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 Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}

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Ophelia L. Wilcott
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MessageSujet: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeMar 3 Nov - 13:02


« La vie est un souffle énigmatique, ce qui en
résulte ne peut être qu'un souffle énigmatique. »

ophelia & co.


Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} Ev0spk
    Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles,
    Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
    Ciel, Amour, Liberté : rêve, ô pauvre Folle!
    Tu te fondais à lui comme une neige au feu:
    Tes grandes visions étranglaient ta parole
    - Et l'Infini terrible effara ton œil bleu.
    Rimbaud, Ophélie .


Dernière édition par Ophelia L. Wilcott le Ven 6 Nov - 17:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeMar 3 Nov - 13:03


les Papiers d'Identité
« Vos papiers s'il vous plaît. Simple contrôle de routine avant de prendre la mer! »


    Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} Rm33f5

    prénom(s).
    Ses prénoms sont Ophelia, et Leann en l'honneur de sa défunte mère, bien qu'on l'appelle tout simplement Élie.

    nom(s).
    Wilcott.

    âge.
    Douze ans d'apparence, Cent vingt-six ans en réalité.

    date et lieu de naissance.
    Le 8 Novembre de l'an 1882, en Angleterre.

    race.
    Celle qui a tout le temps les crocs.



l'Existence est fragile
« Le voyage est court, alors essayons de le faire en première classe. Que dites vous d'un petit cocktail? »



Chapitre premier. out of time.

I never draw dreams or nightmares. I draw my own reality.


« Aussi loin que remonte ma mémoire, le même cauchemar n’a cessé de me hanter. Les images de ce rêve tenace restent en moi pendant des heures, gâchant ma journée et me rongeant l’âme. La même scène se répète sans fin : je marche dans les rues vides d’un pays froid, une personne dont je ne parviens jamais à voir le visage me tient par la main, je ne distingue que ses jambes et la pointe de ses bottes brillantes. Tout à coup nous sommes entourés par des enfants en manteaux noirs qui dansent une ronde sauvage, comme s’ils allaient engager un sortilège vaudou. On dirait presque des faucheuses miniatures. Une tache sombre, du sang peut-être, se répand sur les pavés, tandis que le cercle des enfants se referme sur nous inexorablement, de plus en plus menaçant, autour de la personne qui me tient par la main et de moi-même. Ils nous coincent, nous poussent, nous tirent, nous séparent avec leurs crucifix, et quand je cherche la main de mon ami je rencontre le vide. Je crie sans voix, je tombe sans bruit et je me réveille alors avec le cœur qui explose. Parfois, je passe plusieurs jours sans ouvrir la bouche, consumée par le souvenir de ce rêve, essayant de pénétrer les couches de mystère qui l’entourent, tâchant de découvrir un détail, jusqu’alors passé inaperçu, et qui me donnerait la clef de mon tourment. Pendant ces jours-là, je suis prise d’une sorte de fièvre froide, mon corps se referme et mon esprit reste prisonnier d’un territoire glacé. Je suis restée dans cet état de paralysie les premières semaines que j’ai passées à l’extérieur du couvent. J’avais onze ans quand on m’a sortie de là-bas et personne ne s’est donné la peine de m’expliquer pourquoi, tout à coup, ma vie prenait comme il disait lui-même, un tournant. La première nuit, puis toutes les autres, j’ai couru me réfugier sous une table et y suis restée comme un éclaireur. Cela dura cinq mois, et c’est seulement après la disparition de l’étourdissement causé par le voyage que cette manie passa.

Mon cauchemar est en noir et blanc, silencieux et sans appel, il a une qualité éternelle. Je suppose que je possède maintenant suffisamment d’informations pour en connaître la signification, mais il n’a pas cessé pour autant de me torturer. Si je suis différente, c’est à cause de mes rêves, comme ces gens qui, à la suite d’une maladie de naissance ou d’une déformation, doivent réaliser un effort constant pour mener une existence normale. Eux portent des marques visibles, la mienne ne se voit pas, mais elle existe. Je peux la comparer à ce que les mortels appellent une crise d’épilepsie, qui vous assaillie soudainement et vous laisse la marque d’un trouble. C’est le matin avant d’aller me coucher que la peur me saisit. Je redoute ce qui pourrait arriver dans mon sommeil et l’état dans lequel je me réveillerais. Mon frère, Jared, a lui-même essayé plusieurs méthodes pour lutter contre mes démons nocturnes, mais rien ne me garantit un sommeil paisible. Devant l’impossibilité de me débarrasser de mes cauchemars, j’essaie à tout le moins d’en tirer quelque profit. J’ai constaté qu’après une journée orageuse je reste comme hallucinée et la chair à vif, un état très favorable à la création. Mes meilleures dessins je les ais composées ces jours-là, alors que mon seul désir était de me mettre sous la table, comme je le faisais au début. Lorsque mon frère, fier de mes efforts considérables, m’a offert du fusain flambant neuf pour remplacer celui que je n'avais plus, la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est de me dire que, si je parvenais à charmer ces démons, je les détruirais. À douze ans je m’y suis plusieurs fois essayée. J'ai dessiné des mondes merveilleux et des êtres à la beauté étourdissante, et qui parfois provoquaient des effets secondaires considérables sur mon sommeil, jusqu’à ce que l’évidence me saute aux yeux : ces créatures maléfiques étaient invulnérables aux assauts des images les plus splendides. Même l'éternité n'y changea rien. »


Chapitre second. childhood.

There is a vast difference between saying prayers and praying.


