N'aie pas peur, c'est une nuit sans lune... — pv Cerise.

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N'aie pas peur, c'est une nuit sans lune... — pv Cerise. 087HughHot1

Pourquoi les berges du fleuve ? Mmh. Bonne question. Terence se le demandait aussi, parfois, bien qu'inconsciemment, il le savait. Peut être pour la fraîcheur ? .. Ou pas. En tout cas, certainement pas car c'était un raccourci, au contraire, ça lui faisait même faire un bon détour avant de rejoindre le quartier de son appartement. C'était même... Carrément à l'opposé, en fait. Pourtant, il avait eu envie de s'y rendre, une fois encore.

Peu de gens venaient ici, car c'était plutôt malfamé, du moins c'est ce qui se disaient. Et c'est vrai que dans le noir, se promener près du fleuve avec le bourdonnement de l'eau sifflant dans les oreilles, ça devait être plutôt flippant. Pourtant, Terence le faisait, lui. Non pas qu'il se soit cru indestructible... Non, en fait, il ne le croyait pas puisqu'il l'était vraiment ; ou presque. C'est pourquoi il n'avait pas de raison d'avoir peur qu'un homme lui tombe dessus pour l'agresser ou quoi que ce soit d'autre, car il savait que si ça arrivait, ce ne serait pas lui la victime. Que ce soit d'ailleurs un homme ou pas, car même un vampire ne faisait pas le poids face à lui. Et même plusieurs ; car ils n'avaient aucun intêret à le tuer, pour la bonne raison qu'ils ne pourraient même pas se servir de lui comme nourriture. Alors à quoi bon ? Ils n'allaient pas se risquer à se battre contre lui, c'était stupide. Voilà pourquoi Terence ne risquait rien à se promener ici alors que la nuit tombait, et c'était aussi pour ça qu'il était là : le danger. Car qui dit zone dangereuse, dit zone évitée par tout le monde, et dit donc solitude et tranquilité.

Machinalement, il s'y rendait, de temps à autre. Comme ce soir. Il ne réfléchissait pas trop et laissait son instinct le guider jusqu'à cet endroit, poussé par un certain désir de solitude, et de proximité avec la nuit. Les soirs où il venait ici, il éprouvait un sentiment grisant de communion, à la fois avec le monde et lui-même, alors que la nuit l'enveloppait d'un doux manteau d'humide obscurité, le faisant doucement frisonner dans la pénombre. Il s'asseyait souvent sur un des bancs qui bordaient le chemin, plongeant ses yeux dans les astres, ou parfois, il descendait près de l'eau et finissait même quelque fois par s'y endormir pour se réveiller constellé de rosée matinale. Et à chaque fois, il pensait à une chose : Cassandre. Ce soir ne différait pas des autres, d'ailleurs, il pensait à elle tout le temps. Là, en ce moment même, plus particulièrement, alors qu'il marchait jusqu'à un endroit où élire domicile pour quelques instants, voir la nuit. Il devait être aux alentours de 20h et déjà, il faisait sombre. Il avait revêtu spécialement pour son excurtion un long manteau noir dont le col était relevé et dans lequel il pouvait enfouir son visage. Ce n'était pas à cause du froid, mais car il aimait bien ce sentiment de barrière entre lui et les autres, une sorte d'anonymat puisqu'il était en parti dissimulé. Immergé dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite la personne en face de lui, ne la regarda même pas. Il se demandait si Cassandre allait bien, se remémorrant son visage et son rire si vivant. Peut être elle aussi pensait-elle à lui ? Il n'était plus vraiment là, à cet instant prècis, c'était comme s'il était avec elle... Pourtant, quand il passa à côté de la personne qui s'avançait, une odeur familière sauta à ses narines et le vit sortir de sa torpeur. Il se tourna donc abruptement vers celle qu'il venait de dépasser et la scruta de ses yeux sombres, soudain écarquillés : « Cerise ? Cerise Lowry ? » S'étonna-t-il, sa voix rauque résonnant quelques instants dans l'atmosphère. Oui, c'était bien elle, il en était sûr. Et apparament, elle ne s'attendait pas à cette réaction aussi soudaine que surprenante de sa part vu l'air qu'elle affichait, entre la surprise et la frayeur, et peut être même ne l'avait-elle à son tour pas reconnue, avec son manteau cachant une partie de ses traits. C'est pourquoi il s'empressa d'ajouter : « Excusez-moi, c'est Terence Whistler, j'espère que je ne vous ai pas effrayée. » Il rabattit le col de son manteau pour dévoiler l'intégrité de son visage et lui adressa un bref sourire d'excuse. Tiens, que faisait-elle là, elle aussi ? « Vous aussi, vous vous promenez ? » La question était un peu stupide, car les berges étaient un drôle d'endroit pour se promener, mais il le faisait bien lui alors sait-on jamais...

