Knock knock knock. Who's there? (elisius)

« ELISIUS & ISOBEL »

Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous pourriez faire, un vendredi soir, dans la noirceur de la ville, alors que tous vos amis ont décidé d'aller danser follement dans un club alors que ça ne vous le disait pas? C'était exactement le cas d'Isobel qui, creusant des cercles concentriques dans la moquette de son salon à force d'y tourner en rond, cherchait par tous les moyens un remède à son ennui mortel. Sortir à cette heure-ci, seule, alors que la nuit approchait, n'était guère une bonne idée. Elle n'avait pas peur des vampires, elle en était même subjuguée, mais ce n'était pas une raison pour provoquer sa mort instantanément. Certains d'entre eux restaient mauvais, il fallait se l'avouer. De plus, la jeune blonde tenait vraiment beaucoup à son sang, voyez-vous. Et puis naturellement, le vendredi soir, il n'y avait pas de cours d'histoire pour l'occuper comme les autres jours de la semaine. Non, ce soir, elle était seule et vu l'heure qu'il était, Elisius n'était pas prêt de montrer le bout de son nez. Isobel jeta un regard à sa montre : elle affichait 21h32. L'université n'était pas encore fermée... Une idée soudaine lui traversa l'esprit. Une idée totalement folle, car il lui faudrait mettre les pieds dans une partie de la ville assez mal fréquentée le soir, mais tellement du genre de la belle que cela n'aurait étonné personne de sensé. Le vampire qu'elle fréquentait avait toujours refusé de lui communiquer son adresse, il n'avait pas même échappé un seul indice. Il ne voulait pas qu'elle soit blessée, tuée, martyrisée. Tous les mots qui se terminent en «é» et qui feraient peur à tout le monde, sauf à Isobel. Cette dernière fit un sourire à son reflet qu'elle observait dans le miroir, fière de son coup. Enfin, rien n'était gagné, restait le plus dur : dénicher son adresse. Izzie s'arma d'un petit manteau de cachemire noir qu'elle boutonna vite fait et sortie en vitesse de son appartement en prenant soin de verrouiller la porte. Elle marcha rapidement jusqu'à l'administration du pavillon d'histoire de l'université qui n'était qu'à quelques rues de chez elle. La belle croisait déjà les doigts pour que son plan fonctionne.

Isobel traversa donc les portes du pavillon, se rendit jusqu'à l'administration où elle attendit pendant d'interminables minutes que la secrétaire, allez savoir pourquoi elle était toujours là un vendredi soir, daigne se pointer. Lorsqu'elle arriva, ses airs de malade mentale enchantèrent tout de suite Izzie qui, désespérée, pensa que son plan venait de tomber à l'eau.

- Bonjour madame. J'aurais besoin d'une information s'il vous plaît. Je suis une élève du département d'Arts et M. Cicero, qui fait les cours du soir, m'a demandé de lui faire parvenir un exemplaire d'un volume que j'aie et qu'il a trouvé intéressant. Il devait être pressé car il m'a dit de passer par ici pour dégoter son adresse postale, auriez-vous la gentillesse de me la communiquer?
- Votre nom, très chère?
- Isobel Callaghan, madame.
- Effectivement du département des Arts. Notez bien, la voici: 1234 First Street, dans le garden district.
- Ah euh...Je veux dire, merci!

Venait-elle vraiment de lui communiquer une information aussi confidentielle avec cette piètre excuse? Isobel n'en croyait pas ses yeux. Elle sortit du département en riant intérieurement, le fameux papier en main. Quand même pas suicidaire au point de se rendre dans le garden district à pieds, Izzie arrêta un taxi et lui indiqua l'adresse que le chauffeur trouva en un rien de temps. Elle paya la course et fut stupéfaite lorsqu'elle se retrouva face à un superbe, mais surtout énorme, manoir. Wow, Elisius habitait donc là? La secrétaire s'était sûrement foutue de sa gueule et lui avait donné une adresse bidon, voilà. Néanmoins, la jeune blonde tenta le risque et s'approcha de la grande porte de style colonial. Elle appuya sur le bouton illuminé juste à côté de cette dernière et entendit un son de cloche retentir à l'intérieur. On mettrait sûrement trois siècles à lui ouvrir la porte tellement l'intérieur lui semblait vaste vu de l'extérieur. Isobel recula donc de quelques pas et, de ses allures curieux, contempla la demeure et en détailla chaque parcelle.