« D’après ceux qui y ont assisté, je suis venue au monde un mardi d’automne de l’année 1882, à Londres. Tandis que dans ce couvent en bois labyrinthique la femme qui m’a conçue haletait ventre en l’air, avec le cœur vaillant et le corps au désespoir pour me trouver une sortie, l’homme dont je provenais mourait, éradiqué par la peste. J’ai appris les détails de ma naissance assez tard dans ma vie, mais il aurait été encore pire de ne les avoir jamais découverts; ils auraient pu s’égarer dans les méandres de l’oubli. Il y a tant de secrets dans ma famille que je n’aurai peut-être pas suffisamment de temps pour tous les élucider : la vérité est fugace, comme lavée par des torrents de pluie. Les religieux m’accueillirent avec émotion - bien que j’aie été, selon plusieurs témoins, un bébé désagréable. Ils me posèrent sur la poitrine de ma créatrice, où je suis restée blottie quelques minutes -les seules que j’ai passées avec elle. Dans l’obscurité de la chambre, sous les yeux épouvantés d’un garçonnet curieux à qui je ressemblais, le père Faust me baptisa avant que la brave Mère supérieure ne souffle sur mon visage pour me transmettre sa chance. L’intention était généreuse et la méthode infaillible, car au moins pendant les onze premières années de mon existence, tout s’est bien passé pour moi.

Donc, je n’avais pas encore connu mon premier lever du jour que celle qui m’enfanta disparut à son tour. Aujourd’hui je sais que, malgré tout, j’ai eu un père. Un père qui est également le votre. Un être qui m’a accompagnée, encouragée, et aimée, comme il l‘a fait pour vous, peut-être sans que vous vous en aperceviez. Je parle bien entendu du Tout-puissant. De l’Unique. De l’Éternel. Celui que j’ai aimé et que j’aimerai toujours, bien que, étant damnée, ce ne soit apparemment plus réciproque. Je ne peux tirer un trait sur l’être auquel j’ai voué un culte sans relâche sitôt ma bouche apte à émettre des sons. Je ne peux renier l’idole que j’ai prié, durant onze années, chaque matin, chaque midi et chaque soir. Je l'aime comme au premier jour où j'ai appris à le connaître, et je sais qu'à force de persévérance, son amour me reviendra, car jamais il ne m‘a quittée.

Dieu n’est pas le seul personnage essentiel à mon bien être. Jared, mon frère aîné, l’est également. Bien que je ne lui voue aucun culte, je puis affirmer que je lui porte un amour aussi grand qu’à Notre Père. Mais un amour plus rond, plus concret. Rien ne compte plus que lui, rien ne compte plus que nous. Il a toujours pris à merveille soin de moi, et ce au détriment des autres. Il a débuté sa vie comme il la finira sans doute; au milieu les livres. Je sais qu’il a trouvé sa véritable religion au fond de la bibliothèque du couvent. Il y a toujours vu un temple… Nous étions deux enfants à coucher sous le même toit, et pourtant il me semblait que parfois j’étais seule à ne pas avoir atteint la majorité. C’était surtout aux cours des soupers, après le Benecite, lorsque la situation était propice aux discussions. Entouré d’adultes, Jared était un adulte miniature. Il avait des lectures d’adultes, dont il résultait des discours d’adultes. Le père Faust, qui ne nous rejoignait qu’une fois la nuit bien tombée, se félicitait toujours du savoir de mon frère, de son esprit à la fois fertile et analytique. Il avait même fini par le surnommer son Petit Penseur. À nos anniversaires, tandis qu’on ne m’offrait que de vilaines poupées de chiffon, lui recevait l’encyclopédie. J’en étais diablement jalouse, mais je l’aimais et l’admirais trop pour être odieuse avec lui -ce qui est toujours le cas, d'ailleurs-. Il faut également dire que son goût pour la littérature possède un atout non négligeable : Il a toujours eu un tas d’histoires à me raconter. Mon frère était pour ainsi dire un superbe conteur. Ce qu’il me lisait faisait office pour moi d'une véritable évasion de cette prison de Sainteté. Mes oreilles se délectaient de ce qui sortait de ses lèvres. J’aimais surtout lorsqu’il mettait le ton. Je riais beaucoup à ses imitations, à ses changements de voix au fil du récit et des dialogues. Un véritable régal pour mon esprit rêveur.

La nuit, lorsque les lumières étaient éteintes et que les religieux étaient profondément endormis, Jared quittait notre chambre pour s’aventurer dans les couloirs sombres de notre demeure et ainsi rejoindre la bibliothèque. Je savais qu’il allait chercher des livres interdits pour les lire à la lueur des bougies de l’autel. Quand je sentais qu’il n’était plus couché au-dessous de moi -car nous disposions de lits superposés-, je m’éveillais à mon tour et, paniquée, partais à sa recherche en compagnie de Charlie, ma peluche adorée. Quand enfin je percevais sa chevelure noire rabattue sur ses yeux, je me précipitais dans ses bras occupés à tenir ses briques de cuir et de papier, lui murmurant le plus doucement du monde qu’il avait inquiété Charlie en partant sans prévenir. Je lui inventais ensuite toute une histoire à propos du fait que Charlie tenait fortement à lui et qu’il ne devait sous aucun prétexte lui refaire pareille frayeur… Bien sûr il n’écoutait jamais mes propos et chaque soir, il repartait à l’improviste. Chaque soir je revenais le rejoindre sur les marches de l’autel, m’asseyant sur ses genoux, appuyant ma tête contre son épaule. Pouce à la bouche j’attendais patiemment qu’il me murmure sa lecture à l’oreille, observant silencieusement les quelques images que je trouvais durant d‘interminables minutes. Au moment où nous nous endormions, le père Faust qui veillait tard, nous portait jusqu’à nos lits, telles deux plumes -sa force était incommensurable-, tout en chuchotant à mon frère qu’il aurait une correction pour m’avoir entraînée à quitter notre chambre à des heures peu convenables. »
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeMar 3 Nov - 13:03


Chapitre troisième. metamorphosis.

