois, où s’invitait un humour subtile et fier dont je n’avais gratté que la surface jusqu’alors.
Mon plan s’était déroulé à la perfection. Elisabeth et moi nous étions retrouvés seuls dans ma résidence de McComb, pendant plusieurs jours. Plus qu’il n’en fallait pour détruire les faibles protections qu’elle avait conservé à mon égard et pour l’amener à me désirer plus que de raison. Plus qu’il n’en fallait pour l’immobiliser par les baisers et la passion et planter mes crocs dans sa gorge. Plus qu’il n’en fallait pour la vider de son sang exquis, jusqu’à la dernière goutte. J’éprouvai à ce moment une légère déception ; la fragrance qui émanait d’elle (mélangeant odeur corporelle et sanguine) n’était pas à la hauteur du goût de son sang, beaucoup trop relevé à mon goût. J’avais bâclé le travail, à mon plus grand déplaisir.
Alors que son corps gisait encore à mes pieds et à ceux du lit à baldaquin, j’avais écrit une lettre à l’intention de Sir Rodolphe Keithless pour lui expliquer que sa fille s’était noyée dans le lac bordant la résidence, s’y aventurant sans ma permission. Malgré la souffrance, il ne lui vint même pas à l’esprit de m’accuser ; il connaissait la témérité de sa défunte fille.
Je supportais sans geindre le long trajet du retour, en compagnie du cocher et du corps de ma victime.
Avant de me quitter et de se diriger vers la demeure des Keithless, le cocher m’indiqua que les obsèques auraient très certainement lieu d’ici quelques jours au Manoir de Rodolphe. J’acquiesçai ; j’étais en deuil, mais seulement de déception.
Qu’étais-je censé faire désormais ? Disparaître et laisser planer le mystère sur la subite disparition de Jasper D. Osborne ? Fuir une fois de plus pour me trouver un nouveau foyer passager ? Je posai mon regard sur la sombre demeure d’une de mes plus récentes victimes. Tout le monde me prenait pour Osborne. Le meurtre d’Elisabeth maquillé, rien ne m’empêchait de rester à la Nouvelle Orléans ; même Kerveri y consentirait. Je poussai la grille grinçante du portail et, après avoir remonter l’allée de pierre blanche, gravit les marches du perron ombragé. Un majordome m’accueillit, ouvrant la lourde porte de la demeure.

_ Monsieur ?

Aucune agression ne transparaissait dans son visage ; en tuant son propriétaire, je m’étais accaparé sa servitude. Tant que je lui ordonnerais de préserver mes secrets, il s’y tiendrait.

_ Appelez-moi Jasper, souris-je
__________


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A l’instar de la plupart des habitants de la Nouvelle Orléans pour qui le nom Osborne évoquait quelque chose je ne connaissais que très peu de chose à propos de lui : un jeune homme de vingt-quatre ans, orphelin de ses deux parents, qui avait hérité de leur fortune colossale et du manoir, à l’extérieur de la capitale Louisianne. Il s’y était retiré et n’en sortait jamais, se morfondant dans l’écriture de romans.
Fort heureusement, le manoir fourmillait de salles en référence à sa lignée. Une lignée originaire d’Angleterre, liée aux pionniers qui avaient implanté la culture britannique au nouveau monde américain. Ils s’y étaient installés, avaient essayé d’y construire une ville ; en vain. Les colons américains de cette région, ouvertement opposés aux envahisseurs, les poussèrent à fuir et, finalement, ils revinrent en Angleterre. Seule demeura le Léthé, ce magnifique manoir bâti à proximité de la Nouvelle Orléans et dans lequel grandit Jasper Duncan Osborne.
L'arbre généalogique des Osborne dénotait une certaine défiance face aux différences de classe. Les premières lignes de cette lignée dévoilait des noms hautement nobles ; mais, plus bas, des noms plus modestes venaient les accompagner sans que jamais la fortune de la famille ne décrût.
Je tombai, enfin, après multiples recherches, sur le Journal de Bord de Jasper et découvris une âme meurtrie. Pour la première fois de toute mon existence d’Immortel, j’éprouvais une incommensurable pitié envers une de mes victimes –jusqu’alors, je m’étais évertué à ne pas trop en apprendre sur elle, pour faciliter la tâche déjà pénible de l’étanchéité de ma soif. Une pitié mais aussi une certaine satisfaction à lui apporter la libération qu’il avait tant espéré.
Les années passèrent, ainsi, et je découvrais progressivement tous les secrets de la famille Osborne enfermés dans le manoir. Jusqu’à ouvrir la bibliothèque qui faisait toute la fierté de cette généalogie : L’Infusia Librare. Une immense pièce renfermant une quantité faramineuse de grimoires, comportant des compositions de Potions parmi lesquelles figuraient certaines des plus mystérieuses au monde. Au travers de cette salle incroyable, je redécouvris l’art des potions, la manière de jouer avec les nuances des ingrédients pour produire des décoctions invraisemblables.
Sernus Osborne, le nom le plus élevé sur l'arbre généalogique, était énoncé comme un « fou ». Je n'eus aucun mal à comprendre pourquoi. Il se définissait lui-même comme un Alchimiste. Et s'évertua à tirer de l'homme et de l'âme des propriétés que d'autres définissaient comme chimériques. Par extension, il s'intéressa de près aux propriétés du sang humain. Je ne tardai pas à me passionner pour ses recherches et les dirigeai vers mon propre sang.