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©Leavesden

Une nuit de congé ? Qu’est ce que cela représente dans une vie d’éternité ? Le vampire venait de s’éveiller. Ayant délaissé depuis très longtemps les cercueils, le mystère de sa vie s’exécuta une fois de plus, lui faisant ouvrir les yeux alors que ses doigts se serraient autour des draps de soies. Inspirant une bouffée d’air par reflexe, les odeurs caractéristiques de la maison emplirent ses sens. Sombres avaient été ses pensées durant cette journée, du moins c’était toujours la même impression, il lui était impossible de savoir ce qui lui était arrivé durant ce jour. Le néant l’avait envahie pour lui rappeler sa condition de mort vivant.

Passant une main sans ses boucles, il s’immobilisa lorsque la sonnette retentit dans la demeure, enfilant un pantalon et une chemise, la seconde d’après, il était à l’étage observant à travers la fenêtre le visiteur avant devenir à nouveau statue.

« je m’en charge »

murmura t il à l’intention des habitants de la maison. Il aurait pu rester la, attendre qu’elle parte, qu’elle se lasse. La journée avait peut être été longue pour elle, sans doute sentirait elle bientôt les prémices de la fatigue lui murmurer de rentrer chez elle. C’était du moins ce qu’espérait une partie du vampire. Mieux que la fuite, il y a le camouflage, action extrêmes lâche reposant sur l’inaction et l’attente que l’autre ne vous trouve pas afin de ne pas vous tenter. On a beau être vieux comme le monde, héros du passé, acteur de l’histoire. On en reste pas moins un être habité des réactions les plus lâches. Caché dans l’ombre, Elisius observa la jeune humaine détailler la demeure alors que ses résolutions de rester à distance s’estompaient petit à petit.

« Cet endroit te plait ? »

lâcha t il alors qu’il se trouvait derrière elle.

« Je t’ai fais peur, j’espère..»

ajouta-t-il en la fixant avec impassibilité. Oui c'était un bonsoir made by Elisius mais le formuler clairement reviendrait à se démasquer..

Ses mains nouées derrière son dos, aucune expression ne filtrait sur son visage, si ses mots et cette austérité apparente avait pour but de montrer sa désapprobation à ce qu’elle venait de faire, il avait la désagréable impression qu’elle arrivé à percer cette carapace parfaite. Car avec tous les efforts qu’il pouvait déployer, il n’y avait pas une once de colère en lui. Il désapprouvait son geste, éthiquement et moralement parlant. Tentant de toujours se rattacher à des choses rationnelles, c’était peine perdue quand on a en face de soi un être aussi improbable que cette jeune femme. Déjà son regard se fondait dans le sien, le rendant dangereusement attiré par ses traits si candides. Elle allait s’avancer vers lui, il le pressentait, alors il anticipait en se déplaçant, tournant autour d’elle, il n’était pas question qu’elle ne le touche pour l’instant. Non elle était punie, ou du moins c’était à rajouter à la liste. Après la lettre laissée dans son casier et le baiser volé dans le parc. Enfin cette punition continuerait à avoir effet tant qu’il parviendrait à la tenir à distance et à limiter leur échange. S’il avait eu des siècles pour contrôler sa soif, il n’avait que quelques semaines pour lui résister. Scandaliser de son culot, stupéfait de sa vitalité, fasciné par sa détermination, indécis face à ses coups de tête. Il n’y avait aucune issue possible, si ce n’est un énorme pétrin dans lequel il allait se fourrer à la première incartade qu’il commettrait.

« Dois je te sortir de force les information qui t’ont permis de remonter à moi ou te feras tu le plaisir de me le dire ? »

Formulation purement rhétorique, le vampire n’utilisait jamais ses dons pour obtenir quoi que ce soit par la force. C’était une manière vaine – comme beaucoup de d’autre- d’essayer de l’effrayer un minimum car avouons le. Aller se jeter dans la gueule du grand méchant loup n’est pas l’idée du siècle.

Isobel était toujours là, devant la demeure d'Elisius, ou du moins ce qu'elle croyait être sa maison, à contempler ses moindres détaillants tous plus magnifiques les uns que les autres. La belle se serait plutôt attendu qu'il vive dans un endroit petit, comme un appartement. Pas un appartement chaleureux comme le sien. Quelque chose de plus froid, comme sa personnalité le laisser entrevoir. On ne pouvait pas voir à l'intérieur puisque tous les rideaux avaient été tirés. Rien de plus normal dans le mode de vie d'un vampire, pense-t'elle. Aucun, sans doute, ne risquerait de s'exposer à un seul petit rayon de soleil. Le jardin, bien qu'il y fasse noir, lui semblait époustouflant. Il faudrait qu'elle y fasse un tour lorsqu'il ferait jour. Du moins, si elle s'en sortait vivante ce soir, car le vampire qui habitait cette maison lui en voudrait sûrement beaucoup en la voyant là. Le pire, c'est qu'elle n'y avait même pas pensé. À force de côtoyer Elisius, c'était devenu une habitude qu'il soit toujours en colère contre elle. Il restait quasi toujours de marbre avec elle. Lorsque Izzie entendit le son de sa voix dans son dos, elle sursauta et son premier réflexe fut de plaquer sa main sur sa bouche pour étouffer le cri qui allait en sortir. Elle aurait dû y penser, c'était tout à fait son genre. Doucement, elle se retourna vers lui, toute souriante, mais sans exagérer.