There is nothing wrong with change, if it is in the right direction.


« À mes onze ans je m’étais habituée à l’obscurité. Je titubais sans peur dans les corridors, encore à moitié endormie, pour retrouver mon frère qui, alors que je n’étais encore qu’une enfant, était devenu un homme. Le temps n’avait effacé ni son amour des mots ni ma passion pour les aventures… Mais un soir, Jared ne se trouvait pas là où il était supposé m’attendre. À pas de loups, je rejoignis la bibliothèque dans l’espoir de l’y trouver, encore indécis sur le choix du conte du soir. Il n’y était pas non plus. L’inquiétude commença à me prendre la gorge. Le père Faust, probablement éveillé, devait le sermonner quelque part… Je me retrouvai partagée entre deux volontés; la plus sage étant celle de retourner me coucher, la plus risquée étant de continuer à le chercher. Tout comme dans un roman je décidai de m’engager dans une quête périlleuse. Que je trouvai cela excitant! Et effrayant à la fois. Je m’aventurai jusqu’aux appartements de Faust, tâtant les murs pour trouver mon chemin; l’obscurité avait rarement été si profonde. Mon cœur s’emplit d’espoir lorsque je perçus enfin une lueur. Courageuse ainsi qu’un héros, je frappai trois coups distincts à la porte du prêtre avant d’ouvrir...

La terrible vision que j’eus en pénétrant dans sa chambre me coupa. L’aventure palpitante prit la forme d’un mauvais songe. À la lueur vacillante des flammes, nous nous dévisageâmes. La tête de l'homme d'église avait été tranchée et roulait au sol vers les cadavres de certains de mes amis, tandis que deux autres orphelins, ensanglantés, gisaient entre les bras rouges de Jared. Je poussai un cri d’horreur qui alerta l’assassin. J’avais toujours su que parfois mon frère subissait les punitions que Faust lui infligeait, mais jamais je n’aurais un instant imaginé qu’il parvienne à mettre un terme définitif à cela d'une telle façon, et surtout qu'il emporterait d'innocents enfants avec lui. Ce dernier se retourna à une vitesse ahurissante, abandonnant les deux enfants, pour se précipiter sur moi. Cette vitesse folle me rappela ce dont était capable Faust... Une rivière de larmes coulait de mes yeux effarés. Je ne pouvais croire qu'il était l'auteur d'un tel massacre. Il pleurait aussi, si bien que nos sanglots se firent écho.

J'étais bientôt trop bouleversée, trop humiliée et trop faible pour prononcer le moindre mot. Jared me pris calmement dans ses bras. Je me débattais comme on se débat dans les rêves, incapable de crier, de me libérer. J'eus la tentation fugitive de chercher à comprendre ce qui était arrivé, ce qui arrivait. Mais elle se fondit aussitôt dans une tranquille acceptation de mon sort sous son coup brutal. J’observai silencieusement mon frère, les yeux exorbités par la panique qui prenait tout mon être. Cependant, ni son visage ni sa pose ne reflétaient une grandeur rébarbative, une hauteur susceptible de me rabaisser et de m'effrayer. Je le sentais supérieur, à moi, à lui-même, mais il ne s'agissait pas d'une supériorité insultante. Je dirais plutôt qu’elle était rassurante, qu'il émanait de lui une bienveillance agréable. Je ne voyais chez lui qu'une calme noblesse et le naturel d'une exceptionnelle douceur que trahissait le pli de sa bouche. Son visage était trop lisse; il avait presque cet aspect luisant des peaux à peine cicatrisées et il aurait pu surprendre, voire inquiéter, s‘il ne paraissait pas si tendre. Il dégageait une faible luminosité de sa peau, mais l'expression était trop chaleureuse, trop humaine dans sa bonté pour ne pas attirer. J'étais fascinée par ce spectacle et m'aperçus que je pouvais sentir le pouvoir nouveau qu‘il dégageait; une sourde pulsation qui suivait le rythme lent de mon propre cœur. Très doucement il me ramena contre lui et baisa mon front couvert de sueur. Une envie soudaine de rester blottie contre lui me prit, aussi je profitai de cette étreinte apaisante, récitant calmement mes prières au fond de mon esprit. Si au fond, je n'avais pas peur, j'étais en surface terrorisée.

Il ne tarda pas pour que je ne vis plus très nettement. Je ne vis bientôt qu’une silhouette pâle me soulever. La dureté de sa peau me rappela celle de Faust et ne manqua pas de me faire haleter. Alors que j’hoquetais, j’entendis une voix qui me rassura. Je la connaissais, mais elle semblait bien plus belle et tendre qu’à l’accoutumée. C’était certainement la voix la plus suave que j’eus jamais entendu. Elle m’enchanta dans mes derniers instants d'éveil, avant que je ne m'évanouisse.

