Je crois que je ne t'aime plus...[Beth ♥]

...Je crois que je ne t'aime plus.
Elle a jeté ça hier,
Entre le fromage et le dessert
Comme mon cadavre à la mer. " ♪

Mon i-phone dans les oreilles, je chantais allègrement cette chanson française fort amusante. Je l'ai découverte il y a peu de temps, totalement par hasard à vrai dire, et les paroles m'ont séduites. C'est d'ailleurs pour ça que je pousses la chansonnettes en poussant la porte du Fangtasia, un night club, bar au rez de chaussée, et dancing l'étage en dessous. Classe, huppé même et pourtant déjantée comme il le faut. Ici se côtoient toutes les races, métamorphes, vampires et humains. Si la majorité est aux humains, les Cess étant plutôt clubs privés encore aujourd'hui, personne ne s'étonne de m'y voir. Surtout que j'y suis bien connue. La patronne est une femme délicieuse qui ne rechigne jamais à me proposer son cou si je prends la peine de le demander poliment.

Il est tôt, ils viennent juste d'ouvrir et peu de personnes sont attablées au bar encore. Je salue les videurs, deux lycanthropes avec qui je m'entends bien. Wyatt et Léo sont consciencieux dans leur rôles, et je sais qu'ils ne permettront pas que les serveuses soient molestés, ou même que des clients trop entreprenants les agacent ou les dérangent. Et puis les petits ont de l'humour. Mon t-shirt les font bien rire et je partage leur hilarité, fière de ma trouvaille, leur promettant de leur en trouver à leur image. Sur le mien il y écrit "Pourquoi les cochons ont-il la queue en tire-bouchon ? "

C'est une question que je trouve excellente, pertinente et ironique. En plus je sais qu'il fera soupirer Beth. Elle déteste quand je me donne en spectacle, ou attire l'attention sur elle. En fait non, tout ce que je fais l'agace, elle n'aime pas quand je me montre charmant envers ses collègues, et encore moins lorsque je lui réserve toute mon attention. C'est une femme dans toute leur splendeur. Et vous savez quoi ? J'aime ça.

Je la repère rapidement. Elle est dos à moi, en train d'installer la partie fauteuils de la salle. Je suis particulièrement d'humeur taquine ce soir..

Il faut dire qu'après cette semaine d'art et de débauche, je suis en pleine forme et d'une humeur excellente. Elle a eu pour elle une semaine d'absence, et d'espoir quand à ma disparition définitive. Espoir que je m'apprête à briser. Je suis un monstre il ne faudrait pas que je l'oublie nos échanges deviendraient moins savoureux. Je profite de son inattention pour la surprendre, et l'enlaçant très brièvement je dépose un baiser léger sur sa joue et avant qu'elle ne puisse réagir je suis assis en face d'elle sur un confortable pouf de cuir rouge.

Je souris, exquis.

-Beth ma beauté, comment te portes tu ?

Je capte le plus grand désir et la plus grande peur de tout les présents, et j'aime cette sensation...seul Beth est comme une page vierge. Pourtant je ressens certaines de ses émotions.

Comme à mon habitude, j’enfilai une tenue plus que correcte et m’installai au volant de ma petite voiture pour me rendre au Fangtasia. Je ne travaillais pas toute la nuit ce soir là, encore heureux, j’allais pouvoir dormir un peu. Mes études me prenaient davantage de temps qu’autrefois et j’étais de plus en plus fatiguée. Je ne pouvais pourtant pas me résoudre à abandonner ce boulot de nuit et à mi-temps. Cela représentait trop à mes yeux. J’avais une mission et m’efforçais de la remplir. Sans oublier que cela me permettait d’arrondir mes fins de mois, en plus de l’argent que m’envoyaient mes parents.

Je slalomai paisiblement entre les voitures stationnées et celles arrivant en face, empruntant toujours les ruelles les plus sombres pour me rendre à mon travail. Je pensais que cela me permettait de peut-être tomber « au bon endroit, au bon moment », comme on dit… Ce que je veux dire ? Eh bien ce ne serait pas la première fois que je trouverais un vampire affamé et peu maniéré, si vous voyez ce que je veux dire… Mais ce soir là les rues étaient calmes, nous étions en semaine et il y avait même moins d’humains que d’ordinaire. Etant fatiguée, j’espérais que la clientèle du Fang’ serait réduite d’ailleurs, et peut-être même que je pourrais quitter avant l’heure. C’était rare, mais ce soir là, je n’étais pas particulièrement motivée. J’aurais préféré prendre un bon bain chaud -chose qui ne m’arrivait jamais- et me glisser sous mes draps, pour dormir jusqu’à tard le lendemain. Mais ma vie n’est pas faite ainsi. Tant pis !