Le Léthé, Nouvelle Orléans
4 Novembre 1903


Tru:Blood – La solution à nos cauchemars ?
Tru:blood ou la réponse de nos amis chercheurs du pays du soleil levant à la découverte de l'existence des Vampires dans notre monde. Un substitut sanguin censé apporté à ceux-ci les besoins énergétiques qui sont les leurs. Les japonais, fiers de leur découverte, auraient-ils oublié que les Immortels sont avant tout des prédateurs ? Auraient-ils l'idée de proposer, docilement, des pochettes de sang à un Tigre du Bengale ? Nul doute sur la réponse à cette question.
Le Tru:Blood règlera certainement quelques problèmes mais le noyau ne se situe pas là. La lutte des nouvelles classes (mort et non-morts) débute seulement, à l'heure où le Fellowship of the sun et l'AVL s'imposent clairement comme les points de ralliement des deux camps. Pensons-nous vraiment que le Tru:blood suffira ?


Je refermai doucement les pages du journal, le posant sur l'accoudoir sur lequel reposait déjà mon bras droit. Mon regard mordoré alla vriller les flammes qui s'élevaient dans l'âtre de la cheminée. Un sourire narquois se peignit sur mes lèvres marmoréennes.


_________



la Fin du Voyage
« Nous sommes bientôt arrivés. Quel dommage, j'aurais aimé encore longtemps vous parler. Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin... »



    P S E U D O
    Alehi

    P A Y S & R E G I O N
    France, Centre

    A G E
    23 ans

    A V A T A R
    Feat Jamie Dornan

    P O S T E V A C A N T

    F R E Q U E N C E
    5/7

    C O M M E N T A I R E S
    Une bouteille de type A serait parfait ;)
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Cette fois, c'est bel et bien fini. Je n'obligerais personne à tout lire. Quoique... 377737
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Bienvenido, amigo!
« Je te présentes Dante, enfant de la nuit; il va s'occuper de ta validation. Mais ne t'inquiètes pas! Il a beau mordre, il te laissera le temps de profiter de tes premiers instants dans le jeu. »



Avant toute chose, permets moi de te souhaiter de tout coeur, de ma part ainsi que de celle de toute l'équipe, la bienvenue sur... True Blood!

Maintenant que ton terrible périple est terminée, tu a droit à un face à face privilégié avec le juge, qui va te dire si tu peux accéder au Saint-Graal, ou si tu dois faire demi-tour et te soumettre une nouvelle fois à la tâche.


Alors, alors... Je dois avouer avoir eu légèrement peur en voyant la longueur de ta fiche, et m'être posé des questions; la qualité sera-t-elle à la hauteur de la quantité? Je dois dire que je n'ai été aucunement déçu! J'ai littéralement avalé cette histoire, et je me suis surpris à me voir, accompagnant ce personnage qu'est le tien à travers ses aventures. Du côté de l'écriture, je n'ai pas remarqué de fautes flagrantes, ou d'erreurs de syntaxe. Ainsi donc, pour ma première validation, je crois que je n'ai pas tellement de travail.