« Je t'en prie, je t'en prie n'aie pas peur. Je suis tellement désolé… Mais je... Crois-moi, je ne te ferai jamais aucun mal. Pas à toi... Pas comme ça. »

Si les premiers soirs, ma compréhension des choses paraissait encore limitée, je ne montrais en revanche aucun signe de crainte, sauf lorsque Jared restait enfermé en plein jour. Son comportement m'effrayait, je me demandais s'il sortirait de sa pièce sombre et me dévorerait comme il avait dévoré mes amis. D'ailleurs lorsque je m'endormais ils me murmuraient qu'il ne ferait bientôt qu'une bouchée de moi. Les cauchemars se succédaient, continuellement, affreusement, et un jour Jared décida que nous devions quitter le couvent et ses fantômes meurtris. J'avais douze ans quand nous partîmes pour les Amériques. »

Chapitre quatrième. the boat that sucked.

You've got blood on your face. You big disgrace.


« Le soleil s’était enfin couché sur l’océan Atlantique. Dans l’obscurité de la nuit, le ciel et la mer se confondaient. Les vagues déferlantes étalaient sur le pont leurs larges éventails, faisaient pénétrer de blanches ombres dans les profondeurs sonores de la coque, puis reculaient en chantant pour accompagner la brise. Toutes les couleurs s’étaient mélangées dans la chambre d’enfant. Les coups de brosse de l’artiste devenaient maladroits et lourds; les bahuts et les chaises mêlaient leurs masses brunes dans une vaste épaisseur de noir. Du plafond au plancher, les ténèbres tapissaient le mur de leurs immenses et tremblants rideaux roses que le vent provenant de la fenêtre grande ouverte fouettait de toute sa force. Bientôt, on pouvait entendre une tempête soulever les vagues et agiter l’océan.

Mary, Thomas, Martin et Lucy ne nous avaient pas suivi jusque sur le paquebot qui nous conduisit jusqu’au-delà de l’océan. Leurs fantômes étaient restés emprisonnés dans les murs de Saint Ange que nous avions vendu contre une fortune raisonnable. Je me disais que peut-être ils tenaient à leurs restes, enterrés dans une fosse cachée au fond du cimetière. J’espérais surtout que les nouveaux propriétaires ne les ennuieraient pas trop. À vrai dire je pensais constamment à eux, à ce qu’ils m’avaient dit avant que je ne parte. Je n’avais pas compris pourquoi Jared les avait achevés. Je lui en voulais. Mais mon cœur tout entier lui appartenait. Cette contradiction accompagnait mon mal de mer, et rendait mes nausées plus difficiles à combattre. Une nuit Lucy était une fois de plus apparue dans mes songes, en pleurs. Elle chantait une comptine que mon frère avait l’habitude de me fredonner pour que je m’endorme. Elle finit en hurlant et en recrachant son sang. En sursaut je me réveillai et me précipitai, couverture sur tête, sous une table près du lit. Je ne m’étais toujours pas acclimatée aux intempéries océaniques, et le souvenir de mes amis n’arrangeait en rien ma nervosité à fleur de peau.

Une main se posa sur la couverture sous laquelle je m’étais cachée, et glissa de tout mon long pour en soulever l’extrémité et dévoiler mon visage effrayé, éclairé avec ma peluche à l’unique lueur d’une lampe à huile tenue par l‘autre main. Sur ma peau légèrement halée coulaient de minuscules larmes, mon regard empli d’eau était implorant. En apercevant le visage de mon frère, je me précipitai dans ses bras, espérant que son étreinte chaleureuse me rassurerait et me protégerait de la foudre et des cris de Lucy. Calmement, sereinement, il m’adressa un sourire plein de réconfort, puis me baisa le front couvert de sueur tout en dégageant quelques mèches de cheveux de mes yeux. Après déposer la lampe sur la table, il essuya du bout des doigts les quelques larmes qui perlaient encore mes joues rouges avant de me bercer tendrement.

« Je peux te poser une question ? » Dis-je, hésitante.

« Bien sûr, petit ange. » Répondit-il sans toutefois détacher son regard de moi, l‘air préoccupé par mon état.

« Est-ce que tu comptes tuer Mavonne ? » Tout comme Faust avant lui, Jared ne supportait plus la lumière du Soleil, et, en journée, c’était Marie-Yvonne, une gouvernante créole, qui prenait soin de moi. Je savais qu’elle avait une liaison avec mon frère… Et à vrai dire cette idée ne me déplaisait pas, je l'aimais beaucoup. Je l'aimais trop pour la voir partir.

« Quoi ? Pourquoi ferais-je une chose pareille ? » Sa voix était posée mais je sentais une certaine tension.

« Parce que quand elle est là la nuit, j‘entends des soupirs et des cris en provenance de ta chambre, comme les enfants de Saint Ange dans mes rêves… »

« Je pensais que nous en avions déjà parlé. Je t’ai dit que je n’ai rien fait aux enfants. C’est Faust qui s‘en est… » Il marqua un temps en me voyant sangloter de plus belle. « Écoute je ne ferais de mal ni à Marie, ni à personne d’autre, tu sais bien que jamais je ne te mentirai. » Il me serra contre son coeur dont je n'entendais pas les battements.