Je garai ma vieille voiture sur le parking réservé au personnel et m’engouffrai dans le bâtiment par les portes de derrière. Saluant quelques collègues, je fus plus ou moins soulagée de voir que ce soir, ni Eric ni Pam ne serait sur mon dos, puis parti en quête de ma tenue de travail. Contrairement aux autres, je ne portais pas le genre de petits bouts de tissus affriolants pour attirer davantage la clientèle. Je n’avais pas besoin de cela, en vérité, car il suffisait qu’un vampire se rende compte qu’en ma présence il n’avait plus que des capacités humaines -ce qui pouvait arriver lorsque par réflexe, je concentrai mon pouvoir et m’abandonnai à l’utiliser- pour que je fasse l’objet de sa soirée et plus encore. Heureusement Eric et Pam laissaient rarement le moindre d’entre eux m’importuner, ainsi n’avais-je pas à sortir chaîne en argent et pieu à chaque fois. Ce qui du reste, ne l’aurait pas forcément déplu… même si je ne suis pas une meurtrière. Les affaiblir, c’est déjà suffisant.

Avec souplesse et rapidité, je me frayai un chemin entre la foule et les tables et m’activai déjà à servir les clients attablés. Efficace, ça je l’étais, mais après tout, j’étais là pour ça. Eric et Pam ne se seraient séparés de moi pour rien au monde. Hmmm, bien sûr, je savais que cela n’était pas dû qu’à mes talents de serveuses. J’avais développé un don des plus intrigants et qui pouvait leur servir à merveille. Heureusement que je pouvais tout autant me retourner contre eux. Au moins, cela les faisait réfléchir et surtout comprendre que je ne répondais pas d’eux et ne leur appartenais pas. Et puis quoi encore !? Devenir l’esclave d’un vampire, dépendre de l’un d’entre eux ? Seigneur, jamais !

Je levai les yeux au ciel après avoir quitté un maître buveur de sang et son novice dont je ne supportai plus les manières, avant de croiser le regard de celui que je croyais disparu de ma vie à jamais. Hélas… comment avais-je pu espérer une seule seconde… Grrr ! Je rejetai avec rage mon chiffon sur mon épaule avant de débarrasser l’une des tables. J’en profitai pour me faufiler derrière le bar avec dans l’idée de rester quelques instants à l’arrière du comptoir dans les cuisines. Mais je savais que même là-bas, il aurait l’audace de me suivre.

Je passai tout de même le temps qu’il fallait à remplir mes verres que je disposai sur un plateau, le tout en tâchant de l’ignorer royalement, puis revint à mes tables, où il s’installa d’ailleurs rapidement.

-Beth, ma beauté, comment te portes-tu ?

Grrr… Par réflexe, je bloquai aussitôt tous ses pouvoirs et lui accordai un sourire mauvais.

-Beaucoup moins bien depuis que je suis certaine qu’on n’a pas cramé ton cercueil ni planté un pieu dans ton petit cœur de pierre.

Réplique cinglante à mon image quand je me trouvai en sa compagnie. Sa seule présence m’horripilait, et plus encore maintenant que je savais qu’il passerait sa nuit à m’agacer…

