Retrouvailles avec le passé [LIBRE]

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Me voilà de retour ici, à la Nouvelle Orléans. Si mon cœur battait encore, il serait sorti de ma poitrine. Et pourtant, je ressens des choses, je ressens tellement de choses en me retrouvant face à ce manoir. Ce manoir dans lequel j’ai vécu tant d’années, à ses cotés…

Ho mon dieu, ce manoir me rappelle tellement de choses que j’ai peur d’en franchir la porte. Je suis là, plantée devant mon passé, retenant mes larmes. C’est ici que je suis née pour la seconde fois, c’est ici qu’il m’a aimée comme jamais personne ne l’avais fait. C’est ici qu’il est mort et qu’il m’a laissé seule dans cette sombre éternité.

Ce manoir, ils l’ont gardé pour moi. Mais où sont-ils ? Où sont mes protecteurs ? Où sont ceux qui m’ont vu renaitre ? Le manoir semble vide mais une lettre est coincée dans la porte, je m’en approche, la saisis doucement, déchire l’enveloppe et commence à lire.

« Helena. Notre belle Helena est de retour…Nous t’avons tellement attendu. Le maitre n’est plus, mais nous savons tous qu’il vit encore en toi. Sa puissance, son énergie, il t’a tout transmis. Il nous manque, tu sais, et sa mort fut douloureuse. Nous imaginons la douleur que tu puisses encore ressentir aujourd’hui, belle Helena. Mais nous n’avons jamais cessé de croire en toi. Aujourd’hui, tu es là, de nouveau, comme avant. Ce manoir t’appartient, il en est ainsi. Il aurait voulu que tu y vives, comme avant, comme si il était encore parmi nous. Le groupe ne vit plus au manoir, nous en sommes tous partis en même temps que toi. Pourtant, nous venons régulièrement l’entretenir, le préparer pour qu’il t’accueille lorsque tu seras prêtes. Ce jour est venu puisque tu es là. Je t’en prie, pousse a porte, et fais le revivre, ici, au domaine de la folie. Ta folie, la sienne, la notre, comme avant... »

Une larme coule de ma joue, je ne tente même plus de la retenir. Je referme la lettre et pousse enfin la porte ce la demeure. Il fait nuit noire, j’allume et tout me revient. Tout est exactement comme avant. Tout est en place, comme si je ne l’avais jamais quitté. Ma peau semble frissonner, je me sens encore plus glacée que d’habitude.

Je n’avance pas, je me contente de refermer la porte et de m’écrouler à genoux sur le tapis. Je pleure comme je n’avais pas pleuré depuis tant d’années. Tout est si fort, tout est encore si frais, les blessures sont si douloureuses qu’il leur faut encore un peu de temps pour se refermer. Pourtant, à la douleur se mêle le plaisir. C’est si bon de revenir. Si bon, mais tellement douloureux, encore…

Pam possédait de nombreux contacts à travers la ville, un réseau sure qui l'informait de la moindre nouvelle importante, qui lui donnait les noms des dealeurs de V. Mais surtout qui indiquaient les nouveaux vampires arrivés en ville. Et lorsqu'elle avait appris qu'un certain domaine, resté en abandon depuis quelques années, venait d'accueillir un visiteur. La vampire avait décidé de voir ça de ses propres yeux. Elle s'était éclipsée du Fangtasia, prétextant une urgence, son créateur n'avait rien dit, la soirée était calme, et même les immortels on le droit à des pauses pendant leur travail. Elle se trouvait donc planté devant ce manoir, ce même manoir dont elle était partie bien des années auparavant. Une communauté vampirique y résidait, elle avait été intrigué, la plus grande communauté qu'elle connaissait jusque là avait été le trio que formait Eric, Godric et elle même au début de son existence vampirique. Cette communauté n'avait rien à voir, ils semblaient se suffire à eux même, et être réunis autour d'un couple étrange. Elle avait appris la tragédie bien plus tardivement, lorsqu'elle était revenue à la Nouvelle Orléans.

Si les premiers temps, elle avait apprécié la compagnie de ses personnes, très vite elle était partie, son besoin d'indépendance avait reprit le dessus. Elle sentait qu'elle n'était pas à sa place, la hiérarchie qui régnait au sain de la demeure ne lui convenait pas. Vivre avec eux fut une expérience intéressante, elle apprit dès lors qu'elle ne pourrait jamais se greffer à une communauté, elle finirait invariablement pas faire ses valises et partir. Après tout elle était la raison de la scission de leur communauté, et puis elle avait même finit par quitter son créateur, bien entendu elle était revenue à ses côtés, ce genre de lien ne se brisait pas.

Pam avança ses talons claquants sur le perron, si la personne était un vampire, il ou elle était avertie de sa présence. La porte du manoir n'était pas fermé et une sombre silhouette s'en détachait. La vampire la reconnut instantanément, c'était Helena, la maîtresse des lieux, une femme étrange, son souvenir l'avait marqué, elle n'était pas de ces gens qu'on oublie facilement. Il se dégageait de ce lieu et de son occupante une impression de folie. Mais de ses folies douces et légères, non la folie, la vraie, celle qui rends mal à l'aise, celle qui terrifie, celle ou l'on se demande ce qui a pu arriver au pauvre fou. Pam ne se le demandait pas, elle le savait, cette atmosphère était étouffante, elle n'avait jamais su se lier à cette cour des miracles. Perdu dans ses souvenirs sans doute, il semblait que la maîtresse des lieux n'avait encore guère fait attention à elle, elle se signala donc, en prononçant son nom.

