Un livre, c'est un trésor qu'il faut extirper d'un coffre barré. ( Holly)

Un livre, c'est un trésor qu'il faut extirper d'un coffre barré.

Le soleil se couchait tranquillement. Le ciel avait déjà noircit de quelques teintes. Les voitures devenaient de plus en plus nombreuses sur les routes ramenant les mortels à leur demeure. Le cycle d'une journée ennuyante allait se terminer pour eux. Pour Jared, il continu sans jamais s'arrêter. Il passait la plupart du temps a prendre soin de cette bibliothèque. Depuis son arrivé, plusieurs livres se sont posés entre ses mains les lisant avec passion. Un endroit calme ou le silence complet prône. Aucun dialogue grotesque, des comportements idiots ou des rires insignifiants. Pas un son. Cela lui permettait d'apprécier la compagnie de la race humaine; immobile et muette.Les roues rouillés de son chariot était le seul bruit qui de distinguait. Passant dans chacuns des rangées, il déposa des documents restaurés et des livres oubliés sur les tables ou au travers des étagères. Il a prit cette habitude, à la tombé de la nuit afin de se montrer au public. Il apparenait tranquillement à résister devant tout ce sang à sa disposition. Ce n'était pas une tâche facile, surtout quand la soif est omniprésente. Heureusement, rare sont ces gens qui osent venir lui demander conseil. Ils préfèrent faire le tour de la bibliothèque pour trouver de l'aide plus...rassurante.

De toute façon, Jared était loin d'avoir une relation agréable avec l'homme. Il applique encore cette philosophie archaïque des anciens vampires. Avec son vécu, il était encore très loin de les respecter en tant qu'égal. Pourtant, quelques exceptions posent problème sur ses valeurs. Il possède des liens avec des mortelles. De jeunes demoiselles qu'il a rencontré par le hasard et qu'il a fait connaissance. Jared ne peut plus les repousser à présent. Elles font parties de son cercle. Des femmes intéressantes et qui lui permet de ne pas rester constamment seul. D'ailleurs, l'une d'entre-elles apparaîtra dans cette pièce sous peu.

Elle a terminé ses cours. D'ici 10 minutes, elle viendra recueillir des documents pour ses travaux. Des travaux qui lui semblent si compliqué. De loin, Jared les regarde avec un rire léger. Malgré les années, Jared constate que les devoirs dans cette université ne change pas. Toujours les mêmes questions et les réponses idiotes. C'est à ce demander s'ils ne prennent pas les jeunes étudiants pour des imbéciles. Holly n'est pas une nunuche comme ces mortelles avec des pompons au bout des bras. Elle travaille sans cesse cherchant la solution et la perfection. Il l'a voit souvent en ces lieux pour complèter ses projets et étudier. Il pourrait l'aider, mais la plupart du temps, une hésitation s'installe...Il sait pourquoi. Sa différence l'effraie lui montrant qu'il est dans un tout autre clan...

C'est toujours avec ceux que l'on souhaite être qui nous fuit comme de la peste...

C’était dans ces moments troublants, quand elle ne savait plus tout à fait qui et ce qu’elle était véritablement, que la jeune femme regrettait le plus le bonheur insouciant de ses souvenirs d’enfance. La tendresse qui avait marqué la relation fusionnelle entretenue avec sa cadette -à cette époque révolue depuis bientôt une année- lui manquait énormément. Toutes deux avaient bien grandi, et tout s'était compliqué. Alors que Wednesday était restée, Holly était partie loin, si loin de chez elle, qu’à présent elle avait du mal à se souvenir de la couleur de sa maison en bois, de celle de son jardin constamment enneigé, des fjords et même de l’océan qui l‘effrayait tant. Elle tentait de les retrouver dans les paysages américains, mais toujours ses espoirs restaient vains. Ni la nature ni les aménagements humains ne ressemblaient à sa demeure. Tout était trop différent, trop ensoleillé, trop superficiel. Elle n’avait jamais vu de bâtiments de béton auparavant, et elle ne connaissait pas les gigantesques enseignes publicitaires qui les recouvraient. Même les forêts fructueuses d’arbres en tous genres et les champs de blé lui étaient inconnus. La Louisiane était pour elle un tout autre monde. Comme une dimension parallèle, différente, gardée par les monstres océaniques qui l‘entouraient et qui formaient un rempart contre l‘Islande.