On dit l'indifférence carte maîtresse dans une confrontation. Mieux que l'attaque ou même la défense, l'indifférence oblige son adversaire à cesser toute manœuvre. On n'attaque pas indéfiniment quelqu'un qui ne montre aucun signe que l'action la touché. Ou même qu'il la sentit. Pan. Même pas mal ! Tapez voir dans un mur de béton armé voir si ça fait mal. Comme une caresse hein ? Oui c'est bien ce que je pensais. Caresser un chat dans le sens du poil, il vous ignorera superbement, tout à sa toilette et ne désirant pas offrir son attention à une créature assez soumise pour s'abaisser une attitude pareille. Cependant quiconque aura le malheur de rebrousser les poils soyeux e ordonnés se verra traité en ennemi immédiat. Beth est de ces chats qui semblent toujours avoir la fourrure hirsute. Du moins en ma présence. Mais je sais qu'elle est prompte à sortir les griffes, et il ne lui faut guère de motif pour cela. A peine me voit-elle qu'elle s'agite déjà de contrariété, et me lance un regard noir. Je luis souris charmeur, guère impressionné par ses manières menaçantes. Je suis sur son territoire, et elle n'aime pas ça du tout. C'est étrange pour une humaine d'avoir une telle conception du territoire. Elle connaît au moins en partie les règles des CESS a ce sujet. Elle ne m'a jamais invité chez elle, et si elle pouvait elle révoquerait l'invitation ouverte à tout les vamps de la part de Eric. Quelle joie ce serait pour elle ! Mais elle s'ennuierait. Même Beth a besoin de quelque chose pour s'enflammer et vociférer. Sans oublier qu'elle est à moi.

Aussitôt qu'elle fut à portée de voix et de contact, je sentis qu'elle annihilait mon don et mes autres pouvoirs, et son sourire vainqueur attira un sourire retors sur mes propres lèvres.
Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire les grimaces mon enfant. Et le petit chaperon rouge ne peut résister au loup, car c'est elle qui va le chercher. En faisant ça elle rentre dans mon monde et nous met presque à égalité. Chose dont elle ne se rend pas compte, tout à sa joie de me rendre presque humain. Presque...je suis sur que si je le voulais je récupérais toutes mes facultés. Il faut bien que je lui accorde cette petite victoire ! Et puis cela me rappelle que je dois me comporter en humain et ne pas abuser de mes caractéristiques les plus attrayantes. Quoi qu'un crocodile ne puisse guère se débarrasser de ses quenottes. Je ne peux faire comme si je n'étais pas un puissant maître vampire. Mais je peux jouer selon ses règles !
Si elle préfère croire qu'elle cédera à l'homme et non à la bête...Elle me dit monstrueux, ne l'est-elle pas ? Elle qui joue a chat avec moi, qui me tend la joue avec insolence ?
Je lui réponds avec légèreté indifférent au fait qu'elle prononce des menaces de mort en guise de bonsoir. Elle est délicieuse, dans sa manière de me haïr elle me montre combien elle tient à moi.

-Il y a bien cette femme qui me prenant pour un humain voulait me faire essayer le bronzage UV, et ce lycan qui faillit me planter d'une fourchette à cause de sa petite amie. Mais comme tu vois je suis là pour ton plus grand plaisir. Je n'ai vu ni la délicieuse Pam ni la chevelure de barbare de ce cher Eric les aurais tu séquestré ?

Je souriais amusé à l'idée qu'elle s'était prise à son propre piège. Je ne suis plus un monstre en étant humain n'est ce pas ? Alors tant que je la laissais dans l'illusion ses propres arguments devenaient caducs. Il suffit que ne n'enfreigne aucune règle tacite et je l'emporte. Bing bang...tout est une question de donnant donné...

Un temps je demeurai là, muette, à l’observer, prise au piège de son incommensurable beauté. Je diffusais souvent l’image d’une fille forte, indifférente, prédatrice, et pourtant j’étais sensible, moi aussi, et me laissais aller à quelques instants de rêverie. J’aimais assez lire, comme aller au cinéma ou écouter de la musique. J’adorais me prendre ce que j’appelle de grandes « claques artistiques ». J’aimais ce qui était beau, y compris l’Homme. En cela je me prenais parfois à admirer certains visages ou quelques photographies. La réflexion qui me vint à l’instant d’ailleurs fut : comment un homme à l’âme aussi noire pouvait-il être photographe. Ou tout simplement aussi beau. Lui, l’être des ténèbres, l’assassin, le voleur, menteur, imposteur, suffisant et agaçant, comment pouvait-il ne serait-ce que percevoir la beauté, et parvenir à la capturer ? Au fond, sans doute n’était-ce là qu’une question de préjugés. Moi non plus, la plupart des gens ne me croyaient pas capable d’une telle sensiblerie. Et pourtant… alors, il était hautement probable que je me trompe à son sujet…

Je l’observai pendant un long moment, sourde aux remarques des clients qui m’attendaient pour prendre leur commande. Adam m’observait lui aussi, content de l’impact qui avait sur moi en cet instant. Mais je m’en fichais, et ça c’était bon. Il pensait avoir le dessus sur moi, c’était peut-être vrai, mais quand c’était le cas, c’était uniquement parce que je l’avais décidé. Et quand j’en étais l’auteure, cela ne me gênait pas de lui servir ce genre de comportement.

