daphné ▬ hell above and heaven below (uc)

La marée étalait lentement ses vagues, allant et venant sur le petit corps de Daphné qui s'était plongé dans cette petite mer intérieure, et que par intermittence elle immergeait complètement, ne laissant à la surface que quelques bulles s'éclatant dans l'air et éclaboussant les oiseaux. D'aussi loin qu'elle se souvienne, Daphné avait toujours aimé la mer, la montée de la marée et le mouvement incessant et inaltérable des vagues qui s'écrase sur le visage. Elle pouvait rester des heures sur la plage à simplement regarder monter lentement la ligne de l'eau jusqu'à ce qu'elle vienne chatouiller ses pieds et ne l'y attire irrésistiblement toute habillée, et que cela n'entraîne immanquablement l'arrivée de sa mère qui la trainant par le bras la trainait dans le sable et puis la terre et puis le goudron jusqu'à la maison. Daphné avait beau savoir où cela la menait à chaque fois, elle ne pouvait résister à l'appel du large, et des profondeurs de l'océan.
Daphné avait fermé la porte de son petit monde à clé, afin que personne ne puisse déranger cette étendue d'eau sauvage qu'elle s'était inventée au milieu des murs où on l'avait enfermé, car elle avait compris que si on pouvait l'enserrer ici, elle pourrait toujours s'échapper par la petite porte dans sa tête, celle qui ouvre sur un autre monde et transporte la vision d'une salle de bain en une plage sauvage et battue par les vagues et par les vents. Daphné savait comment transformer la plus insignifiante chose en un extraordinaire brin de magie pure dans ses yeux, car ceux-ci savait voir le monde d'une autre façon que les hommes le voient. Mais trop souvent la réalité du monde avait frappé ses yeux, jusqu'au point presque de les aveugler, et Daphné ne savait presque plus maintenant comment regarder le monde avec les si beaux yeux d'enfant qu'elle avait, de ce vert bleuté qui bouleverse d'ordinaire les mères, mais pas la sienne, et qui à force s'étaient terni car personne n'était là pour les regarder briller. Alors maintenant elle cherchait par tous les moyens à retrouver cette vision, ce filtre doux sur le monde brut et tranchant, et elle pensait à cet instant en avoir trouvé une ébauche quand ses yeux abîmés regardaient à travers la surface de l'eau le plafond dont les carreaux n'étaient plus droits, mais voguaient et dérivaient en de douces arabesques que sa mère aurait traités de folies.
Si sa mère, ou même son père, entrait en ce moment qu'elle ne voulait qu'à elle, nul doute de ce qu'il aurait dit et fait : comme à chaque fois elle serait tirée hors de l'eau par les cheveux et brusquement sortie de la douceur de l'eau sur sa peau, du flottement nébuleux de ses cheveux autour de son visage, des images tremblantes dans ses yeux. Peut-être, pour appuyer les clous plantés dans ses mains, en espérant que cela définitivement étoufferaient ses envies contraires à leurs volontés, on couperait sèchement ses cheveux roux flamboyant comme ceux de Jolene, que sa mère traitait toujours de « cheveux du diable », insulte suprême à une famille si pieuse et si parfaite. Mais Daphné et Jolene avaient bien compris que Dieu et le Diable n'étaient que des mensonges qu'ont racontait aux enfants mais que leur mère et leur père avait alors et jusqu'à maintenant, sans raison que cela change, cru dur comme fer, sans pour autant parvenir à ancrer cette foi dans le crâne de ces filles qu'ils avaient voulues parfaites et qui s'étaient révélées à leurs yeux si imparfaites.
Mais de ce qu'elle faisait ici ses parents ne savaient rien, même si l'on dirait que prendre un bain ne semblait pas mériter toutes les représailles que Daphné craint, mais chez les sœurs Mosshart, simplement tenir un rouge à lèvres pour petite fille parfumé à la framboise vous valait la peine d'emprisonnement à perpétuité, pour un crime qu'elle ne comprenait pas, mais qu'elle ne contestait plus, de peur que la peine s'accompagne de sévices bien plus insupportables. Après tout, même enfermée, elle savait bien s'évader, en voguant quelque part dans l'océan de ses pensées, s'échouant sur le rivage de ses souvenirs, s'abîmant dans l'abysse des regrets et des déceptions ou s'emmitouflant dans l'écume moelleuse des rêves. Malheureusement, même dans ce monde d'eau et de lumière qui a elle seule appartenait, elle ne pouvait rester seule, car ses parents même lui, dernier refuge de sa liberté, voulaient le contrôler et l'étouffer en le gavant de bonnes convenances, et de tout ce qu'ils voulaient qu'elle soit et qu'eux-mêmes n'étaient pas, car Daphné avait bien compris que sous son masque de parfaite mère au foyer qui jamais n'avait vécu d'autre vie et se contentait du repassage, de la vaisselle et de la couture de robes bien trop longues et informes à ses filles qui s'empressaient de les changer une fois sortie de sa vue, sa mère tentait de dissimuler bien des choses dont elle ne connaissait certes pas la nature exacte mais qui lui semblaient bien plus sombre que ce qu'elle ne pouvait supporter de laisser entrevoir.
