Rencontre immortelle [PV Pamela & Raphaël ]

Invité

RENCONTRE IMMORTELLE

La nuit est toujours trop courte, surtout pour les créatures de l’ombre.

Ma main suit le cours de ma chemise. Fermer mes boutons est beaucoup trop simple. Pas de côté plus long que l’autre. Mes cheveux sont encore légèrement mouillés. Qui a osé dire que les hommes sont sales et ne se lavent pas ? Je passe ma main dedans sans pour autant les coiffer. J’ai pris l’habitude de les laisser ébouriffés depuis trop longtemps. Depuis si longtemps. Perdu, mystérieux, inaccessible. Qui suis-je exactement ? Comment si je pouvais le savoir moi-même. Mes yeux se posaient sur un verre vide, je n’avais rien sous la main pour le remplir, c’était évident. Et pour tout avouer, je n’étais pas du genre à acheter du Tru:Blood. Ce substitut sans aucun intérêt ? Pourquoi le boire ? Jamais je n’avais posé mes lèvres sur le rebord d’un verre contenant ce liquide, et cela ne m’arriverait jamais. Pour moi, le sang devait être humain. On devait y sentir la vie s’échapper. Comme le reflet d’une âme. J’avais besoin d’y sentir de la peur, de l’envie. L’envie du sang avait toujours été un instinct, et l’envie de la chasse avait toujours été plus forte que moi. Comment résister à cet appel ? Le plaisir de sentir que la vie ou la mort est entre nos mains. Que rien n’est plus fort que nous. Que tout n’est rien. Que vous êtes le seul à pouvoir décider. Que vous êtes Dieu. Le bruit des pas précipités sur le sol. L’odeur de la sueur sur les mains moites d’une victime. Les supplications en vue d’une quelconque pitié. Et leur regard pétrifié lorsqu’ils sentent que rien, absolument rien, ne les sauvera. Horrible ? Non. Délicieux. Absolument délicieux. Chaque victime est différente. Certaines supplient. Certaines crient. Certaines prient. Certaines vivent cela comme un dernier fantasme. Certaines comparent le vampire au diable, et sincèrement, ce n’est pas désagréable, au contraire. Encore, on se sent invincible. Et ce sentiment est réellement plaisant. Réellement. Sentir la dernière goutte de sang glisser le long de la gorge, dans un dernier goût de mort. Sentir les dernières forces d’une victime à l’agonie, tentant de se raccrocher à la vie. Sentir ce mélange de sentiments et d’émotions au bout de ses doigts et sentir qu’on est le seul à pouvoir décider. J’aime ces sentiments. J’aime me sentir prédateur et les sentir proies. J’aime être le bourreau et eux les victimes. Comment expliquer cette soif de domination ? Aucune idée. Peut être est-ce l’immortalité qui me fait me sentir ainsi. Peut être est-ce tout ce que je cache qui me pousse à être ainsi. Peut être. Qu’importe. J’aime sentir la haine et la peur dans les yeux d’un autre, et ceci, à mon égard. Lorsqu’ils me détestent, je me sens mieux, je me sens vivant. Peut être est-ce, parce que fondamentalement, je ne veux pas qu’on m’aime. Je ne veux pas qu’on m’apprécie. Je ne veux pas qu’on s’attache à moi. Et surtout, je ne veux m’attacher à personne. Aucun lien. Anormal ? Non. Souffrir une fois est amplement suffisant.

Et le goût du sang s’insinue dans mon esprit comme le plus puissant des nectars.