- Évidemment que tu ne m'as pas fait peur. Comme tu as pu le voir, j'ai seulement eu un gros hoquet.

De la part de la jeune femme, ce n'était pas étonnant d'entendre régulièrement des sarcasmes sortir de sa si jolie bouche. Elle savait déjà qu'il lui en voulait énormément et qu'il ne lui avait pas encore pardonné ses deux précédentes gaffes. Enfin, Izzie ne considérait pas ce baiser comme une gaffe, mais lui oui, apparemment, ce qu'elle trouvait dommage. Mais elle aurait dû savoir qu'avec Elisius, il fallait toujours réfléchir avant d'agir, ce que la belle avait beaucoup de mal à faire et il l'avait sans doute remarqué. Ses si jolies yeux semblaient voilés par la colère, mais aussi par autre chose qu'elle n'arrivait toujours pas à comprendre. C'était peut-être à cause de cette dite chose qu'il n'arrivait jamais à lui en vouloir bien longtemps. Isobel, habituellement si douée pour lire dans les yeux des gens et dans leurs expressions, avait pourtant tellement de difficulté avec cet homme qu'elle se plaisait à déchiffrer petit à petit, un jour à la fois. Il y avait quelque chose en lui qui l'attirait et aucun autre homme n'avait vécu assez longtemps pour la posséder. Sa sagesse la poussait chaque fois à lui faire dépasser ses limites, au risque de s'attirer ses foudres. De toute façon, Isobel avait la certitude qu'il ne pourrait jamais lui faire réellement peur. Face à ses pseudos menaces, la demoiselle décida de cracher le morceau, ce serait plus simple ainsi et peut-être cela contribuerait-il à son pardon. Ou peut-être pas? Après mûre réflexion, sûrement pas.

- Tu veux réellement savoir? Si tu y tiens, je vais te le dire. J'ai légèrement menti à la secrétaire du département d'histoire, à l'université. J'ai dit être l'une de tes élèves, que j'étais du département des Arts. J'ai prétendu que tu m'avais demandé de te faire parvenir par la poste un manuel bidon et que tu n'avais pas eu le temps de m'écrire ton adresse. Ce n'était qu'un tout petit mensonge. Ça n'a fait de mal à personne, c'est l'important, non?

Isobel tenta un sourire un peu plus prononcé, mais se ravisa aussitôt en voyant son visage qui restait de marbre. La belle soupira et s'avança vers lui, maintenant qu'il s'était immobilisé. Elle planta ses iris bleuté dans les siens et pinça ses lèvres l'une contre l'autre avant de reprendre doucement la parole.

- Je n'ai fait de mal à personne. Je n'ai mis personne dans le pétrin. Je n'ai pas mis ma vie en danger, puisque je suis venue en taxi exprès. J'avais seulement envi de te voir, c'est tout. Pourquoi serait-ce si mal?

Il y avait tant de choses qu'elle ignorait, sa jeunesse était la fois sa pire ennemie et sa meilleure alliée pour charmer le vampire. Elisius était parvenu à se convaincre d'une chose cette attirance incontrôlable venait de cette fougue mortelle. Combien de fois s'était il amouraché d'une jeune humaine à ses débuts? Il n'avait jamais fait le calcul, mais la fin était la même, trop de proximité, trop de confiance en soi et le pire était fait. Ses cheveux parfumés, sa peau fruitée, il n'avait pas besoin de la goutter que son odorat lui soufflait déjà la réponse. voilà pourquoi ses repas était constitué l'étrangers qu'il ne revoyait jamais.
Pathétiquement amusant de voir un vampire – une créature surnaturelle- se rattacher à des principes rationnels. Beaucoup de ses connaissances s'en amusaient mais Elisius était parvenu sans peine à faire abstraction de ses moquerie, apaisant sa colère grâce à sa conscience rassurée et honorée de ses efforts.

Le menton digne, le regard perçant, le vampire n'avait toujours pas parlé, conscient que leur parole était entendue à l'intérieur de la maison et la deuxième plus grand leçon qu'il avait apprise était qu'aucun de ses congénères n'étaient digne de confiance. Il était plus sage de éloigner avant qu'Isobel ne se lance sur un terrain dangeureux.