Holly avait tendance à qualifier ce que son père appelait le rêve américain comme un véritable cauchemar. Les études formaient son unique point de repère fixe dans un monde aussi étourdissant. Et encore, cette langue si abstraite à ses yeux qu’on lui avait obligé d’employer afin de comprendre les explications de ses professeurs était déroutante. Par ailleurs personne jusqu’ici n’avait été à même de prononcer correctement sa seule fierté, son nom de famille. « Leiðinlegu ! » S’entêtait-elle à penser, tandis que l‘envie de corriger les écorcheurs de noms brûlait ses lèvres closes.

On aurait pu croire que ses yeux injectés de sang étaient dû à ses pleurs incessants, mais en réalité ils étaient gonflés pour un tout autre motif; la fatigue. Entre les cours dans la journée, ceux du soir, plus les devoirs, Holly ne trouvait plus de temps pour se reposer. Son harassant travail d’étudiante étrangère l’exténuait, et elle ne parvenait pas à en faire abstraction. Quand le matin elle se réveillait, elle ne ressentait qu’une chose; le vide. Malgré le gavage qu’elle s’infligeait afin rendre son père fier et de rentrer le plus vite possible à Reykjavik, l’impression de désert spirituel demeurait. Si les machines de ses salles de cours lui avaient permis de transcender les théories des scientifiques qu’elle admirait le plus, le reste ne lui avait rien apporté de concrètement nourrissant.

« Holly, dépêche-toi ! Dans une heure la bibliothèque ferme ! » Répéta machinalement Jacopo de son étrange accent italien mêlé à son cheveu sur la langue, la sortant de sa rêverie habituelle.

Sans plus attendre, elle rangea ses affaires, prit la liste de livres dont ils avaient besoin, et se rendit à la hâte avec son partenaire de TP jusqu’au perron du musée le plus proche pour pénétrer dans son immense bibliothèque… Allant presque jusqu'à oublier celui qui l'y attendait.

Un véritable classeur automatique, Jared ne prenait pas de temps à retracer l'endroit approprié pour chacun de ces livres. Par contre, il s'y rendait tranquillement tout en lisant certains passages de ces oeuvres. C'est spontanné. Il ne peut s'empêcher d'ouvrir ce coffre pour y découvrir son contenu.Un curieux de nature cherchant à connaître le maximum d'information. Des vieux classiques au encyclopédie; rien n'est inintéressant.Uniquement l'odeur de ces feuilles jaunis dégage un réconfort, une sensation de calme et de tranquilité. Il doit lire.

Jared, tu n'as pas encore terminé à placer ces documents ?

Cette voix est aussi agressante que la tenue vestimentaire de cette personne. L'assistant du directeur est une véritable sangsue. Vampire ou non, il se pavane montrant sa grandeur et la responsabilité qu'il détient. Vampire ou non, tout le monde le déteste. Jared le premier. Si ce n'était que de lui, ce connard serait mort depuis son engagement dans ce Musée. Jared ne répondit pas posant le livre à sa place.

Je te signale que cela fait plus d'une heure que tu es ici. Il y a du travail qui t'attend dans le sous-sol. On a reçu des livres à analyser.

Je vous signale, monsieur, que je parviens toujours à faire mon travail.

Tu vas encore rester ce soir ?

Vous allez m'en empêcher ?

Jared se retourna vers lui en le regardant directement dans les yeux. L'assistant recula d'un pas effrayé de son employé cadavérique. Il quitta la rangée sans rajouter de commentaire sortant de la bibliothèque par l'entrée principale.

Celui-ci croisa une jeune fille pressée. Uniquement par l'odeur, Jared savait qui venait de se présenter. Il quitta son charriot pour sortir de la rangée afin de la voir arriver. Un petit sourire sur son visage blanchâtre.Elle venait de traverser la porte avec son énorme sac.Toujours de belles tenues qui la différencient des américains typique. Elle ne souhaitait pas les ressembler et c'est qui en faisait son charme. Holly l'ignorait peut-être. Les études lui prenait tout son temps, tout son énergie. Il voyait bien que la fatigue prenait le dessus sur elle. Si seulement les professeurs étaient compréhensifs leur donnant un peu d'oxygène. Non, toujours travailler et travailler n'appréciant aucunement les joies des études.

Le monde est pathétique...

Le sourire de Jared changea d'un coup. Un jeune homme apparu aux côtés d'Holly. Le genre de jeune homme qui n'apprécie que les chiffres et les calculs interminables. Coincé et timide, il ne dégageait aucun attrait. Comment Holly faisait-elle pour être avec un type de cette manière ? Cela étonnait le vampire qui les observait toujours au bout de la rangée.

Puis, alors qu'elle parlait à son compatriote;

" Bonsoir, mademoiselle Løkken." dit par une voix douce et attrayante.

Jared était derrière elle l'accueillant avec un léger sourire sans prendre attention à son ami.