Dans un dernier mouvement, ma veste se pose sur mes épaules et j’enroule lâchement mon écharpe autours de mon cou. Par habitude, je gratte ma nuque et tâte ma poche pour m’assurer de la présence de mon paquet de cigarettes et de mon briquet. Une sangsue avec d’autres addictions que le sang. Etrange, je sais. Lorsque me pas me portèrent enfin dans la rue, je sentais le vent me fouetter doucement le visage. Enfin, ce que je sentais était bien trop doux pour moi. Bien trop doux. Ma main se portant machinalement à mon paquet de cigarette et naturellement, j’en allumais une, que je portais à mes lèvres. La fumée inhalée n’avait pas exactement le goût que je recherchais, mais elle était suffisante. Pour l’instant. Les visages que je croisais m’étaient inconnus. Mais qui ils étaient était insignifiant. Tous avaient le visage d’une proie. D’un repas potentiel. Et certains me paraissaient bien plus intéressants que les autres. Sûrement leur odeur. Une nouvelle fois la fumée glissait le long de ma gorge, et j’adorais ça. Un simple amuse-bouche comparé à ce qui m’attendait. Je longeais les rues quand mon regard se posa sur une jeune fille à la beauté et à l’odeur particulière. Quelle gâchis de la consommer. Non. Quel plaisir. Sentir qu’on est la dernière personne à l’approcher. Comme si la tuer permettait de l’acquérir. Idiot, non ? Appétissant. Mes yeux scrutent sa jugulaire. La tombée de la nuit effraie les plus courageux à présent. Evidemment, nous sommes là. Enfin, officiellement et non officieusement, comme avant. C’était pourtant tellement agréable de prendre les gens par surprise. A présent, cela semble être une habitude. Mis à part avec ceux qui nous disent que nous ne sommes pas méchants. Que nous le pensons. Que nous ne sommes pas dangereux. Que nous l’étions. Et bien sur que nous ne buvons plus que du sang synthétique. Evidemment. Croyez ce que vous voulez. Je ne ferais jamais partie de ces vampires végétariens. Je sens que l’humaine a capté mon regard, et je sens que je vais affreusement m’amuser. Légèrement troublée, elle replace une de ses mèches volages derrière son oreille. Jette un dernier regard avant de se décider à m’éviter. M’éviter ? Quelle cruauté. J’avance vers elle, et lorsqu’elle me fait face et baisse la tête pour passer à côté de moi, je la bouscule légèrement, de manière à ce qu’elle laisse tomber ses affaires au sol, et que moi, dans un élan chevaleresque, je l’aide à ramasser ses affaires. Digne d’un de ces films à l’eau de rose qu’elle doit regarder en boucle, n’est ce pas ? Je passe à l’action et lui tend ses affaires. Sa main frôle la mienne lorsqu’elle tente de s’en emparer. Elle comprend que je suis, mais elle ne comprend pas ce que je veux. Son sang. Elle bafouille quelques mots et j’esquisse un sourire. Prochaine étape ? L’entrainer dans une ruelle sombre et non-fréquentée. Evidemment.

« On ne t’as jamais dit de n’pas faire confiance aux inconnus ? »
Elle replace une mèche de ses cheveux et ris en me regardant sans insister. Je peux déceler les battements de son cœur un peu trop rapides et ses manies pour dissimuler son stress. A-t-elle peur ? Je ne crois pas. En tout cas pas du buveur de sang qui se trouve à côté d’elle. Peut être a-t-elle juste peur de l’homme que je suis. Et de ce qu’elle attend de moi. Si tu savais ce qui t’attend. Et ce qui l’attendait avait été affreusement agréable pour moi. Agréable pour elle au début, puis désagréable. Mais ce n’est qu’un bref instant à passer. Ma faim apaisée, je pouvais reprendre mon errance passagère. M’asseyant sur un banc, j’allumais une nouvelle cigarette en laissant tomber ma tête en arrière.