Observant un instant l'autre coté de la rue, il huma ses lévres par reflexe alors qu'il se mettait enfin à parler.

« Allons marcher un peu. »

Lâcha t il en commençant déjà à bouger.

Si le vampire était habitude poli et soucieux de la bienséance, il ne proposerait au grand jamais à Isobel de rentrer chez lui, trop de monstres rodaient dans les ombres, tels que ses congénères ou ses propres démons. ne tentons pas le diable...

« Je peux concevoir que tu ne te rendes pas compte de tes erreurs, pour cela je te pardonne encore une fois mais mon avis est clair et inébranlable, fréquenter des vampires n'est pas conseillé. »

Oui, il était un partisan d'un monde en paix entre les vampires et les humains et il nourrissait un espoir qu'il savait de fou que les vampires laisseraient de coté leur supériorité pour accepter la fraternité... cela ne voulait pas dire pour autant que cela allait se réaliser. C'était pour cela que la solution la plus pratique était qu'Isobel prenne conscience de cela et cesse de jouer avec le feu. Elle ne voyait qu'un centième de la personne qu'il était. Elle ignorait l'humain qu'il avait été, le monstre qu'il fut et imposteur qu'il fut maintes fois.

Il avait déjà traversé deux rues que le vampire s'arreta enfin, enfonçant ses mains glacées dans les poches de son grand manteau. Sa tete s'inclina pour faire face à la jeune humaine, son regard gris même dans l'obscurité

« Isobel... Je te le demande encore, ne m'oblige pas à être prudent pour deux. »

« Regarde autour de toi, je ne peux t'offrir que l'obscurité... Accepte le fait que je ne ferai que de te parler de mes erreurs passées et sers toi en pour te donner un avenir brillant. »

[je te répond tout de suite comme je ne serai pas là du week end, mais ne te presse pas ^^]

Pourquoi fallait-il toujours qu'Elisius soit toujours aussi rabat-joie avec elle? Soyons réaliste, la belle l'avait cherché, et pas rien qu'un peu. Néanmoins, elle avait espéré pouvoir lire sur son visage ou dans ses yeux sombres que d'une certaine manière, il aimait qu'elle soit là. Et cet homme si mystérieux auquel Isobel s'attachait de plus en plus, malgré les maintes fois où il la repoussait, savait si bien cacher ses sentiments réels au plus profond de lui qu'elle n'arrivait jamais à bien le cerner. Elle en devenait dingue. Il se privait de tant de choses auquel il jugeait qu'il n'avait pas droit. Parce qu'apparemment il n'avait pas toujours été un homme bien, parce qu'il était un vampire...Rien que des excuses qui ne valaient absolument rien aux yeux de la jeune humaine qui avait eu maintes et maintes fois l'envie de lui crier qu'il n'était plus cet homme et que plus jamais il ne le serait s'il la laissait faire partie de sa vie. Rien qu'une toute petite place, même minuscule, c'est tout ce qu'elle réclamait. Rien que ça...

Elisius restait muet et, contrairement à ce qu'elle s'attendait de lui, il ne répondit rien. Pas de morale, ni de reproches. Pas de discours interminable. Quand il ouvrit enfin la bouche, ce fut pour lui proposer d'aller marcher. Enfin, ce n'était pas tellement une proposition, mais passons. Silencieuse autant que lui pouvait l'être par moment, Isobel lui emboita le pas. Elle aurait aimé pouvoir attrapé sa main, mais il l'avait bien vite fourré dans sa poche et de toute façon, il l'aurait repoussé. Elle l'imita, ayant de toute manière les mains glacées par les nuits de plus en plus froide. Elisius s'arrêta, sa voix la sortit de ses pensées.

« Mais je ne fréquente pas des vampires. Je fréquente un vampire, nuance. Un vampire qui est assez doux et patient pour m'apprécier, sinon il ne serait pas là, à marcher avec moi. Ai-je tord? Non, ne répond pas. Je préfère sûrement mon petit conte de fée à tes histoires qui finissent toujours mal. », fit-elle, laissant un léger rire s'échapper de ses lèvres souriantes.

Baisserait-il un jour sa garde? Isobel en doutait, mais ce n'était pas pour cela qu'elle n'essayera pas encore et encore. Elle deviendrait sûrement la femme la plus têtue qu'il puisse avoir connu au cours de sa longue existence. Au moins, il se rappellerait d'elle. La belle scruta son regard dans lequel elle aimait se perdre quelques instants. Elle n'y comprenait rien, n'arrivait pas à y déceler autre sentiment que froideur, et pourtant elle y trouvait quelque chose de réconfortant. Un léger filet blanc s'échappait leurs bouches, étant donné la température en chute. Isobel ne put que sourire.