Oui, mais... Parce qu'il faut toujours des défauts, j'en ai remarqué quelques uns. Tout d'abord, concernant la nourriture, bien que cela ne soit qu'un détail (de toute façon, détails mis à part, je ne vois pas ce qu'il y a à redire); tu dis que ton créateur a survécu dans le désert en se nourrissant du sang des animaux présents là-bas. Cependant, un vampire ne peut se nourrir exclusivement d'animaux; il mourrait de faim. Second détail, toujours en rapport avec ton maître; ("_ J’ai quelque chose pour toi..." Ses lèvres n’avaient pas bougé). Cela signifie-t-il qu'il use de télépathie? Si oui, les vampires ne peuvent pas utiliser la télépathie (ils ont les mêmes dons que ceux de la série, rien de plus). Ah, j'allais oublier; tu as oublié de décrire ton régime alimentaire dans la section "race" de ton premier message.

Te demander de changer ces détails avant de te valider serait pure méchanceté, et c'est donc avec joie que je t'annonce que...

« L'éternité c'est long. Surtout sur la fin »___J A S P E R Ednortonvalidationtb
Ton périple fut long, mais, en cet instant, te voilà... validé(e)!
Yeah! Let's Rock, Baby!



Oups, ne pars pas si vite, mon jeune ami! Foncer tête baissée dans ce qui t'attend n'est pas la solution! Viens donc t'asseoir, et écoutes ce que je vais te dire; cela te sera utile, crois-moi. Tout d'abord, si tu n'a pas choisi la voie du personne prédéfini, tu remarquera que tu n'a pas d'amis, pas de famille, bref, que tu es seul (c'est triste, n'est-ce-pas?). Pour remédier à ce problème, va vite (mais pas maintenant) te faire une fiche de relations. Elle te sera utile pour te faire des amis, ou plus si affinités, sans avoir à faire un sujet pour chaque personne. Tu recevra sûrement des demandes, mais n'hésites pas à toi aussi demander aux autres! Maintenant que tu a plein de petits copains avec qui t'amuser, tu peux te diriger vers les feuilles de roleplay, où les autres membres pourront te demander un sujet. Mais comme pour les relations, n'hésites pas à toi aussi demander.

Je pense que tu ne souhaites pas vivre à la rue, et c'est tout à fait normal. Mais pour ne pas vivre à la rue, il te faut un domicile, et un domicile, ça ne se trouve pas comme ça. Diriges-toi donc en direction de l'agence immobilière la plus proche, et fais ta demande de logement. Hélas, tu aura un loyer à payer chaque mois, et, si tu n'a pas de travail, cela va être compliqué. Heureusement, la Nouvelle-Orleans est une ville civilisée, et tu peux y trouver une ANPE où tu pourra répondre aux offres d'emploi.

Je te vois trépigner d'impatience, et c'est tout à fait normal! Allez, plus que quelques minutes ensembles, et tu pourra t'envoler tel un buveur de Red Bull en direction de la section RP du forum. Toutefois, il se peut que tu rencontres des termes, des choses que tu ne comprends pas; n'aie crainte! Diriges-toi vers informations complémentaires et tu aura toutes les informations que tu souhaites. Oh, dernière petite chose avant que je ne te quittes; nous avons mis en place un système de points; les Gouttes de Sang. Ces points, que tu gagnera au fur et à mesure de ta participation sur le forum, te permettront de donner une seconde jeunesse à ton aventure ici-bas, en les échangeant contre des bonus divers et variés. Pour gagner ces points, tu peux aussi devenir journaliste, animateur, ou muse.
Enfin, pour vivre, le forum a besoin de membres, et pour avoir des membres, nous avons besoin de toi, et de tous tes proches qui pourraient nous rejoindre. N'oublies pas; plus on est de fous, plus on rit!



A présent, ton serviteur n'a plus rien à t'apprendre.
Maintenant, envoles-toi, petit oiseau, va vers le RP, le flood, et les défis!
Hum... Bon jeu sur
True Blood!
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