Retrouvailles - PV Alex

"Constance, on a pas toute la journée merde, tu peux cesser tes enfantillages?!"

"D'abord c'est Malick mon prénom, et secondo je pourrais arrêter de jouer à la marelle, mais à quoi ça servirait? Il n'y a pas un chat Marco, détends toi un peu!"

Malick, le plus sérieusement du monde, balança son bras droit de haut en bas un oeil solidement fermé, et hop!, laissa la pière s'échapper de ses doigts fins. Cette dernière atterrit sur le gros '7' dessiné à l'aide d'une craie blanche sur le plancher de danse de son lieu de travail. Elle adorait son boulot...on se demande bien pourquoi. S'écriant victoire, la jeune vampire sautilla sur un seul pied jusqu'au numéro et leva les bras au ciel en offrant un sourire resplendissant à son gérant, qui lui, soupirait d'exaspération.

"Malick? C'est pas un prénom pour homme ça? Puis ta raison est minable, je sais pas moi, fais la vaisselle, lave les tables, fais ce qu'une employée normale est sensée faire à la fin! Rends toi utile!"

Après avoir majestueusement tiré la langue à son employeur, Malick agrippa la serpillière et effaça rapidement le jeu au sol.

"Et alors? Tu connais pas les prénoms asexués? Genre ambidextre si tu veux, ils peuvent être pour les femmes et hommes à la fois, Émanuel(le) ou Daniel(le) par exemple. Bon, eh bien j'ai décidé d'en faire de même avec Malick!"

Sous le regard quasiment pétrifié de Marco, elle continua à nettoyer le plancher tout en chantonnant. Ne sentant plus de présence derrière elle, elle sourit légèrement et laissa tomber son ménage, Marco n'était capable de l'endurer bien longtemps quand ils étaient seuls pour son plus grand plaisir. Se dirigeant vers le bar, elle sortit son énorme sac à main en dessous de la caisse et fouilla énergiquement dedans. Sa main effleura un petit contenant frais et, tout sourire, elle le serra presqu'amoureusement en le sortant de son sac. Le pot était noir, alors on ne pouvait voir ce qu'il y avait à l'intérieur. L'ouvrant doucement, Malick sentit ses pupilles se dilatées juste à l'odeur merveilleuse qui vint chatouiller ses narines. Du sang, du vrai. Il lui arrivait de payer des personnes consententes en échange d'un peu de leur sang, et c'est ce qui s'était produis la veille en ce même lieu. Elle en gardait toujours quelques gouttes pour assouvir ses pulsions de sang humain, et non celui synthétique auquel elle tentait de s'habituer pour éventuellement ne boire que celui-ci. Laissant couler le liquide dans sa gorge, elle ferma les paupières d'allégresse et apprécia le goût, jusqu'à ce qu'elle entende sa sonnerie de cellulaire sonner. En fait, il s'agissait de la sonnerie l'avertissant d'un sms entrant.

Après avoir scellé le pot et le balancer dans son sac, elle y refouilla avec ardeur pour mettre la main sur son ''bordel de foutu cell' à la con"...Malick était très patiente (...). Mettant finalementl a main dessus, elle l'ouvrit avec le sentiment qu'elle aimerait ce qu'elle y lirait. Et effectivement, son préssentiment fut exact. Si elle avait eu un coeur, celui-ci se serait mit à battre la chamade. Un texto de...lui. Alexander. Waahh...son coups de foudre d'il y avait cinq mois, qu'elle n'avait plus revu depuis leur terrible dispute le lendemain de cette soirée où elle avait découvert sa vraie nature. Nostalgique, elle mit quelques secondes avant de lire le message.

'Salut Constance, ou peu importe le prénom que t'as aujourd'hui...ça fait longtemps hein? Alors...tu me permets de revenir t'embêter dis?'

Émettant un long cri aïgue, Malick, ravie, sautilla sur place une bonne minute avant de se ressaisir et d'envoyer sa réponse à son ami, duquel elle s'ennuyait énormément.

"J'attend que ça, je m'ennuie de ta gueule...ta gueule de lycan, mais je m'ennuie quand même. ;) N'importe où, n'importe quand. Et au fait, c'est Constance, juste pour toi, juste aujourd'hui. :)"

À peine une seconde fut écoulée lorsqu'elle appuya sur 'envoyer', qu'elle sentit cette odeur, son odeur... Souriant de plus belle, elle se retourna et tomba face à face avec Alexander Gray.