« Et je te le redis encore, je suis une grande fille. Je sais parfaitement ce que je fais, crois-moi. J'ai l'air naïve et sotte, mais je suis plus futée que je peux le paraître. On fait un marché? Si je me plante, je te dirai haut et fort que tu avais raison. Je n'ai jamais été quelqu'un qui aime la banalité Elisius, ne me demande pas d'être prudente. C'est contre ma nature. »

Isobel pinça ses lèvres l'une contre l'autre, replaça sa tignasse blonde qui filait au vent. Peut-être regretterait-elle ses paroles, mais tant pis.

« Tu as je ne sais plus combien d'année, pourtant tu ne comprends toujours pas. Je me balance, je me fiche, de ce que tu as pu être. J'aime ce que tu es. Tu es le seul à ne pas croire que tu n'es pas quelqu'un de bien. Tu es un homme bien, Elisius, retiens ça, okay? Et il se trouve que j'aime les hommes bien qui ont fait un paquet d'erreurs. Ne t'inquiète pas pour mon avenir, il ira bien. Cesse plutôt de me repousser, je t'en prie. »

Un soupire s'échappa une fois de plus de sa bouche. De l'exaspération, un conflit, une fatigue, un désespoir, une injustice, il y avait tellement de chose qui pouvait s'y exprimer. Protéger les humains malgres eux. Avaient ils conscience de la tache ardue que cela représentait? Il aurait pu laisser les autres apprendre de cette erreur mais pas Isobel, non pas elle.

« On ne connait jamais un vampire, on le connait lui et toutes les ombres de son passé, tous les liens tordus qui le lit malgré lui aux siens. »

trouva t il à lui répliquer alors qu'elle continuait déjà à parler, le poussant dans ses derniers retranchements. Ses sourcils se plissant de plus en plus sous le mécontentement. Oui, il était contrarié de sentir sa volonté faiblir, de voir que son regard se portait déjà sur ses lèvres. Il aurait aimé quand cet instant, elle lui vole un baiser comme elle savait si bien le faire,juste un. Un petit incident qui lui permettrait après de dire que rien de grave n'était arrivé, qu'il avait frémis un instant avant de retomber dans sa longue léthargie.

Devant ses supplications, il avait envie de faillir, de l'attraper pour l'amener dans le parc ou ils avaient l'habitude d'aller, la porter sur quelques mètres alors qu'elle riait aux éclats avant de la lâcher sur le par terre vert. Elle le trainerait alors par la main pour le forcer à courir, à sautiller avec elle, qu'importe se lacher et comme à chaque fois, il tiendrait avec douceur et ferveur sa main alors qu'il se mettait à son tour à rire. Mais chaque instants devenait plus: plus d'intensité, plus de dépendance, plus long, plus fort! Toujours plus. Elisius s'approchait déjà de la jeune femme, son front se posant contre le sien, en repensant à tout ses moments et en fantasmant un futur ou ils étaient deux.

« Isobel, tu es une élève. »

lui murmura t il sans la moindre conviction.

Ses yeux se fermaient déjà et ses sens emplis de son essence, son odeur, sa chaleur, sa douceur. Un concentré capable de lui faire perdre la tête. Un esprit si frais, un corps si divin, elle était une épreuve aussi douloureuse. La repousser à chaque instant, maintenir une distance, il était fatigué de le faire alors qu'il voyait tous ses confrères se servir sans la moindre gène ou même conscience. Ses grandes mains se posèrent sur le visage de la jeune humaine. Alors qu'il l'attirait à elle, déposant ses lèvres sur les siennes et un autre soupire s'échappa de ses lèvre. Du plaisir, une envie, des instincts et alors le vampire disparu. Laissant la jeune femme seule sur le trottoir, dans la nuit mais... Pas si seule que cela.

Le professeur était assis sur un banc plus loin, sa veste soigneusement posée sur le dossier, il semblait s'offrir à la lune alors que son torse se levait péniblement. Il lui fallait reprendre ses esprits. De l'air frais afin de ne plus être intoxiqué par sa présence. Il était responsable d'elle et de ce qu'ils feraient. Il ne devait pas céder. Regardant la lune, il n'en détacherait pas le regard cette fois. Focalisé sur autre chose qu'elle sa volonté était bien plus forte. I lui fallait rattraper sa terrible erreur. Il lui avait pardonné ses baisers volés mais il ne pouvait se pardonner de l'avoir embrasser même quelques secondes.