« Tu l’aimes ? »

« Qui donc ? »

« Mavonne ! »

« Hmm… Plus ou moins. »

« Tu fais bien l’amour avec elle ? »

« Oui. Mais cela ne veut rien dire… enfin… nous prenons du plaisir ensemble, cela ne veut pas dire que je l’aime. J'apprécie sa compagnie, et elle prend bien soin de toi. »

« Si elle n’était pas créole tu l’épouserais ? »

« Je n’épouserai jamais personne, Ophelia. »

« Pourquoi ? »

« Parce que… Je m’occupe de toi. »

« Mais je vais grandir, je m’occuperai bientôt de moi toute seule, et si tu ne deviens pas religieux, alors tu devras te marier. »

Il resta un long moment silencieux, puis, toujours sans prononcer le moindre mot, il me prit dans ses bras. Il me coucha puis s’allongea près de moi jusqu’à ce que je m’endorme à nouveau, bercée par le doux son de sa voix qui me racontait une histoire de pirates. »
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeMar 3 Nov - 13:03


Chapitre cinquième. lust at first bite.

Tell me love drains your veins.


« First part.

Il faut laisser le temps au temps. Je ne me souviens plus de qui est cette phrase, mais elle retentit à présent dans ma tête, pour accompagner le flot de souvenirs qui me submerge. Le temps, peut-être une sorte de routine, m’a été on ne peut plus bénéfique. Il a balayé mes craintes à l’égard de Jared. Peu à peu, sous le visage du nouvel homme qu’il était, je redécouvrais l’être aimant qu‘il avait été. Je percevais alors en lui une version améliorée de ce frère que j’avais eu. Un homme tout aussi protecteur, et à la fois plus confiant. Je n’avais plus peur, mais j’étais fascinée. Je trouvais mon frère tout juste élégant, gracieux, sublime. Lorsqu’il pénétrait ma chambre pour me conter ses éternelles histoires, j’observais plus le dessin de ses lèvres en mouvement que je ne prêtais attention à ce qu’il disait. Sa seule présence semblait illuminer une pièce, et me réchauffait le cœur. J’avais l’impression que je pourrais vivre toujours ainsi, sur un bateau au beau milieu de l‘océan, dans ses bras forts d‘une nouvelle vigueur… Mais jamais je ne me saurais doutée que c’était ainsi qu’il escomptait vivre véritablement avec moi.

Ce soir là, il faisait un temps sombre et froid. La pluie battait les hublots du paquebot de son bruit continuel et monotone. Il avait neigé tous les jours précédents, et le pont semblait recouvert d’un grand linceul à la blancheur sinistre. La brise se taisait brièvement et un mouvement de succion ramenait les hommes à l‘intérieur. Le vent se levait de nouveau, emportant avec lui une toute petite lettre cachetée jusque sur mon lit à baldaquin. Je m’empressai de l’ouvrir dès qu’elle se posa près de moi.

« Mademoiselle,

Serait-ce un crime d’avoir su apprécier votre charmante figure, vos talents séducteurs, vos grâces enchanteresses, et cette touchante candeur qui ajoute un prix inestimable à des qualités déjà si précieuses ? Pourquoi vous fâcheriez-vous d’un sentiment que vous avez fait naître ? Émané de vous, sans doute il est digne de vous être offert ; s’il est brûlant comme mon âme, il est pur comme la vôtre. Ah ! dites un mot, et ma félicité deviendra votre ouvrage. Mais, avant de prononcer, songez qu’un mot peut aussi combler mon malheur. Soyez donc l’arbitre de ma destinée. Par vous je vais être éternellement heureux ou malheureux. En quelles mains plus chères puis-je remettre un intérêt plus grand ?

Je vous ai demandé de m’entendre ; j’oserai plus, je vous prierai de me répondre. Le refuser, serait me laisser croire que vous vous trouvez offensée, et mon cœur m’est garant que mon respect pour vous égale mon amour.

Éternellement vôtre, M.
»

Je restai un instant interdite. Cette lettre m’était-elle véritablement destinée ? J’étais à la fois partagée entre l’envie d’en rire et d’en pleurer; un homme sur ce bateau s’intéressait à moi, et il avait le toupet de m’envoyer une lettre écrite de la main d'un autre, Laclos. Devais-je me réjouir de sa culture et de son bon goût ou déplorer son cruel manque d’imagination ? Etais-je si peu importante à ses yeux pour qu'il se permette de m'écrire grâce au talent d'un autre ? Ou avais-je rappelé ces mots superbes à cet admirateur inconnu, moi, la banale petite enfant d'Angleterre ? L'intimidais-je tant qu'il n'osait s'essayer à l'écriture ? Mon esprit se troublait, autant que le ciel de plus en plus menaçant au-dessus de ma tête. Je ne parvenais pas à sombrer dans le sommeil. La lettre pressée contre ma poitrine, je me demandais comment y répondre, et, surtout, qui pouvait bien me l'avoir envoyée. Brusquement je me levai & je pris Charlie qui s'enfonçait dans mes couvertures pour danser une valse avec lui autour de mon lit.

« Charlie, ô Charlie... On m'aime ! »

Second part.

Les semaines se suivaient à bord du paquebot animé d'un silence macabre. Les passagers ne se parlaient pas, et je ne faisais jamais rien pour y changer quoi que ce soit. Il y avait d’autres enfants en troisième classe, les seuls enfants à bord d’ailleurs, mais Jared ne voulait pas que je les fréquente. Je n’en ressentais moi-même pas le besoin, mais parfois je me demandais s’ils étaient plus heureux que moi à jouer ensemble aux osselets ou à la marelle dans les sous-sols. Quand Mavonne m’enseignait la danse, il arrivait que je les entende rire au-dessous de moi, mais leurs rires étaient étouffés, et ne duraient jamais bien longtemps. Le silence constant qui m’entourait alourdissait la pression qui pesait sur mon cœur. Lorsque Jared prenait de mes nouvelles je souriais faussement pour ne pas qu’il se doute de mes tourments, mais chaque fois que j’observais le hublot de ma chambre mon cœur se serrait un peu plus et ma nausée s‘accroissait. Cela faisait trois jours que je n’avais pas répondu et je n’avais toujours pas découvert à qui j’étais priée de le faire. Je n’avais pas le cœur à chercher, et il sembla que mon mystérieux inconnu le compris quand une seconde lettre apparut au-dessous de ma porte. Je l’attrapai aussi rapidement que je pus.