" D'autres livres pour votre travail ? "

Les humains n’étaient pas spécialement confiants envers ceux qui convoitaient leur chair et leur sang, et au fond on ne pouvait pas véritablement blâmer. Malgré tous les efforts et tout l’argent générés par l’AVL, en Louisiane, puis partout dans le monde, la réputation des vampires n’était pas au beau fixe. Si certains d’entre eux jouaient la carte de la civilité et se contentaient de la petite bouteille japonaise afin de satisfaire leur soif, d’autres en revanche n’hésitaient pas à se montrer encore plus violents qu’autrefois envers leurs victimes, dans l’espoir de ressentir en eux autant la peur qu’auparavant ils recherchaient -avec les fangbangers qui prenaient à présent du plaisir à se faire mordre derechef, autant dire qu‘il ne s‘agissait pas là d‘une mince affaire-…

Il arrivait qu’Holly se pose des questions à leur propos, ou pour dire vrai, Holly était constamment préoccupée par leur omniprésence. C’en devenait une obsession qu’elle trouvait ridiculement sordide et qui lui était difficilement supportable. Pourtant elle ne parvenait pas à retirer le mot Vampire de son esprit. L’impression que le monde était un horrible film de science fiction lui donnait presque envie d’en rire, mais elle ne parvenait qu‘à en pleurer. Plaisanterie de mauvais goût ou non, où qu’elle aille, quoiqu’elle fasse, cette impression qu’un être à demi-mort pourrait sortir de n’importe où et faire d’elle son menu du soir la terrorisait. C’est qu’ils étaient partout ! Comparée à l'Islande, l’Amérique était un véritable nid à vampires ! Même au fast-food de l‘université, des rumeurs couraient sur un cuistot qui aurait fait la guerre de Sécession… Pour se donner un semblant de sécurité, elle demandait à Jacopo de l’accompagner chaque fois qu’ils sortaient tard le soir, et ce malgré qu’il n’était pas spécialement fort ou courageux. Au moins leurs discussions -quoique assez restreintes par son mutisme-, l’occupaient et la distrayaient de l‘objet de ses angoisses.

Ce soir pourtant la présence de Jacopo ne l’aida en rien à surmonter son effroi. L’anxiété se fit ressentir à la minute même où Monsieur Coldagh ordonna à la classe de se procurer trois ouvrages qu’elle n’avait pas les moyens de s’offrir; aller à la bibliothèque avec le vampire qui rôdait constamment entre ses rayons était incensé ! Jacky relu une ultime fois leur liste. « Thermodynamique 2nd Année de Florent Calvo, Electrostatique Et Electrocinetique de Sylvain Capponi... » Ces noms pouvaient paraître barbare, cependant le premier d’entre eux était plus que familier à la demoiselle. C’est en suivant les instructions du tome précédent qu’elle s’était retrouvée carbonisée en pleine expérience, et que le vampire bibliothécaire du coin lui était venu en aide. Non seulement elle dût repayer la brique porte-malheur, mais pour couronner le tout, elle bu le sang d’un mort-vivant. N'était-ce pas contraire à la coutume ? Elle eût si peur de devenir à son tour vampire qu’elle perdit connaissance et se retrouva sans même s'en rendre compte à l’infirmerie, la peau inexplicablement intacte et le vampire à son chevet. De quoi en écoeurer plus d’un de s’être inscrit à la fac.

« Bonsoir, mademoiselle Løkken. » Sa voix la fit sursauter. Elle se retourna tandis que Jacopo, d’autant plus craintif qu’elle, s'était déjà éclipsé, prétextant partir à la recherche de leurs livres avant qu’on ne les chasse pour la fermeture. Seule face à un buveur de sang… le comble. « D'autres livres pour votre travail ? » dit-il en fixant sa liste. Mais elle ne parvenait pas à réagir. Déjà son regard se posa sur un détail qui la glaça littéralement; sa bouche. Alors qu’il parlait, elle avait la possibilité d’entrevoir ses dents… Alignées, carrées… Parfaites en soi, pour un mortel. Elle se demandait où pouvaient bien être ses crocs, s’il faisait exprès de les cacher ou s’il se forçait à les garder au chaud pour les sortir quand l’occasion se présenterait, dans cette bibliothèque, par exemple. Brusquement, elle vint à se demander s’il pouvait lire les pensées, et alors elle sursauta à nouveau et entendit enfin sa question. Un hochement sec de tête et quelques larmes déjà visibles dans ses yeux exorbités… Faites qu'il ne se doute de rien !

» HOLLY JANE — This could be anywhere in the world.
» " Je ne mords pas...Encore faut-il avoir de longues dents." { U.C }