« Tu n'es pas majeur, tu n'es qu'une élève et je suis responsable. Je mérite mieux que cela, c'est pourquoi je te serais grès de ne plus me parler comme cela. «

lança t il toujours concentré sur l'astre de la nuit.

Oui, le fils de sénateur, le seigneur de guerre, le discipline d'hanuman, l'érudit n'était qu'un lâche. Incapable de plus de dire non, il avait recourt à sa dernière défense le mensonge, après tout son espèce n'était elle pas douée dans ce domaine?

Pour la première fois depuis que la belle connaissait Elisius, qu'elle avait tenté de deviner son regard mystérieux, elle put y lire une légère incertitude. Il ne croyait même plus ce qu'il disait. Mais il ne cédait pas, pas encore. Comme maintes et maintes fois, Isobel devina le son d'un soupire qui s'échappait de sa bouche. Il n'y avait qu'elle pour le faire soupirer ainsi. Pour le faire douter à ce point. L'instant d'après, ses sourcils se froncèrent au fur et à mesure qu'il écoutait les paroles d'Isobel. À cet instant, elle se demandait de quoi il avait peur. De lui, d'elle ou tout simplement du bonheur qu'elle pourrait lui apporter? Elle n'en savait rien et il ne le lui dirait certainement pas. Peut-être ne le savait-il pas lui-même. Isobel n'avait qu'une envie: se perdre dans ses grands bras, s'y laisser bercer au gré du vent. Elle aurait voulu trouver la recette secrète pour que cette relation puisse fonctionner. Pour cela, il aurait fallu qu'elle sache comment le convaincre de baisser sa garde.

Ils étaient maintenant si près l'un de l'autre. Isobel sentit son front se poser délicatement contre le sien. Elle ferma les yeux en l'écoutant lui répéter à nouveau qu'elle était son élève. Il le lui avait répété si souvent alors qu'il savait qu'elle n'en avait rien à faire. Peut-être est-ce pour se rappeler à lui-même qu'il n'était pas raisonnable de fréquenter une de ses élèves.

« C'est toi ou moi que tu essaies de convaincre? », souffla-t-elle doucement contre sa joue. À l'instant, si elle s'était écoutée, elle l'aurait embrassé. Mais elle n'avait pas envi qu'il parte loin d'elle, comme à chaque fois qu'elle osait goûter à ses lèvres. Elle n'avait pas envi qu'il ait à la fuir...Alors qu'Isobel avait toujours les yeux fermés, elle sentit ses grandes mains froides contre son visage. Elles lui semblaient pourtant si chaudes. Elle se sentait si bien, si paisible, comme chaque fois qu'elle se retrouvait près de lui. Alors qu'elle ne s'en doutait pas, elle sentit qu'il l'attirait contre lui ainsi que ses lèvres qui glissaient contre les siennes, si douces, si sucrées. Ce fut bref, très bref. Trop beau pour être vrai. Elisius s'était éclipsé, encore. À présent toute seule, Isobel soupira rageusement. Elle se retourna et constata qu'il était assis sur un banc, un peu plus loin. Il ne la regardait même pas, pas plus lorsqu'elle s'approcha de pour aller s'asseoir à ses côtés. Ce qu'il lui dit à ce moment-là, sans même daigner lui accorder un regard, lui fit plus mal qu'elle n'aurait pu l'imaginer.

« Tu as raison Elisius, je ne suis encore qu'une adolescente puérile, c'est ça? Excuse-moi de ne pas être aussi sage et posée que toi, mais je n'ai pas envi que dans quelques années, je repense encore à toutes les erreurs que j'ai pu commettre. Je me fiche du nombre de personne que tu as tué, du genre d'atrocités que tu as pu faire. J'ai envi d'être frivole, heureuse, et j'ai simplement cru que je pouvais te faire goûter au bonheur. Je suis sans doute insouciante, mais c'est ce que me sauvera un jour. Je ne crois même pas une seule seconde que tu croies en ce que tu viens de me dire, mais c'est atroce que tu l'aies fait. Si tu as envi que je sorte de ta vie et que je te laisse te noyer dans ta solitude, je le ferai sans broncher. Ose au moins me le dire. Ose au moins rester auprès de moi quand tu m'embrasses. Ose au moins être honnête envers toi-même si tu ne veux pas l'être envers moi. »

Isobel essuya une larme qui perlait au coin de son oeil et soupira. Cette situation tournait au mélodrame sentimental et elle détestait cela. Il y avait des années qu'elle n'avait pas pleuré. Elle aimait un homme fabuleux. Un homme fabuleux qui refusait de s'avouer qu'il ressentait beaucoup plus pour elle qu'une simple attirance.