Je laissai alors un sourire à la fois interrogateur et moqueur naître aux coins de mes lèvres puis me tournai vers mes prochains clients, exaspérée que j’étais par leur impolitesse à mon égard. Je n’avais pas besoin des vampires pour me défendre, mais j’en savais quelques uns tout près et l’envie d’envoyer ces derniers aux humains qui m’importunaient ne manquait pas. J’étais précieuse à leurs yeux, véritablement, bien que tout à fait capable de me défaire d’eux en moins de quelques secondes. Et ce statut m’était plaisant. Sans doute le savaient-ils tous, y compris Adam. Mais je m’en fichais. Je ne dépendais pas d’eux. Face à moi ils n’étaient pas supérieurs, mais nous nous trouvions à égalité. J’avais parfois même le dessus tant certains étaient surpris de ce changement radical. J’étais fière de mon don, au final, ce cadeau des vampires pour anéantir les vampires…

Un temps je m’éclipsai derrière le bar, où je m’affairai à exécuter mon travail. Comme d’habitude, j’ignorais les remarques salaces de certains de mes clients, en menaçant quelques vampires entreprenant de ma chaîne en argent. Je ne mettait mon pouvoir à l’épreuve que rarement, en réalité, histoire que tout la communauté vampirique ne soit pas au courant de qui j’étais exactement, et sache ce dont j’étais capable. Après quelques minutes de services, je regagnai alors un peu de mon impatience et cherchai à travers la foule Adam du regard. Je jetai un coup d’œil furtif à ma montre puis m’éclipsai dans les « coulisses » pour retirer mon tablier. C’était l’heure de ma pose et, puisque de toute façon, je le savais, il allait en profiter pour me tourner autour, j’allais cette fois moi-même le rejoindre. Peut-être s’en étonnerait-il, ou non, peu importait. J’avais une question à lui poser.

D’une démarche ni particulièrement énergique, ni nonchalante, je me dirigeai vers lui et lui rendis son sourire rayonnant. Au détail prêt que le mien était tout à fait moqueur, démontrant bien mon indifférence à ses airs victorieux. Je pris alors place en face de lui en faisant glisser jusqu’à lui une bouteille de Tru: Blood. Qu’il l’ait commandée ou non, cela n’avait pas d’importance. D’une il allait la payer, et de deux…

-Tu ne vas tout de même pas jeûner…

Ce qui sous-entendais fortement : « tu ferais mieux de boire ça que d’aller chercher ta nourriture à la source, salopard ». Tout ça sonnant comme une menace, bien évidemment. Je n’avais pas peur de lui, et le défier n’avait jamais été un souci. Je me sentais également capable de le tuer, mais si c’était le cas, ne l’aurais-je pas déjà fait ? Je ne suis pas une meurtrière, mais tuer un assassin n’est-il pas rendre service à la communauté ? Baah, au diable ces questions de toute façon. La loi Est-ce qu’elle est et on doit la respecter. Je n’étais pas prête à finir en prison à cause d’un suceur de sang, et surtout pas par sa faute à lui.

Je lui jetai un regard dédaigneux avant d’arquer un sourcil comme lui savait très bien le faire, avant de poser la question qui me brûlait la langue.

-Alors… tu es un artiste, hein ? Et si tu me montrais un peu ce que tu sais faire ?

A ces mots, je me penchai vers lui et fis claquer ma langue sur mon palais. Je voulais savoir… savoir si un vampire était capable de finesse, de douceur, de sensibilité, véritablement… Sans compter que je mourrais d’envie de pouvoir me moquer ouvertement de lui !