C'était sa nuit de repos. Pas de Fangtasia pour Pam ce soir, et elle devait avouer que cela faisait du bien. Pas de contrôle d'identité, pas besoin d'écouter les même banalités, excuses, ni même d'endurer les pathétiques tentatives d'approches, et surtout pas besoin de se vêtir comme si c'était halloween, pas de cuire ni de corset. Elle avait sorti de son dressing un tailleur crème bordé de noir. L'élégance européenne, certains qualifieraient cela de vieillot, mais elle appréciait cette esthétique. Une soirée de liberté sans musique assourdissante. Pourtant elle adorait son job au Fangtasia, il y avait pire que de devoir parader vêtue comme une succube et d'avoir de tendres gorges offertes. De plus elle co-gérait ce club, et ce avec la personne qu'elle respectait le plus au monde. Mais une soirée off faisait du bien. Une soirée pour chasser, pour s'offrir le luxe de victimes un peu moins consentantes qu'au Fangtasia, un peu moins conquises d'avance. Elle n'en pouvait plus des humains aux cheveux teint en noir, maculé de poudre blanche et les yeux cernés de noir, la mascarade devenait lassante. Une touche de maquillage, un coup de brosse dans ses longs cheveux blonds, son sac sur l'épaule, elle était prête. Prête pour une partie de chasse, une comme elle les aimait. Elle avait le moyen infaillible de trouver des victimes qui ne manquerait pas à grand monde. Pas qu'elle s'en soucie particulièrement, mais c'était par discrétion. Il n'était plus prudent de chasser n'importe qui, dès qu'un meurtre survenait ont pointait du doigt les vampires.

Pam sortie, elle laissa sa voiture au garage et marcha. Un moment avant qu'elle n'ait enfin ce qu'elle cherchait.

La soirée était déjà bien avancée, assez pour que les honnêtes gens soient chez eux. Elle arriva dans la station de métro presque déserte, l'éclairage criard agressait la rétine. Elle n'avait que quelques instants à attendre avant que la dernière rame n'arrive. Un bruit de pas résonna dans le couloir, un pas qu'elle entendait depuis un peu plus longtemps. Depuis qu'elle avait tourné au coin de la rue, elle entendait nettement sa respiration haletante, elle pouvait sentir l'odeur de la bouteille d'alcool qu'il tenait à la main. Un sourire amusé étira ses lèvres. Dans un fracas métallique le métro s'engouffra, ses talons claquaient sèchement sur le carrelage, le wagon était désert, juste avant que les portes ne se referment l'homme entra rapidement, s'affalant sur les sièges usés de la rame. Pam se contenta de rester debout, sa main enroulé autour d'une barre métallique. Le regard de l'homme était vitreux, mais malsain, elle le sentait glisser, elle était habituée, et cela ne lui faisait ni chaud, ni froid, dans quelques instants il ne regarderait plus grand chose de toute façon. Il se redressa, tanguant, cherchant son équilibre quelques secondes. Pam ne bougea pas d'un millimètre, et son attitude sembla perturber l'homme, trop imbibé pour prendre vraiment conscience du danger il avança jusqu'elle, il eut l'imprudence de vouloir poser sa main sur sa joue, mais la vampire l'intercepta au passage, d'un mouvement brusque, elle lui tordit le bras dans le dos. Il cria, sans personne pour lui répondre, injuria, sans que cela n'arrache plus qu'un sourire à la blonde. Elle attrapa ses cheveux, et l'obligea a pencher la tête, ses crocs étaient déjà sorties.

Le corps se serait lamentablement échoué au sol s'il ne l'avait retenu, elle sorti de la rame en trainant le corps sans vie. Lorsque le métro reparti elle jeta le corps sur les rails, sans plus de pitié. De son sac elle extirpa un miroir de poche, et essuya le sang qui maculait le bas de son visage. Elle lissa les plis imaginaire de son tailleur, et tiqua sur la tâche infime au niveau de son col, bien entendu personne n'y ferait attention, personne d'humain en tout cas. Pam referma dans un claquement sonore le miroir qu'elle jeta dans son sac avant de reprendre sa route. Le sang de l'homme était alcoolisé, et l'ivresse coulait lentement en elle. C'était un état agréable.

Elle déboucha dans une petite rue, déserte à cette heure-ci. L'air frais était agréable, elle se sentait repus. Son sac se balançait légèrement au rythme de ses pas. Le goût du sang imprégnait encore son palais, c'était autre chose que les fangbangers, tout prêt à s'offrir au moindre signe, bien sur on était encore loin des victimes prise complètement au hasard, au détour d'une rue, des jeux de séduction d'antan, juste pour faire languir avant de savourer un sang sain. Le sang dont elle venait de s'abreuver était pleins de vices. Mais elle ne pouvait se permettre de ne pas faire attention, pas lorsque la personne la plus proche de sois était le Shérif de la zone. Elle pouvait toujours se consoler en songeant qu'elle avait sans doute sauvée une personne moins apte à se défendre qu'elle.