La laissant approcher en se doutant qu'il avait fait pire que de réveiller un volcan, il était pourtant déterminé à contrer ce cataclysme. Comme un enfant qui fait un caprice, il vaut mieux le laisser faire jusqu'à ce qu'il se fatigue. C'était par moment la technique qu'il employait avec elle mais ses mots...
Aussitôt sa tête pivota vers elle et ses yeux brillèrent d'une lueur de rage. Était elle sérieuse quand elle disait cela ou était ce de la provocation? Quelques secondes de silence passèrent, qu'Elisius utilisa pour jauger si elle était réellement sérieuse. Des mots se marquaient au fer rouge dans son esprit avec violence:

Il la savait inconsciente oui mais la... C'était donc ça qu'elle voulait, s'amuser à jouer avec le feu. Elisius ne serait le frisson de personne ni la curiosité de quelqu'un.

D'un bond, il fut débout; ses canines sortirent pour la première fois devant elle et le vampire se mit à faire les cents pas pour tenter d'évacuer sa colère, dans cet état il ne répondait plus de rien...

« C'est parce que je suis honnête avec moi même que je te dis ça! Tu ne peux pas te moquer de ce que j'ai été car c'est encore moi! Ne comprends tu pas que nous restons figés dans ce que nous sommes! Regarde moi! »

Le vampire se calma alors brutalement devenant à nouveau immobile et enfin ses canines se rétractèrent doucement et un nouveau soupire s'échappa se sa bouche.

« Être insouciante avec un vampire, c'est jouer ta vie, tu n'as aucun idée à quel point nous pouvons être cruels et vicieux et sans penser aussi loin. Tu ne t'es jamais demandé comment je me nourris? Ce n'est pas ce sang synthétique qui peut me contenter, cela fait plus d'un millénaire, un MILLENAIRE que je vole, tue, achète des services pour du sang. »

Le vampire baissa les yeux au sol, repensant à toutes les atrocités qu'il avait pu faire et le plaisir qu'il en avait retiré. A vouloir vivre parmi les moutons, Elisius n'avait pas pensé qu'il aurait pu convaincre aussi profondément quelqu'un qu'il en était un. Vivre à ses cotés comme un humain avait été une illusion pour tous les deux et aujourd'hui, il se devait de montrer son vrai masque.

« La face cachée de la lune. »

Allant s'appuyer contre le lampadaire près d'eux, il glissa ses mains dans ses poches, devenant statue l'espace d'une minute pour trouver ses mots.

« La plus part du temps, je suis même plus calme qu'un humain mais ma nature ne peut être contenue. Il y a deux mois, j'ai du recourir aux services d'une prostituée pour recourir à tous mes besoins. Car c'est ce qu'ils sont! Une obligation»

lâcha t il énervé contre lui même et sa nature. Ses yeux se levèrent à nouveau vers le ciel.

Reposant ses yeux mélancoliques sur elle, il ajouta

« Ne pourrais tu pas te contenter de ce que nous avions? Pour toi, pour moi et pour nous. »

Pour une fois, Isobel avait bel et bien réussi à l'atteindre. Ça oui! Mais pas forcément de la façon qu'elle l'aurait voulu. La jeune femme n'avait jamais été douée avec les mots, surtout pas avec ceux qui sortaient de sa bouche sans prévenir. Il était en colère, elle pouvait le voir sur son visage. Un mélange de colère et de dégoût. Envers lui ou elle? Elle n'en savait rien. La belle sursauta lorsqu'il se leva brusquement, énervé comme jamais elle ne l'avait vu. Elle avait l'impression de le voir véritablement pour la première fois. Il se retenait tellement lorsqu'il était avec elle. Isobel ne savait plus quoi dire ni quoi faire, parce que de toute façon, elle n'arriverait jamais à traduire par des mots ce qu'elle voulait lui dire. Elle ne le savait même pas elle-même.

« Si c'était encore toi, si cette partie de toi te dominait, je ne serais pas là. Je ne serais pas là à me pâmer devant toi pour essayer de te faire comprendre quelque chose que je ne comprend même pas moi-même. »

Isobel sentit la rage qui bouillait en lui se dissiper légèrement, peu à peu. Néanmoins, elle resta assise sur le banc, non loin de lui.