J'aurais pu m'énerver, me sentir agressé par le fait qu'elle annihile mes dons. Si j'étais comme elle l'imagine du moins. Mais sa volonté à beau me priver de dons mineures, comme le charme vampirique, ma vitesse ou des ptites choses du genre, je sens encore ma puissance lovée en moi. Et je doute qu'elle puisse m'en priver. Mais je n'ai pas du tout l'intention de jouer a un duel de force ici. Ce serait inconvenant et inutile. Surtout qu'il ne s'agit pas de ça. Elle croit que je me sens supérieur et que c'est ce que je veux au final. La dominer. Elle ne sent et ne comprends rien. Elle est si engoncée dans ses préjugés qu'elle ne peut comprendre ce que je veux. Si je ne me souciais pas de sa personne je l'aurais prise de force un point c'est tout. Jusqu'à ou son don aurait pu restreindre mon pouvoir ?
Tel un viking je l'aurais empoigné par les cheveux un point c'est tout et sans dessous. Rachelle aurait adoré cette remarque. Mais certainement pas Beth qui figée face à moi m'observe. J'apprécie lorsqu'elle est ainsi. En cet instant elle laissait tomber la haine et ses moqueries pour être simplement elle. Une très belle femme, forte combattante mais qui veut toujours prouver quelque chose qu'elle a elle même oublié. Je ne sais pas pourquoi elle a ce besoin de rejet constant. Elle ne peut nier qu'elle ai attiré pour moi. Je fais un pas elle en fait trois vers moi. Elle cache ça derrière la confrontation qui nous lie, mais c'est elle qui vient toute seule, sans aucun charme vampirique. Ah je m'applaudirais pour un peu. Mais si mes mains quitte le plateau de la table elle va encore y voir une tentative pour l'approcher. Les remarques agressives impatientes et parfois forts irrespectueuses volaient des tables alentour. Mettant clairement Beth face à un fait, elle n'avait envie de donner son attention qu'à ma personne. Pour ma part j'aurais bien fait bouffer le bois des tables à ces impudents, mais cela aurait donné à la jeune femme une raison de plus pour s'enfermer derrière ses clichés. Elle ne veut pas d'un monstre ? Je m'abaisserais alors au niveau d'un simple homme. Les Hommes se battent avec leur poing non ? très bien cela se fera ainsi.

Elle s'éclipsa un moment servant quelques clients avant de me chercher du regard puis de repartie. Elle était tout près et je sentis sa taquinerie avant même qu'elle ne pousse la bouteille de true blood sous mon nez. Je m'autorisais un sourire de pur mépris et répliquait doucereux.

-Comment veux tu que mes apôtres acceptent mon sacrifice si j'accepte une nourriture pervertie !

Je ne touchais pas le flacon d'un rouge qui avait tout de l'eau mélangé à la terre rouge d'Afrique. Pour un peu je lui demandais un vers luisant, histoire de bien me montrer que je resterais un vampire donc un monstre. Pour un peu je me ferais tatouer un code barre avec vampire en rouge, et pourquoi pas exceptionnel ? On pourrait même faire un prix de groupe avec mon infant ! Il va adorer si je lui dis que ça consiste être plaqué et attaché à mon corps. Moins si je précise que c'est pour s'offrir aux enchères.

Après quelques instants je soupirais.

-Arrêtons là Beth ce jeu ridicule. Je ne boirais certainement pas de cet ersatz. Et tu le sais. Ton regard noir me fait frémir mais certainement pas de peur. Tu ne veux pas m'appartenir, je ne suis pas ton vampire apprivoisé. Je me montre respectueux et agréable envers toi, mais rien ne m'empêcherait d'arrêter cette attention pour tes remarques moqueuses. Petite pie...

Je souris, moqueur mais guère blessant, pour une fois je me suis appliqué à être clair.

Une autre provocation survint, friande qu'elle est...Je riais amusé et répliquais.

-La faiblesse à un nom sais tu lequel est-ce ?

Je doute qu'elle entrevoit a qui appartient ma citation et encore moins qu'elle comprenne par là ce que je veux dire. Ma main s'égara quelques secondes sur sa joue puis je la reposais sur la table avec un petit sourire en coin. Sa curiosité si humaine son intrépidité...elle n'est guère plus humaine que moi. Autant que mon infant je dirais. Tout jeune il a encore les automatismes humains et les sentiments qui vont avec il prend si facilement la mouche. Ils se ressemblent quelque part.

Avec ironie je répliquais.