« Mademoiselle

Vous m’ordonnez le silence et l’oubli ! eh bien ! je forcerai mon amour à se taire ; et j’oublierai, s’il est possible, la façon cruelle dont vous l’avez accueilli. Sans doute, le désir de vous plaire n’en donnait pas le droit ; et j’avoue encore que le besoin que j’avais de votre indulgence, ne faisait pas un titre pour y prétendre : mais vous regardez mon amour comme un outrage ; vous oubliez que si ce pouvait être un tort, vous en seriez à la fois et la cause et l’excuse. Vous oubliez aussi, qu’accoutumé à vous ouvrir mon âme, lors même que cette confiance pouvait me nuire, il ne m’était plus possible de vous cacher les sentiments dont vous l’avez pénétrée ; et ce qui fut l’ouvrage de ma bonne foi, vous le regardez comme le fruit de l’audace. Pour prix de l’amour le plus tendre, le plus vrai, le plus respectueux, vous me rejetez loin de vous.
Rejoignez-moi demain soir sur le pont, je vous prie. Si vous n'avez que faire de mes sentiments sincères, laissez-moi au moins contempler une dernière fois votre charmant visage, et osez me dire de vive voix que vous ne m'aimez pas.

Éternellement vôtre, M. »


Mon frère pénétra dans la pièce, je m'empressai de placer la lettre dans le tiroir de mon bureau et de le fermer à clé pour lui sauter au cou, comme si de rien n'était. »

Chapitre sixième. buried in water.

When you're drowning, you don't say "I would be incredibly pleased if someone would have the foresight to notice me", you just scream...


« Le lendemain matin, lorsque je me levai et que j'ouvris mon tiroir, toutes les lettres avaient disparu. J’allai immédiatement jusqu’à la chambre de Jared, qui dormait à poings fermés, pour les retrouver, mais elles n’y étaient pas. J’attendis donc plus nerveuse que jamais la tombée de la nuit pour me précipiter sur le pont avant que ce dernier ne se réveille; j’allais enfin découvrir le visage de mon bien aimé. C'est sans surprise que je découvris le pont désert. Solitaire, le vent poussait quelques brins de tabac délaissés par les fumeurs de pipe qui étaient passés par là. Quand une ombre assombrit le plancher je me cachai derrière un canot de sauvetage. Il se tenait bien là, mon admirateur secret, à l‘affût de n‘importe qui, à l‘affût de n‘importe quoi. Mais je n’osais pas me présenter à lui, puis j’étais trop occupée à l’observer. Sa beauté ne m’était pas étrangère, elle semblait aussi surnaturelle que celle de mon frère. Son teint brillait du même éclat, m’éblouissant sauvagement, ainsi que ses deux pupilles semblables à deux lanternes brûlantes dans l'obscurité du soir. Un homme aussi grand et beau ne pouvait m’aimer, je n’y croyais pas. Pas un instant, pas une seconde... Pourtant mon coeur battait la chamade, comme s'il s'apprêtait à sortir de ma poitrine ! Je sentais que bientôt je ne pourrais plus me contenir… Ce que je fis pourtant quand une seconde ombre rejoignit celle de mon amant; une forme féminine qui me laissa bouche bée. Ma gorge se bloqua lorsque je vis sa peau matte, son visage. Mavonne s’était donc emparée de mes lettres… Comment aurais-je pu soupçonner que la femme que j’aimais le plus au monde me trahirait de la sorte ? Ses lèvres se posèrent sur celle d’M. le Magnifique, et mon cœur se brisa d’une traite.

Je ne savais plus que faire. J'étais désemparée, brisée, découragée. Des larmes se mirent à couler irrémédiablement de mes yeux, la tristesse me prenait toute entière. Mon frère ne tarderait pas à se lever et partirait à ma recherche en ne me voyant pas couchée. Je ne voulais pas qu'il me voit ainsi. Je me dirigeai vers l’autre pont du paquebot pour y respirer l’air marin en posant mes coudes sur la balustrade. Face à l’eau noire je n’avais plus qu’une envie; m’y jeter. Je me sentais si malheureuse que même les rires des enfants toujours audibles au-dessous ne me faisaient plus sourire. Lorsque les rires des deux tourtereaux derrière-moi se mêlèrent à eux, je me décidai à escalader la balustrade. L’air était glacial, mais l’eau l’était probablement plus. Et le fracas causé par les vagues formait une menace terrifiante. Au moment où je me désistai un vent puissant se souleva et m'emporta avec lui dans l'eau. En effet, la température de l'air n'était rien comparé à la froideur de l'océan qui aussitôt fît de moi un glaçon coulant dans ses profondeurs... Bien que je n'eus pas le temps de m'en plaindre; rapidement l'eau salée pénétra mes poumons et je cessai de respirer. »


Dernière édition par Ophelia L. Wilcott le Mer 4 Nov - 7:56, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeMar 3 Nov - 13:04


Chapitre septième. time is running out.