Cela, Daphné le comprenait quand sa mère lui prétendait et prétendait aux voisins qu'elle n'avait jamais eu que deux filles, Daphné et Jolene, alors que Daphné se souvenait de l'image certes vacillante, certes confondue avec celle de Jolene, car leurs visages étaient si semblables mais pourtant comme les sœurs savent à leurs âmes se reconnaître si différents. C'était l'image de Lauren, celle qui avait disparu, qu'on avait voulu oublier. Mais un souvenir ne s'oublie pas si facilement, et surtout pas un souvenir de cette ampleur qui fait partie de vous et laisse un vide à jamais irremplaçable. Daphné l'avait crié, pour ne pas que le souvenir de cette sœur qu'elle n'avait que peu connue ne s'efface pas dans leurs mémoires, parce que Jolene n'osait pas le faire mais en mourrait d'envie, et elle avait été frappée, enfermée, enchaînée, pour que plus jamais on ne trouble l'équilibre mensonger de la famille Mosshart. C'est là aussi que Daphné avait compris que tous les efforts qu'elle pourrait faire à jamais seraient vains et qu'elle osa moins s'opposer à l'esprit si obtus de ses parents. Et maintenant que Jolene était partie faire ses études, c'est Daphné qui se retrouvait enserrée, resserrée de plus en plus chaque jour entre les murs qu'érigeaient ses parents autour d'elle. Elle aurait voulu se couler à travers le béton de ses murs, glisser au travers de la matière pour s'échapper mais elle avait compris que cela n'était pas possible, et qu'à jamais elle était enfermée entre les deux colosses de métal qu'étaient les figures de ses parents. Alors ce qu'elle avait voulu faire c'était peupler ce seul monde qu'on lui autorisait d'habiter avec des fleurs, des mers, des plages, des oiseaux, des animaux et toutes ces choses qui lui ressemblaient bien plus que les froids murs de sa geôle, mais cela même on le lui avait interdit. Ne se voyant plus vivre ainsi, elle n'avait alors vu qu'une solution à l'intolérable, une solution intolérable pour eux.
Il fallait qu'elle brise ces chaines, ces murs, à tout prix, mais elle n'avait pas réussi à détruire ceux qui la séparaient du monde des autres, alors elle savait qu'elle ne pouvait que noyer son petit monde de son univers intérieur, brisant les chaînes qui l'enfermait lui, pour qu'il s'épanouisse, inonde et balaye toutes ces choses fausses dont elle ne voulait pas. Il fallait briser cette glace, cette fine barrière, comme l'on irait patiner sur un lac geler, passant une fois deux fois tris fois au même endroit jusqu'à ce que la glace ne se brise et que l'on tombe dans l'eau glacée, et, si l'on avait inversé le haut et le bas que cette eau coule et se répande dans l'air du monde qu'elle rêvait de parcourir. C'est ainsi que les lames aiguisées du patin qu'elle avait pris sur le rebord de la baignoire entaillèrent la glace blanche et teintèrent l'univers de rouge, inondèrent le monde de son esprit qui s'échappa lentement de son enveloppe charnelle, de sa prison pour voler auprès des oiseaux, nager au coté des baleines où des truites, courir le long des racines et des branches des arbres et fleurir avec eux. Elle s'étendait là dans l'eau tiède, dans la marée montante et s'y laisser couler, s'y laissait noyer dans ses pensées, dans les folies autrefois enfermées de son esprit, ces folies qui seules savaient s'exprimer quand au printemps sous le cerisier elle s'étendait et qu'en sa présence il fleurissait pour à son tour faire fleurir son corps, telle une nymphe au coté de laquelle la nature s'épanouit, telle une nymphe que la nature se chagrine de voir si triste.
Daphné s'était transformé en laurier, en vague, en champ de coquelicot, en biche ou en dauphin. La nymphe Daphné était dans sa mer rouge, la plus belle des enfants, mais cela personne sauf les fleurs ne savait le voir ou le sentir. Cela, on voudrait à nouveau le lui arracher, la mordre jusqu'au sang pour le lui aspirer, pour le recracher ensuite, car elle n'avait pas le droit de l'être. Car elle n'avait le droit de rien être, elle qui voulait être tout, ou rien. Alors elle ne serait rien.

Bon avant de commencer le massacre l'opération, laisse moi te souhaiter en bonne et due forme la bienvenue sur True Blood de ma part ainsi que de celle de tous les autres membres du staff !

Bon, je vois que tu as finis de remplir toute la paperasse nécessaire. On va pouvoir procéder à l'auscultation, veux-tu ? Oh t'inquiète pas, rien de bien méchant hein ? Juste les trucs basiques - promis, je touche pas au scalpel ;)

Tout d'abord. Je dois dire que c'est incroyablement bien écrit. Très poétique, très beau à lire. Bravo. J'aime beaucoup.

Néanmoins. Rien qui vaille un quelconque refus de validation. C'est juste que j'ai peur de mal interpréter ce qu'il se passe dans cette salle de bain (si j'ai bien comprit que cela se passait dans une salle de bain ? XD). J'dirais juste que les phrases sont très longue, et empêche de comprendre le sens exacte de la phrase. Et encore, ça me fait chier de dire ça parce que c'est vraiment, mais vraiment, très bien écrit quoi !