Quelle monotonie ces derniers temps, toutes les enquêtes qu’on lui confiait tournait autour des vampires, du Tru Blood et autres affaires approchant ; fort de ce constat, Alexander rentrait chez lui après avoir bouclé son article à temps. Il venait d’accumuler un certain retard dans ses écrits, puisque la période de pleine lune venait de se terminer. Au détour d’une ruelle, un prénom retentit à la sortie du café : Constance ; celui-ci était emprunt de regret et de nostalgie pour le jeune homme. Cela faisait bientôt quatre mois qu’ils ne s’étaient plus donnés de nouvelles, et il devait bien avoir qu’elle lui manquait… Alex savait parfaitement où elle se trouvait ; par curiosité mal placée ou tout simplement protectionnisme exacerbé, il avait suivi ses pérégrinations. C’était décidé ! Son travail l’ennuyait, cette ville aussi ; le moment était venu de déménager, bien que d’habitude, il restait cinq ou six ans au même endroit. Une lettre de démission fut écrite et transmise en main propre sans autre raison, les affaires furent empactées et prêtes à être envoyées vers leur nouvelle destination – pour le moment, un garde meuble. Habitué aux changements et aux déménagements, la routine avait rendu le voyageur très efficace et précis dans ses gestes. Direction les retrouvailles avec Constance, aucun doute à l’esprit, le lycanthrope prit la route et réfléchit au meilleur moyen de se présenter.

L’appartement, et le travail avaient déjà été trouvé. L’emménagement fut rapidement fait, et Alexander installé confortablement ; à présent, il ne restait que le point délicat de cette nouvelle situation. Son début d’après-midi fut réservé à la découverte de la ville, et au premier contact avec son employeur ; ses enquêtes concerneraient encore une fois les vampires… En ce moment, malgré ces trois années, ce sujet restait encore le principal intérêt des êtres humains ; en voyant tout ce battage, le jeune Gray était ravi de ne pas avoir à révéler son identité. Après plus de quatre cent ans d’existence en tant qu’immortel, Alex avait appris à accepter sa situation mais il n’était pas encore prêt pour le jugement et le regard des autres… Au fil des pensées, ses pas le menèrent devant le lieu de travail de son amie ; son odeur si particulière était déjà perceptible. Inspirant profondément, il vécut à nouveau leur dernière rencontre pensant à la stupidité de leur réaction… Sortant son portable, il envoya un sms et se prépara à entrer ; le jeune homme connaissait la réponse, et ne prit pas la peine de lire la réponse, il se contenta de pousser la porte et d’entrer.

_ « Salut. Eh bien me voilà avec ma gueule de loup… »

Affichant un large sourire, en réponse à celui de son interlocutrice, Alexander resta immobile dans l’entrée attendant sa réaction ; il s’apprêtait déjà à la réceptionner, connaissant son goût pour l’exagération et les câlins. Elle ne pouvait avoir changer sur ce point en quatre mois. Une autre odeur vint frapper les narines du lycanthrope, celle du sang ; ainsi il l’avait probablement interrompue dans son repas, c’était une sensation étrange que d’être en compagnie d’une personne partageant sa soif, bien que celle du jeune Gray soit plus chronique et moins prononcée le reste du temps. Il reprit alors sur un ton charmant et doux.

_ « Je peux repasser plus tard si tu préfères, je ne voudrais pas interrompre son goûter » un clin d’œil ponctua sa phrase. « Simple question, comment te fais-tu appeler à présent ? »

Même si il suivait ses déplacements, la jeune femme changeait trop souvent de prénom pour être à jour à temps. Toujours les mains dans les poches, Alexander gardait encore une certaine distance pendant qu’il observait son interlocutrice ; elle était toujours aussi belle que dans son souvenir, bien qu’il la voyait différemment à présent que son secret avait été révélé. Leur relation repartait de zéro à peu de chose près, qu’il se connaissait déjà très bien et de manière intime…

Sa respiration artificielle cessa automatiquement qu'elle vit le bel homme duquel elle avait été amoureuse auparavent. Il n'avait pas changé du tout, et ça lui fit plaisir. Plaisir qu'elle démontra assez rapidement en courant vers lui pour lui sauter littéralement au cou. Mais elle légère comme une plume, et lui bâtit et solide comme du roc, il ne cilla pas et entoura sa taille.
Malick en profita pour se blottir un peu plus contre lui et le serrer dans ses bras, ne se préoccupant pas de la force exagérée qu'elle y mettait. Éclatant de rire aux mots de son ami, elle se recula légèrement et lui serra doucement une joue à l'aide de ses doigts fins.