-Je doute que même du Monet n'ai grâce à tes yeux si l'oeuvre était signé de mon nom. Montre moi plutôt de quoi toi tu es capable.

Elle voulait jouer ? j'adore ça ! Jouons jouons. Alors que les ombres s'allongent, se mêlent, étouffant les crics et la vie. Déguisant la mort et quelque part d'autres créatures comme moi. Elle se croit à l'abri, elle pense beaucoup de choses, mais elle ne connait pas la vie, il y a toujours eu d'autres personnes pour prendre à sa place.

Pourquoi ne fait-il jamais aucun effort ? Oh, je sais pourquoi ! Parce qu’il en est tout bonnement incapable ! Un vampire, et de surcroît lui, reste un vampire. Un être méprisable auquel on ne peut faire confiance, incapable d’amour et de gentillesse. Je sais aussi pourquoi il s’accroche à moi depuis le début. Parce que je lui résiste. Jour après jour, et qu’il ne peut rien n’obtenir de moi. La traque, c’est quelque chose de commun à presque tous les vampires, je crois. Certains sont plus patients que d’autres, mais lui… il adore ça. Qu’espère-t-il ? Boire mon sang ? Que je me soumette à lui ? Quel crétin ! Je ne suis pas de ces pauvres filles qui rampent devant les immortels pour se faire mordre ou coucher avec eux. J’ai horreur de leurs airs supérieurs et j’ai toujours abhorré la loi du plus fort. Parce qu’ils sont immortels, et dotés d’une force surhumaine, ils ont le droit de réduire en esclavage la totalité de l’humanité ? Je connais les vampires. Certains, très peu, comme Gabriel, sont des êtres respectables. Mais la plupart n’obéit guère aux règles dictées jour et nuit par la jolie vampire blonde à la télé. Je sais de quoi ils sont capables. L’un d’eux m’a privé de mon frère. Je ne ferai jamais confiance à l’un d’entre eux.

-Je n’ai pas besoin de vampire apprivoisé. Je préfèrerais encore un furet. Et tu n’es respectueux et agréable envers personne. Un être respectable ne prend pas la vie d’autrui et ne sème pas la pagaille autour de lui. Un être respectueux s’inquiète du tort qu’il pourrait causer aux gens et du chagrin qu’il pourrait éveiller chez eux. Tu n’es pas seulement un être quelconque, à mes yeux, avec ses qualités et ses défauts. Tu es tout simplement détestable. Un vampire… rien de plus, et rien de moins.

Ces mots avaient fusé à la vitesse de l’éclair au bout de ma langue acérée. Cela me mettait hors de moi qu’il refuse de boire du True Blood. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que c’était une preuve de plus de sa si sombre personne. Combien de vies avait-il pris au cours des siècles ? Je ne connaissais même pas son âge… sans doute avait-il eu le temps de tuer plus que quiconque… Quel être cynique, méprisable… ! Lui, artiste ? Mais je ne pouvais y croire une seule seconde !

-Alors c’est quoi ton truc ? Tu peints avec du sang et tu fabriques toi-même tes toiles avec les entrailles de tes victimes ?!

Il m’agaçait. Profondément. Déjà par sa seule présence. Et encore… par son cynisme, et son côté « réponse à tout ». Déconcertant comme type. Je me demande parfois s’il n’est pas pire encore qu’Eric. Au moins celui-là me laisse tranquille…

-La faiblesse ? Je crois qu’elle porte ton nom. Ou celui de ton espèce. « Vampire ». « Vampire »… répétai-je en le regardant fixement et en articulant chaque syllabe de ce mot prononcé par ma bouche avec mépris. Quoi de plus faible qu’un être qui se pense supérieur aux autres parce qu’il a tout simplement été bien pourvu par la nature ? Vous trouvez cela tellement marrant d’effrayer les humains… c’est répugnant. Et si… si seulement il n’y avait que vous…

A ces mots, je laissai vagabonder mon regard par delà mon épaule et me carrai dans le fauteuil que j’occupais. Malheureusement, il n’y a pas que les vampires qui sont bons à ranger dans cette catégorie. Certains humains ne sont pas plus recommandables. Mais qu’y faire ? Je n’ai aucun pouvoir là-dessus, et vouloir constamment changer le monde me perdra, c’est certain. C’est simple : qu’est-ce que je fiche ici, avec des êtres que je ne supporte pas ? Tous les jours où presque je reviens travailler là, et pourtant… ça m’exaspère. Je le fais en plus pour des gens qui… ne se préoccupent pas d’être protégés si besoin est. Les gens qui viennent au Fangtasia sont consentants, ils ne réclament que ça, des morsures et des parties de jambes en l’air avec des vampires… bon dieu, grand bien leur fasse ! Mais qu’est-ce que je fiche ici !?