Pam déambulait lentement au hasard des rues, elle n'avait rien à faire ce soir, pas d'obligation. Et elle n'avait certainement pas envie d'aller boire un verre de Tru:Blood. Rien que d'y penser sa gorge se nouait, c'était imbuvable, comment pouvait-on sérieusement prétendre le contraire. Toutes les campagnes de pub du monde ne la convaincront pas du contraire, même si elle devait reconnaître qu'il faisait preuve d'une sacrée imagination. Plongé dans ses pensées elle ne remarqua que tardivement une présence familière. Elle s'arrêta à quelques mètres du banc ou une sombre silhouette était assise. Le nom lui revint comme une réminiscence d'un lointain passé.

« Raphael »

Son visage était a demi caché par l'obscurité, mais elle n'avait aucun doute. La coïncidence était surprenante, le hasard ces temps-ci faisait ressurgir les fantômes du passé aux endroits les moins probables. C'était une surprise, une agréable surprise, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Leur rencontre remontait à loin, il y avait tant de personne qu'elle avait oublié, mais certaines personnes restent plus ancrée que d'autres.

« Qu'est ce qui a bien pu te mener jusqu'en Nouvelle Orléan ? »

Invité

Toutes les rencontres sont-elles innocentes ?

Ma cigarette se consumait entre mes lèvres. Les personnes qui passaient ne prenaient pas toutes le temps ou le risque de relever les yeux vers l’inconnu sur le banc. Etais-je effrayant ou simplement insignifiant ? Qu’importe. J’avais déjà satisfait mes instincts et je n’avais pas besoin d’une nouvelle victime. En tout cas pas pour l’instant. Peut être qu’un dessert ne serait pas de refus au cours de la nuit ? Peut être que oui. Peut être que non. Qu’importe. Etait-ce réellement important ? Le nombre de personne à qui j’offrais un nouveau destin chaque soir était tellement futile à mes yeux. Et oui. Leur goût se perdait vite dans la gorge du cadavre que j’étais devenu, et cela ne m’importait guère. Comment allais-je poursuivre ma nuit ? Aller trainer au Fangtasia ? Voir ces humains se pavaner dans le seul espoir de se voir piquer gorge ? Voir ces humains en quête d’un peu de sensations fortes qu’ils regrettaient souvent ? Je n’étais pas d’humeur ce soir. Et voir un de mes amis chasseurs ? Partir à la quête de quelques victimes délicieuse ? Non. Je n’avais pas assez faim. Je ne serai pas assez sanglant et mauvais. Et dans cette optique, cela n’avait aucun intérêt à mes yeux. Et oui. Alors ? Alors je restais là, pour l’instant du moins. A observer ces gens, sans les voir réellement. Alors quoi ? Qu’est ce qui pouvait réellement attirer mon attention ? Je n’en savais rien. Peut être cette fille du Fangtasia. Celle que je savais vierge de toute morsure et qui m’attirait atrocement par son côté inaccessible. Je ne pouvais pas l’expliquer, les choses que je ne pouvais pas avoir me semblait toujours atrocement intéressantes. Après tout, j’avais tout mon temps pour les avoir. J’avais l’éternité. N’est ce pas ? Une seconde ? Une minute ? Une heure ? Une journée ? Une année ? Tout cela ne voulait plus rien dire pour moi depuis bien trop longtemps. Mais je m’en foutais complètement. Voyais-je mon état comme une malédiction ou comme un cadeau ? Aucune idée. Rien ne m’atteignait, mais depuis quand ? Depuis leur mort. Et ça, c’était avant ma vie vampirique, alors oui, je crois que cet état de sangsue avait été pour mon une délicieuse libération. Une libération suprême. Comme si la chaise électrique m’avait porté aux cieux. Me mentais-je à moi-même ? Peut être. Peut être que la vérité était que j’aurai réellement voulu mourir. Ne plus avoir à me poser de question. Disparaître définitivement. Et là ? Là, on m’avait offert une renaissance, l’avais-je réellement désirée ? Encore une fois, je n’en sais absolument rien. Ma cigarette prenait fin et je la laissais tomber au sol sans me préoccuper de l’endroit où le mégot allait mourir. Ma tête se balançait en arrière et je soupirais longuement. Enfin, soupirer . . . Peut être une vieille habitude qui persistait. Ma main se portait dans ma nuque et je passais ma main dans mes cheveux toujours en bataille. Qu’est ce qu’il pouvait encore se passer d’intéressant ?