"J'adore ta gueule de lycan mon p'tit loup...même si j'ai dit le contraire il y a quatre mois...on a été con hein? Je m'en veux...si tu savais comme je m'ennuyais de toi!"

Reculant de quelques pas pour mieux l'admirer, elle déposa ses petits poings sur ses hanches et c'est tout sourire qu'elle répondit à son commentaire.

"Justement, je ne faisais que goûter pour me satisfaire un peu avant le grand repas de ce soir!"Ricanant légèrement, elle commença à se balancer sur ses pieds d'avant en arrière et continua. "Malick! Depuis hier...c'est joli hein? Mon patron dit que c'est un prénom d'homme...pff n'importe quoi. Je le fais flipper à chaque fois de toute manière...ça m'amuse."

Que s'était agréable de retrouver son confident, son meilleur ami, sa moitié! Comme ça, d'un claquement de doigt, ils avaient oublié leur différence et leur querelle, et c'est ce qui faisait sûrement en sorte qu'ils s'appréciaient autant. Le prenant par la main, Malick se dirigea, Alex sur ses talons, dans le back store du bar, où il y avait une petite salle pour les employés en dîner ou en pause.
Il se faisait encore très tôt, alors il n'y aurait pas de clients encore dans la prochaine heure, Malick pouvait en mettre sa main au feu tant elle connaissait le bar, et ses habitués, alors ils n'étaient heureusement pas pressés. S'installant à la table qui trônait au centre de la pièce, elle invita Alexander à en faire de même.

Face à face, Malick déposa son menton dans sa paume et observa tranquillement le loup-garou, très sexy pour un loup-garou d'ailleurs. Cette pensée l'a fit sourire et elle se rappela quelques moments intimes qu'ils avaient partagés il y avait de cela bientôt cinq mois.
Leurs nombreux fou rires, leurs activités qui finissaient toujours en catastrophe, souvent par sa faute à elle, leurs ébats amoureux, leurs conversations.... Oui, elle s'était beaucoup ennuyé et comptait reprendre le temps inutilement perdu.

"Alors dis moi...t'as fait quoi pendant tout ce temps? Où étais-tu passé? Tu travaillais où cette fois? T'as pas eu d'enmerdes hein? Depuis quand t'es revenu dans le coin? Pourquoi t'as décidé comme ça de m'écrire? Euh...en fait, raconte moi tout, je veux tout savoir."

En effet, Malick se démontrait souvent...étourdissante...

Alexander avait pris la décision de reprendre contact avec Constance après quatre mois de silence ; elle lui manquait terriblement, et il lui avait fallu tout ce temps pour l’admettre. C’était un constat difficile à admettre pour une personne solitaire comme le lycanthrope, qui avait pris soin durant de nombreuses années de ne se lier à aucun être vivant ; même ceux de sa race devenaient rarement de véritables amis, avec qui le jeune Gray abaissait toutes ses protections et ses défenses… La vampire avait réussi ce tour de force en très peu de temps. De plus, cette ville offrait d’autres avantages : ceux de retrouver de nombreuses connaissances, humaines et lycanthropes. Avec une efficacité étonnante, l’anglais avait déménagé et prit possession de ses nouveaux quartiers. Son premier geste fut de retrouver son ancienne amante, c’est ainsi qu’il prit la direction de son travail ; devant ce dernier, il hésita à entrer et chercha un moyen de reprendre contact. Un sms. Cette idée lui parut amusante, et bien dans le ton des deux compères. Le message à peine envoyé, toute appréhension quitta Alex ; il entra même au moment où la réponse lui parvenait… Un large sourire s’afficha en voyant la jeune femme surprise de le voir déjà présent, puis son nez fut chatouillé par une odeur agréable et connue. Il prit rapidement la parole pour la saluer, et la taquiner légèrement.