« Ce n'est pas à toi de décider quand je vais mourir, ni à moi. Ça arrivera un jour ou l'autre. Demain comme lorsque je serai vieille et toute fripée. Je ne suis pas immortelle comme toi. Au moins, j'ai la certitude que lorsque je devrai mourir, j'aurai accomplis toutes les choses que j'avais envi de faire. Peu importe qu'elles soient stupides. Je l'aurai fait. Je ne prends pas la vie comme quelque chose d'acquis. J'en profite plutôt que de la gaspiller à être une fille sage et posée. »

La nuit était noire et seul le lampadaire près d'eux les éclairait d'une lumière diffuse. Pourtant elle voyait bien sa silhouette qui tournait en rond dans la rue. Ses sourcils froncés et son air préoccupé. Isobel passa ses mains sur son visage alors qu'il lui racontait comment il se nourrissait. À quel point il se dégoutait de devoir le faire. La jeune femme se leva doucement et le rejoignit près du lampadaire où il était appuyé. Son regard était rempli de tristesse et de mélancolie. Elle passa doucement sa main sur sa joue et la retira aussitôt avant que lui ne le fasse.

« Je ne suis pas naïve à ce point Elisius. Je sais comment tu te nourris. Mais je sais aussi que si tu pouvais faire autrement, tu le ferais. Tu me diras peut-être le contraire, mais j'ai vraiment l'impression que tu es différent des autres. Tu es la seule personne ici avec qui j'arrive à me sentir en sécurité. Ironique mais vrai. » Isobel soupira et détourna son regarde de lui un instant. Elle avait du mal à supporter son regard sans trop savoir pourquoi. « Je me contenterai de ce que nous avions. Tu n'es pas rien qu'un foutu défi pour moi. Je suis curieuse en temps normal, mais là ce n'est plus de la curiosité. Je te demande seulement de me laisser être moi-même quand je suis avec toi. Me laisser être chaleureuse, te toucher... Je n'irai pas trop loin. Mes pauvres sens d'humaine sont seulement en éveil quand je suis près de toi. »

Était il possible qu'il soit parvenu à lui faire entendre raison? Avec le temps, il avait appris à ne pas crier victoire trop vite mais l'idée parvenait à l'apaiser. Un poids venait de s'envoler alors que l'amertume habituelle de devoir toujours se contenir reprenait sa place. Tout n'est qu'échange et cycle dans la vie, une balance implacable qui ne connait pas le compris mais pouvant se laisser dompter par l'échange. Du sang pour de la vie, l'éternité contre la nuit, la retenue pour la mortalité. Cette loi était sienne depuis si longtemps qu'il n'essayait même plus de lutter pour changer les choses. Courber l'échine... c'est tout ce qui reste à faire, renoncer avant même d'essayer de tout avoir.

Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'il prenait sa main pour y déposer un baiser avant de lui murmurer un

« merci »

Déjà son odeur lui chatouillait les narines mais il était assez vieux pour ne plus y prêter attention ou du moins pour calmer instantanément ses instincts, lui rendant sa main avec délicatesse, avant de ranger à nouveaux les siennes dans les poches de son pantalon. Maintenant que la discussion contrariante était terminée sans doute pouvaient ils penser à autre chose. Elisius était le vampire le plus ennuyeux qui soit, il suffisait de demander à Eden, la bienfaitrice qui avait accepté de le loger pour le confirmer et alors qu'il tentait de remédier – un peu- à cela, il prit la parole.

« Je suppose que tu ne veux pas retourner te coucher et puisque mes amis savent que tu es venue... »

Sa phrase se termina par un regard noir avant qu'il ne poursuive.

« Que veux tu faire? »

Bien entendu le vouloir était purement théorique car il n'était pas question de fréquenter d'autres vampires, de retourner chez lui et d'éviter tout endroit clos et restreints pour éviter tous débordements et tentations. Éviter de reprendre leur conversation aussi car le vampire restait persuadé que sa vision de la vie et de comment la vivre était tout simplement trop naïve pour être réalisée mais après tout peut on reprocher à quelqu'un qui a vécu mille vies de tout savoir? Une idée lui vint alors, assez simples pour ne pas risquer sa vie et assez différentes de ses habitudes pour qu'elle puisse accepter. Son regard glacé se posa sur elle alors que son sourire discret mais confiant refaisait surface.

« Attends moi la. »

lui demanda t il avant de disparaître à nouveau. Il ne fallu que quelques minutes pour que le bruit assourdissant d'une moto se fasse entendre. Aussi rabat joie et moine qu'il pouvait être, Elisius avait une Harley pour se déplacer. S'arrêtant devant elle, il lui tendu le casque accroché au guidon.

« Sois tu me dis une destination politiquement correcte, sois je te dépose devant chez toi. »

» Eternity & a Day / Elisius
» Elisius Tullius Cicero ▬ D. Tennant [Pris]
» "I've got a sweet broken hearted machine" [Pv Elisius. T. Cicero]