Beth est colère, ressentit et remords. Je ne serais pas une seconde attéré de la voir briser des verres contre les murs, lissant les liquides colorés dégouliner jusqu'au sol en une tache collante. Imprégnant le lieu de son énergie. Elle ne se rend pas compte, comme elle attire tout les cess avec son énergie bouillonnante, incontrôlée. Les ondes négatives nous attirent comme des charognes. Luttes de pouvoir, histoire de domination certainement. Tout finit pas un loukoum. Dans les déserts d'Arabie cette friandise est autant un signe de respect, qu'il est une arme. On ne refuse pas cette offrande à la fin du repas, témoignant du respect de son hôte, et de notre engagement mutuel. Mais il est si aisé d'empoisonner une si amusante petite chose. On n'en fait qu'une bouchée, ça fond sur la langue...

Et déjà les affres du poison s'étreigne dans nos veines...

Du temps de Salem Beth eut surement été du côté des chasseurs de sorcières, s'enfuyant de sa maisonnée, habillée comme un homme, pour détruire ces créatures du diable. Mon enfant serait tu pieuse ? Il est amusant combien les mots se ressemble. Dieu interdit de tuer son prochain, quel qu'il soit, et pourtant un "pieu" est une arme. Qu'on dit devoir nécessairement manier avec la foi. Ainsi la croyance donnerait le doit de tuer ? Haha que ces grenouilles de bénitiers s'en morde les cuisses. La foi n'a rien apporté aux Hommes, jamais. Alors qu'au moyen-âge les croyants atteignaient l'apogée en nombre, la peste décima la France, n'épargnant ni enfants, ni vieillards, punissant femmes comme hommes. Et nul trace de pomme. Ou alors serait ce une tourte ?

Qu'importe cela n'a pas de sens...On est tous des anges déchus ma un jour dit une voluptueuse créature. On vénère les anges pour leur magnificence, leur grandeur, mais eux ne se souviennent que de leur chute. De l'humiliation et de la haine...du vide.
Nous avons tous notre façon d'expier cette haine qui est notre condition de vie.
Pour Beth c'est traquer les vampires. Buffy numéro deux ! Sans paillettes et nettement moins gourde cela va s'en dire.

Je ne sais pourquoi elle continue à me rejoindre, à me répondre, mais elle ne cesse pas le combat. Alors parle petite fille, tu ne fais que t'engluer d'avantage...

-Je ne doute guère qu'un furet placardé sur ta porte serait du plus bel effet. Dis moi Beth, la viande que tu ingurgites, lui as tu demandé de faire don de sa chair ? Si j'étais réellement quelconque, tu ne me verrais pas. Je ne te suis pas indifférent, il n'y a qu'à constater comme tu me réponds. Tu me détestes d'autant plus que je te fais ressentir, toi qui aurais voulu t'anesthésier de ta douleur.

Je souris condescendant, ce petit jeu étant fort attrayant. Je saluais ses propos suivants d'un rire ravit.

-Quelle imagination ! Mais tu te trompes sur un point, j'utilise la peau pour les toiles, tendres et fraîches...est ce ainsi que tu vis Beth ? En haïssant tout ce qui t'es étranger ? En te complaisant dans ton propre purgatoire ?

Quelle étrange manière de vivre.

-Je traque et je détraque, comme un manège sans fin, faim qui tâche la neige...

Toujours la même mélodie, les même paroles, elle même s'empêche d'avancer. D'espérer, d'être. Il est plus facile de se croire victime. Et de là endosser le manteau de bourreau qu'en occasions "justifiés". Futée mais plus aveugle qu'un nourrisson.

-Arriverais tu seulement à aimer encore Andrea ? Ta haine des vampires surpasserait-elle ton amour pour ton jumeau ?

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