Sa réaction fut exactement celle qu’il attendait, elle se rua sur lui et l’enlaça ; sa légèreté était toujours aussi déconcertante, même si cette notion était tronquée par la force du jeune homme. Il passa son bras autour de sa taille, et la serra de manière mesurée contrairement à son étreinte puissante. Elle se recula, et il la laissa faire observant ses réactions avec attention. Sa réponse entraîna un léger sourire et un haussement des épaules signifiant son accord, et surtout le fait que c’était du passé à présent. Il ne put malheureusement retenir un pouffement en entendant son nouveau prénom, encore une fois, son goût prononcé pour le hors norme ressortait de manière flagrante. Alex n’ajouta qu’une simple réflexion.

_ « Bah tu ne changeras jamais à ce que je vois… »

Un large sourire et une expression heureuse s’affichèrent sur son visage, pendant qu’il suivait son amie et l’observait agir avec tant de grâce et de dynamisme. De son point de vue, elle était encore tellement humaine que s’en était déconcertant. Malgré leur différence et leurs petites disputes régulières, les deux compères s’entendaient très bien et s’appréciaient énormément ; cette complicité était perceptible pour toute personne observant les deux interlocuteurs, à travers leurs regards, leurs gestes et leurs tons. Sur invitation de Constance, Alexander prit place autour de la petite table de la salle de repos, face à elle ; il plongea son regard dans le sien, et comprit parfaitement le fond de ses pensées, une chose étrange entre eux – le fait de devenir les pensées de l’autre. De son côté, le jeune homme se remémora de nombreux moments heureux, et surtout la jeune femme dans le plus simple appareil se rappelant sa beauté et surtout sa fraîcheur. Devant le florilège de question, qui suivit ce moment de nostalgie, l’anglais lâcha un rire puissant et honnête. Tapotant le sommet du crâne de la jeune femme, comme l’aurait fait un père ou un grand frère, il reprit la parole sur ton amusé.

_ « Du calme ma grande. On a tout notre temps, et je reste ici pour un bon moment… »

Inspirant profondément, Alexander chercha par où commencer son récit. Ce n’était pas facile de relater quatre mois de sa vie aussi facilement, même si celle-ci n’avait pas été particulièrement remplie durant ce laps de temps… Durant quelques secondes, qui durent paraître une éternité à son interlocutrice, le lycanthrope ne lâcha pas celle-ci du regard et s’amusa de son impatience. Finalement, sa bouche s’ouvrit pour reprendre la parole sur un ton plus sérieux.

_ « Eh bien après cette fameuse nuit, je suis parti du côté de Seattle où j’ai trouvé un petit boulot… comme à chaque fois, même si maintenant, cela devient très ennuyeux car tout doit tourner autour des vampires. Bref rien d’intéressant. Niveau emmerde, elles se sont toutes arrêtées une fois loin de toi. » Il tira légèrement la langue à l’attention de la jeune femme « La reprise de contact. Je dirais qu’on devait être dans la même situation de manque et d’ennui l’un et l’autre, en tout cas je l’espère un peu. »

A cet instant, il marqua une pause et prit le temps d’observer la pièce dans laquelle il se trouvait. Sa réflexion portait sur les raisons l’ayant amené à venir emménager ici, certes, la présence de Constance avait une grande part dans celle-ci mais ce n’était pas tout… Effectivement, pourquoi avait-il senti le besoin de se rapprocher de ses connaissances, alors qu’une simple rencontre régulière lui suffisait auparavant… Etait-ce sa rencontre avec la jeune vampire, qui lui avait montré qu’il était encore vivant, et pouvait éprouver des émotions et vivre comme les humains… C’était une idée étrange, pour cet homme qui n’avait été qu’un observateur depuis ces quatre siècles d’existence.

_ « Pourquoi être venu ici… je me pose la question aussi. Tu en es en partie responsable, mais il se trouve que de nombreuses connaissances, dont certaines très ancienne vivent aussi ici. C’était une occasion de me rapprocher d’eux un petit peu. Et toi alors… Pourquoi cette ville ? Pourquoi ici ? Et surtout où as-tu pêché cette idée de prénom ? Désolé de te le dire, c’est pas vraiment mixte ; tu espère lancer une mode ? »

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