You're not crazy, just a little unwell. But no doctor can help you now.


« Je suis morte dans l’eau, et sous les étoiles je suis revenue à la vie, c’est tout ce que je suis capable d’affirmer. Je crois que mon frère m’a sortie de l’eau -je ne lui connaissais pas non plus ces qualités de nageur… Alors que j’étais morte il m’a transmis ce qu’il était, et je revins au monde une seconde fois. Nous arrivâmes en Amérique quand je me réveillai auprès de mon frère mortel et à présent mon père immortel; mon meilleur ami intemporel. Il parvint en partie à combler les brèches de mon cœur atteint par M. et m’offrit une vie différente, une vie dont je ne verrais jamais ni la fin, ni la fin de la faim. Mon estomac criait tellement famine que la nourriture conventionnelle ne suffisait pas à me rassasier. Je fis alors connaissance avec un régime alimentaire nouveau; le sang.

Nous nous retrouvâmes seuls, à errer dans le monde sans but précis. Souvent je repensais au couvent et alors quelques larmes rougeoyantes apparaissaient au coin de mes yeux. Des larmes que Jared s’empressait d’essuyer. Je comprenais alors que je devais oublier notre ancienne vie, aisin que Mavonne et M. Nous avions eu en commun le malheur d’être orphelins, puis à présent nous partagions le bonheur d‘être frère et soeur. La douleur, cette souffrance indicible de grandir sans parents, avait eu au moins ce mérite de nous rapprocher. Je crois que jamais auparavant je n’avais si bien compris ce que signifiait le mot fraternité. Nous nous comprenions si bien. Un peu à la manière de ces couples qui, ayant passé une bonne partie de leur vie unis, n’ont pas besoin d’échanger de grands discours pour communiquer. L’ellipse et l’allusion suffisaient, le contexte partagé faisant le reste. C’est cela la complicité, la connaissance de ses rapports avec l’autre. Je ne voudrais laisser personne dire que ce n’était que l’expression de l’habitude, si mortifère à mes yeux. Il n’y avait plus d’habitude, la routine ne faisait plus parti de notre vocabulaire. Nous nous levions chaque soir dans un endroit différent de la veille, rencontrions des personnes différentes, jouissions de la lecture d’histoires différentes. Je dirais même plus; nous vivions nos propres histoires. Je pourrais écrire des milliers de romans inspirés de nos aventures, de nos rencontres, de nos meurtres, de nos éclats de rires…

Il me fallu un certain temps pour apprendre à jouer avec mes vicitmes avant de les achever, à les conduire chez le marchand de poupées ou au café, pour me faire offrir des tasses de thé ou des chocolats fumant pour mieux les repousser, comme si je me repaissais en silence de leur gentillesse fatale. Je compris rapidement que mon enveloppe charnelle m'enfermait dans l'état d'esprit que je ne quitterai jamais; jamais jusqu'à ce jour je ne suis parvenue à penser autrement qu'une enfant, à me lasser de mes dessins imparfaits, de mes jeux innocents. Je savais que la mort ne pourrait jamais nous frapper, que nos corps resteraient à jamais figés, que nous ne devions pas hésiter à porter nous-même la mort, car c'est grâce à elle que nous surviverions. Et je m'en réjouissais! Je resterai à jamais une poupée. Je resterai à jamais sa poupée. Cette idée me comblait de bonheur. Nous chassions, séduisions, jouissions longtemps de la compagnie de ce que nous avions condamnés, en tirant plaisir de la fréquentation involontaire de la mort que nous leur imposions. Transformée par les leçons de mon marionnettiste qui comprenait toujours tout mieux que moi, je recherchai d'avantage les humains, les choisissais tout en jouant de l'image d'éternelle fillette que je renvoyais. La foule innombrable et mouvante dispersée dans les rues ne perdait jamais son agitation. Je désirais dévorer tous ceux qui s'aglutinaient, dans ces cabarets qui ne fermaient jamais leurs portes, dans ces bals qui duraient jusqu'à l'aube, tandis que la musique et le son des rires se déversaient par les fenêtres ouvertes; tous ces gens autour de moi étaient mes victimes palpitantes, que je ne considérais plus avec cet amour que j'avais porté à Dieu et ses enfants, mais plutôt avec celui que j'accordais à mes jouets, ceux que j'enfermais à l'aube, dans mon coffre d'osier. »


Chapitre huitième. all flavor, no bite.

Real blood is for suckers.


« Les temps changent, nous ne changeons pas. Un nouveau monde avait surgit autour de nous tandis que nous commencions à peine à nous acclimater à l’Amérique. Nous étions Américain mais nous pensions toujours comme des anglais. Nous parlions toujours comme des anglais. Nous vivions toujours comme des anglais. Cela semblait d’ailleurs plaire aux américains mortels qui nous rencontraient. Ils s’émerveillaient face à nos manières de snobs européens, et peut-être aussi un peu face à notre comportement typiquement « vampirique ». Il me fallut attendre l’arrivée de la télévision pour connaître ce terme de « vampire », quelques années après notre venue aux Etats-Unis. Poser un nom sur ce que nous étions me parut de prime abord étrange, mais je m’y fis… Peut-être pas autant que les mortels. Ils m’agacèrent rapidement à savoir ce que nous étions, à nous montrer du doigt, à nous aimer pour cela. Il n’y a rien de plus lassant qu’un homme consentant.