« L’important n’est pas ce qui m’y a amené, l’important est de t’y avoir retrouvée, Pamela. »
Souriais-je en relevant les yeux vers elle.

Elle n’avait pas changé. Comment aurait-elle pu changer ? Evidemment, son visage était figé dans l’éternité de son dernier souffle. Pourtant . . . Oui. A ses vêtements on sentait que ce n’était pas la même époque, pas les mêmes lois, pas les mêmes personnes, pas les mêmes apparences. Paris. L’odeur de son corps me rappelait l’atmosphère feutrée de la première soirée que nous avions passés ensemble. La première et la dernière, puisque nous ne nous étions jamais revus. Elle était toujours parfaitement apprêtée. Moi qui avais toujours eus l’habitude des filles de bas-étages, des filles des bas-quartiers. Cette femme changeait de mes habitudes. Mais cela ne me dérangeait pas. Elle était délicieusement tranchante avec ce parc pourri qui nous entourait. Comment une morte pouvait engouffrer de l’air frais dans un endroit comme celui-là ?

« Seule ? Visiblement, cela devient une habitude entre nous. »
Ajoutais-je.

Il m’avait semblé l’avoir croisée au Fangtasia, mais je ne lui avais jamais adressé la parole là-bas. Pourquoi ? Il semblait qu’une atmosphère planait autours d’elle. Un homme semblait toujours la surveiller de loin. Eric. Et puis, pour tout avouer, le Fangtasia était le lieu de mes nombreux vices, alors pourquoi gâcher l’image qu’elle se faisait de moi ? Loin de moi cette idée. J’avais sûrement voulu conserver le souvenir d’une rencontre nocturne et éphémère. Et, contre toute attente, le hasard avait à nouveau voulu nous réunir. Merci à lui, en passant. Je finissais par me lever pour lui faire face. Après l’avoir observée sous tous les angles, je l’observais comme un homme observe une femme.

« Les coïncidences. Les envies. La musique. Voilà ce qui m’a amené ici, il semblerait. Et toi ? »
Dis-je.

[Désolé, beaucoup de retard]

La main appuyée contre sa hanche, son sac balançant sur son poignet, elle s'autorisa un léger sourire amusé à la réflexion de Raphaël. L'y avoir trouvé, comme si il l'avait cherché auparavant. Il avait toujours sut trouver les mots et éviter les explications. Lorsqu'il releva son visage, l'éclat de ses yeux fit remonter de nombreux souvenirs de cette soirée. Elle avait adoré Paris cette nuit là, il faudrait qu'elle songe à y retourner. Même si elle se doutait que cette ville était semblable à toute autre à cette époque et puis, il lui semblait avoir entendu que la position de la France vis-à-vis des vampires n'était pas très clair.

Pam ne rajouta rien à la première phrase de son vis à vis, il n'en était nulle besoin. La flatterie laissait juste suggéré qu'il n'en dirait pas plus sur les raisons de sa venue. Et puis après tout quel besoin de le savoir ? L'important comme il le disait si bien était de l'y avoir rencontré.