« Helena Burton, de retour, les rumeurs disaient vraies. »

La vampire ne bougea pas, ne préférant pas envahir l'espace de la vampire, de plus ne s'étant pas quitter dans d'excellentes conditions elle ne savait comment celle-ci allait réagir à sa présence. Pam pouvait ressentir le chagrin qui émanait d'elle, c'était quelque chose qui lui était totalement inconnu, elle était de toute façon complètement imperméable aux sentiments, du moins c'était l'image qu'elle renvoyait. Ne pas se lier évitait de souffrir, elle l'avait appris à ses dépends.

Une présence se fit sentir et j’essuyais rapidement mon visage. Les vampires, ça ne pleure pas, hein ? Je reconnu instantanément cette odeur, son odeur, un ancien membre du clan qui n’était pourtant pas resté longtemps parmi nous. Pamela, la belle Pamela qui fit trop rapidement ses valises…

De la rancœur ? Un peu, elle était douée, utile au sein du clan, mais tellement indépendante, trop libre pour dénier rester avec nous. A présent, je la comprenais. Je comprenais mieux que personne le désir de liberté qu’elle avait pu ressentir. Ce besoin d’indépendance qui fait qu’a un moment il vous arrive d’étouffer.

Je n’ai pas voulu revenir ici plus tôt car je savais que ce passé allait être douloureux, que ces souvenirs restés gravés dans les murs allaient être lourds à porter. J’avais besoin de vivre loin de ces émotions. Mais malgré tout, je suis revenue…

Je sortis de mes pensées et me retourna en souriant. Je tentais de masquer tant bien que mal toute la nostalgie qui me submergeait dans ce lieu. Alors donc, elle me reconnaissait, elle ne m’avait point oublié. Je me souviens de son départ et de l’ambiance morose qu’il avait créé entre nous.

Je tentais d’oublier ce reste de rancœur et m’approcha un peu plus près.

-« Pam…Pamela Ravenscroft. Quelle bonne surprise. Tu es la dernière personne que je m’attendais à voir ici. C’est ma présence ? Mon retour qui t’intrigue ainsi ? »

Je n’avais pas envie d’aller plus loin dans le manoir. Je souhaitais partager cet instant de la redécouverte du manoir avec moi-même, simplement moi-même. Égoïstement, oui, certainement, mais ces instants étaient tellement précieux à mes yeux que je souhaitais les garder pour moi.

Voila pourquoi je sortis de la maison et refermais la porte derrière moi. Nous étions donc toutes les deux sur le palier, sous la protection de notre mère la Lune.

L'utilisation de son nom complet la fit tiquer. Peu de personne le connaissait et encore moins l'utilisait, mais elle ne pouvait en attendre moins d'Helena, c'est pourquoi elle ne dit rien. Son nom lui rappelait trop qu'à une époque elle fut humaine. Et dans son cas précis, et si cela avait été possible elle aurait aimé naître telle qu'elle était aujourd'hui. Mais les règles, en ce lieu qui faisait ressurgir en elle quelques souvenirs, étaient différentes. Elle se revoyait encore parcourir ce manoir, saluer quelques visages un peu flou dans sa mémoire, c'était une autre époque, elle avait beaucoup voyagé depuis lors. Helena referma la porte de l'imposante bâtisse, et c'était une sorte de soulagement, Pam n'y aurait pas mis les pieds, et elle pouvait comprendre aisément que la maitresse des lieux souhaitait en reprendre possession seul, elle pourrait pleinement savourer son retour, et souffrir des instants perdus. Pam n'avait pas ce genre de sensibilité, cela ne l'empêchait pas de comprendre et de garder pour elle les remarques acides qui lui venaient.

« J'ai été informé d'un retour, je ne savais pas que c'était le tiens. »

D'après la rapide description de son informateur, elle en avait rapidement déduis que c'était elle, il y avait donc un nouveau vampire à la Nouvelle-Orléans, et pas n'importe lequel, la maitresse d'un des clans les plus vastes, maintenant dissout, mais il ne faisait aucun doute que son retour en annonçait la re-formation, et elle ne toucherait quelques mots à Eric. Elle doutait qu'il interfère, mais en tant que Sherif il se devait de savoir ce qu'il se passait sur son propre territoire et ce n'était certes pas sa création qui allait le lui cacher.

« Ta présence ici est légitime, mais je m'interroge sur les raisons qui ont pu te pousser à revenir »

Cet endroit abritait de bien terribles souvenirs, elle n'avait eu que des échos de ce qu'il s'y était passé. Mais revenir ici pour Helena devait être plus douloureux que d'en rester éloigner. Pourquoi se faire inutilement souffrir ? Pam savait pourtant qu'ici rien ne servait de raisonner logiquement, le manoir de la déraison, de la folie. Des adeptes du pire, mais inoffensif, enfin autant que des vampires puissent l'être. Elle savait que régulièrement des vampires venaient tenir cette endroit, ne pas le laisser tomber en désuétude, les humains aux alentours prenaient ça pour une maison hanté, certains gamins du coin se lançait des défis, y entrer et rapporter un objet. Jusque là aucun n'avait osé franchir le perron, il régnait dans cet endroit une odeur de drame et de douleur. Elle même, dans un cas semblable se serait chargé de la destruction complète et irréparable de l'endroit, mais pas Helena, elle préservait ses souvenirs comme autant de trésors, et cela était quelque chose de totalement étranger à Pam.

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