Autrefois, d’ailleurs, les poupées étaient différentes. Elles me ressemblaient toutes ! À moins que ce fut-ce le contraire... Qu’y a-t-il de plus charmant que ces figures de porcelaine, avec leur joli minois d’ange égaré, leur promettes bien roses, leur petit corps dodus et leur belle robe de dentelle ? À présent, elles sont toutes affreusement reluquées -c’est à peine si un minuscule et vulgaire morceau de tissu les protège du froid-, quant à leurs visages, ils sont aussi peinturlurés, si ce n’est plus, que les dames du temps de la renaissance. Mais le pire de tout réside probablement dans leurs formes; elles sont fines et longues, on croirait à des asperges de plastique…

J’ai conscience que ça n’amuse plus personne de jouer avec quelqu’un comme moi, ou bien l’unique chose qui attire c’est le charme de l’ancien. Je déteste cette idée de n’être qu’une antiquité qui ne se verra jamais restaurée aux yeux des mortels. Même mon propre frère adhère à ces poupées du XXIe siècle… Le savoir en leur compagnie me déchire, mais le respect dû à l’aîné et l’amour profond que je lui porte m’empêchent de lui faire part de mes sentiments à l’égard de ses fréquentations. Les critiquer ouvertement serait bien trop maladroit. Je préfère encore me faire violence en supportant ces tailles trente-quatre avec leurs paupières-ombrelles et leurs talons trop hauts que de savoir mon frère, qui a déjà fait tant de sacrifices pour moi, malheureux. Il me semble que je serais d’autant plus affligée s’il perdait sa joie de vivre, ou à défaut de vivre, d’exister. Au final, son bonheur vaut bien toutes les femmes sottes du monde, et ce malgré qu’avec leur taille de guêpe elles me terrifient. Mon frère s’est rapidement habitué à elles, fruits de l’idéologie américaine, faisant l’éloge de leur ouverture d’esprit nouvelle, soit disant bénéfique à la coexistence des non-morts et des vivants. Lorsque Jared souhaite boire au cou d’une demoiselle, il ne la violente plus mais, aussi bien que l’aurait fait un parfait gentilhomme, lui demande avec courtoisie l’autorisation de s’exécuter tout en prétextant qu’il se doit d’agir de la sorte en raison des lois nouvelles en vigueur en Amérique. Pourtant j’ai assisté plus d’une fois à la naissance de cette lueur au fond de ses yeux, à la brûlure à ses crocs créée par la folle envie d’achever ses nouvelles poupées… Et, plus d’une fois également, alors que l’une d’elles s’était assoupie dans ses bras, anémique, je me suis approchée de son oreille en douceur et lui ai murmuré de mettre un terme à sa misérable vie de catin. Bien sûr il céda parfois, mais chaque fois que cela arrivait nous nous embêtions tant à nous débarrasser des preuves et du cadavre que nous en venions à regretter le meurtre de Barbie soumise. Toutefois je tiens à remercier les cieux pour toujours nous avoir envoyé à mon frère et à moi de quoi pourvoir à notre soif, pour avoir empêché l’atteinte de la sous-alimentation qui nous aurait contraints à goûter cet abominable sang embouteillé par ces êtres à l’origine des poissons crus servis après leur date de péremption. »


la Fin du Voyage
« Nous sommes bientôt arrivés. Quel dommage, j'aurais aimé encore longtemps vous parler. Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin... »



prénom ou pseudo.
Miss von Hammersmark. (Mais oui...)

pays et région.
Ici et là. Quelque part, en France.

âge.
Assez vieille.

célébrité sur l'avatar.
Jessica Stam.

fréquence de passage. ( ?/7 )
ça dépend.

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Eurydice O. Kirsikkanen
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeVen 6 Nov - 22:10


Bienvenue (=
« C'est ici Eurydice, votre hôtesse de l'air et nous vous souhaitons un très agréable voyage à bord de notre compagnie. »

Pour commencer de la meilleure des façons ce voyage, je te souhaite -ainsi que toute l'administration- chaleureusement la bienvenue sur True Blood!

Tu as terminé ta fiche et je vais donc maintenant pouvoir la modérer. Oh, mais ne t'inquiètes pas, je suis sûre que ce ne sera ni long, ni difficile.



Ffiouuu, quelle fiche! Et quel personnage!
Je suis sûre que tu ne vas pas t'ennuyer avec (=
On sent qu'elle s'épaissit encore, même si sa version précédente était déjà géniale. Le tout est très bien écrit, on prend plaisir à être du point de vue d'Ophélia, à être dans son univers d'enfant, enfin, d'enfant pas tout à fait saine d'esprit. Haaaa, je l'aime cette gamine ♥️
J'espère quand même qu'Ophélia va se la jouer un peu peste What a Face

Donc, je pense que tu as compris... oh non et puis j'te fais un petit suspense ouais. Je te valide pas. Ce serait trop facile.
... Enfin non j'y arrive pas. Allez, vas-y jette toi immédiatement dans la mare aux canards... euh dans le jeu! Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} 790722

Et je veeeeeeux savoir qui est ce fameux M. le magnifique!

Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} Ndvv2w
Ta fiche est maintenant validée!
Yeah! Bravo, je te félicite!
Je t'épargne le blabla, tu connais déjà tout (=
Je te souhaite un très bon jeu sur True Blood!
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Jared Wilcott
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitimeDim 8 Nov - 3:56

MA PETITE POUPÉE PRÉCIEUSE !!!

PERSONNE NE LA TOUCHE !!! 729632
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MessageSujet: Re: Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%}   Ophelia — You'd look nice in a grave ! {100%} I_icon_minitime

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