« Seule. Tout comme toi. »

Seule, en effet, à croire qu'ils ne devaient se rencontrer que lorsque personne n'était là pour le voir. Le square miteux était totalement désert, elle n'avait nulle besoin d'observer longuement l'endroit pour le sentir. Le public était absent ou bien de vagues figurants, aucun visage familier. Un soir il lui avait semblé l'apercevoir au Fangtasia mais elle avait songé à une hallucination, et ne s'en était pas plus préoccupé, maintenant qu'elle le savait à la Nouvelle Orléans s'était différent. Rien de plus normal qu'il ne soit pas venu la saluer, elle ne serait sans doute pas venu non plus à sa rencontre quand bien même elle fut certaine que c'était bel et bien lui. Les vampires se rendant au Fangtasia y venait avec une idée derrière la tête et bien loin de l'idée de Pamela d'empêcher ses congénères de vaquer à leurs occupations. Il était plus agréable de laisser le hasard guider leurs rencontres, que chacun puisse conserver l'image qu'il souhaitait de l'autre.

« Eric, qui d'autre ? Mais je crois que ça tu le sais déjà. »

Co-gérer ce club était sans être palpitant, amusant. Pam était une femme d'affaire redoutable, et rien ne l'amusait plus que d'évincer toute tentative de concurrence. Le regard de Raphael ne la perturbait pas, c'était plutôt flatteur. De plus si elle devait s'attarder à chaque regard elle serait sans doute dans l'obligation de changer de métier, elle se contenta donc d'un haussement de sourcil sous l'inspection. Il ne prenait pas la peine d'être discret, ils n'en n'étaient de toute façon plus là. Son regard à elle glissa sur la cigarette à demi consumée, un vice qui n'en n'était pas vraiment un, les vampires n'avaient pas à se soucier de leur santé. Pam releva les yeux vers lui, elle prit quelques secondes pour observer son visage ses mèches en batailles qui retombaient devant ses yeux vairons. Son air faussement négligé qu'il aimait entretenir confronté cette nuit à sa propre tenue impeccable, rien ne les rapprochait, mais la belle Paris savait réunir deux êtres. Aujourd'hui encore dans ce parc ils se faisaient face, une nouvelle fois, une chose était certaine la soirée promettait d'être intéressante.

Il faisait parti de ses rencontres uniques, qui n'appartenait qu'à un lieu. Retrouver ses personnes dans un autre décor paraissait toujours étrange, un peu surréaliste. Il appartenait à une autre époque, à d'autres habitudes, à une société qui ne pensait qu'à s'amuser. Il devait en être de même pour lui, même si la Pam de cette époque n'avait pas disparut, elle était fidèle à ce que l'était, se remettre en question n'étant pas dans ses habitudes. La vampire avait récemment retrouver une autre vieille connaissance, dont les changements étaient impressionnants, un peu décevant aussi. Le temps était aux rencontres ses temps-ci, son passé revenait la voir, lui rappelant combien il était bon d'être libre, combien il était agréable de n'avoir ni horaire, ni contrainte. Travailler avec Eric n'était pas une mince affaire, en plus de son patron, il était son créateur et son shérif. Ce qui lui conférait à elle même plus de rôle qu'elle ne l'aurait songé le premier étant de garde fou, venait à la suite tout un tas d'autres rôles divers et variés.

« La Nouvelle Orléans est à ton goût ? »

Un simple échange de banalité, pour le moment en tout cas, un moyen de prendre la température, même si elle doutait que quoi que se soit est changé. Raphaël était réfractaire à tout ordre et convenance à l'époque, pourquoi cela aurait changé ? Cela faisait parti du personnage. La Nouvelle Orléans est un véritable nid à vampire, et personne ne saurait dire pourquoi, la communauté était en constance augmentation, de nouveaux visages apparaissaient en permanence, la plupart venait faire un tour au Fangtasia. Raphael ne faisait pas exception. C'était tout à fait le genre de lieu ou il devait aimer chasser, de tendres gorges n'appelant que ses crocs, une chasse simple mais qu'il devait savoir rendre intéressante.

» Insomnies [ feat. Raphaël Reed Carpenter]
» Raphaël Reed Carpenter | Jesus died for somebody's sins but not mine.[Finish]