Cerise avait eu une très longue journée. Complètement épuisée son manager avait fait traîner le tournage d’une pub pour elle ne savait déjà plus quel parfum. Finalement elle avait obtenu gain de cause auprès de l’équipe pour reporter le shoot au lendemain. Son manager, M. Dillon était furieux, une nouvelle journée lui coûtait de l’argent. Furieux était un mot encore trop faible pour décrire la colère qui l’animait, la colère et l’avarice surtout. Il la priva de sa dose de V, à force de le faire elle commençait à s’habituer, et de toute façon elle avait un arrangement avec un autre vampire. Devant le manque de réaction de la jeune fille, il leva pour la première fois la main sur elle. Sa joue était maintenant ornée d’un bleu encore douloureux.

Où était-elle d’ailleurs ? Elle l’ignorait, lorsque la voiture l’avait déposé chez elle, Cerise n’avait pas gravis les étages. C’était la première fois qu’il levait la main sur elle, elle savait qu’il le regrettait déjà, elle trouverait une excuse pour le lendemain, de toute façon qui la croirait, une petite junkie comme elle ? Pas même capable de poursuivre convenablement ses études. Elle n’avait pas versé une larme, Cerise avait simplement sorti de son sac sa petite fiole de V, et l’avait vidé d’un coup. Son bien être était illusoire, mais tant qu’elle n’avait pas à penser tout était pour le mieux.

Statique elle observait l’eau s’écouler, sans se rendre compte qu’une présence étrangère s’avançait. Le danger ne lui faisait pas peur, elle se souciait à peine d’elle-même. Depuis quelques temps, elle essayait de se reprendre en main, retournait en cour, lorsqu’elle parvenait à se lever. Lorsque son manager ne faisait pas durer les séances photo jusque tard, qu’il ne la traînait pas à divers soirées, ce genre de soirées ou il fallait être vue. Le genre de soirée où ont ne lui demandait que de faire jolie, elle ne les supportait plus, mais les endurait.

L’homme qui s’avançait la doubla, puis se retourna brutalement. Cerise sursauta en entendant son nom et amorça un mouvement de recul. Cette voix, elle la connaissait. Le professeur Whistler, elle reconnut son visage lorsqu’il rabattit son col, et que de lointains phare l’éclairèrent fugitivement. Rassérénée elle leva un regard interloqué vers lui. Se promener, le mot juste aurait plutôt été erré, mais elle acquiesça tout de même.

"Bonsoir professeur, vous m’avez surprise… Vous avez une très bonne vue"

Son professeur l’avait reconnut dans cet endroit si sombre, c’était impressionnant de sa part, elle espérait juste que l’obscurité cachait suffisamment bien le coup porté à son visage, elle n’avait pas envie de s’expliquer, jusque là une seule personne était au courant de sa situation, un autre professeur, Elisius Cicero. Son humiliation était déjà assez douloureuse pour ne pas être partagé par l’ensemble du personnel enseignant. Il fallait dire que le professeur Cicero ne lui avait pas laissé d’autre choix que de s’expliquer, prendre de vitesse un vampire… c’est impossible.

Cerise leva son regard azur et un peu naïf vers la haute silhouette de son professeur. Elle l’appréciait beaucoup, contrairement à certain collègue il ne faisait pas que réciter des notes, son cours était vivant et au début de l’année Cerise avait été très assidue, ravis de participer à quelques débats et de bavarder à la fin des cours avec lui. Tout cela lui paraissait si lointain, elle avait désormais l’impression d’avoir trop vécut, c’était un comble à son si jeune âge. Elle resserra autour d’elle les pans du fin manteau qu’elle portait et croisa les bras, maintenant qu’elle était sortie de ses songes, la fraîcheur de ce début de soirée la frappait, elle n’avait aucune idée de l’heure exacte, les journées raccourcissaient et Cerise avait perdue toute notion du temps.

"Je ne connaissais pas cet endroit, c’est agréable ce calme."

Bonsoir professeur, vous m’avez surprise… Vous avez une très bonne vue.

« C'est aussi que vous possédez un physique qui ne s'oublie pas ; vous êtes loin d'être banale alors, c'est facile de vous reconnaître. »

« Vous devez d'ailleurs avoir l'habitude, vu votre notoriété... On doit souvent vous reconnaître dans la rue. »

Je ne connaissais pas cet endroit, c’est agréable ce calme.

« Je trouve aussi. »

« J'y viens, de temps en temps, particulièrement pour ça. Personne ne vient ici, et surtout pas la nuit. Mais pour ma part, je trouve que l'eau est apaisante. Bien plus que le silence. »

« Ca m'aide à penser, à y voir plus clair. »

« Qu'est-ce que l'eau vous inspire-t-elle, Mademoiselle Lowry ? »

Cerise trop absorbée par ses propres réflexion, mis un certain temps à relever. Elle ne prenait plus vraiment la peine de réfléchir a ce qu'on lui disait, aucune des paroles qu'on lui prononçait dans le cadre de son métier ne nécessitait l'utilisation de son cerveau. Elle jeta tout de même un coup d'œil au professeur lorsqu'il se justifia, ce n'était pas un comportement très habituel. Elle haussa simplement les épaules, sa notoriété elle ne la vivait pas.

« Je sors peu. »

C'était atténuer la vérité que de dire ça. Elle ne sortait plus, préférant reste cloitré dans son studio que de devoir supporter les regards des gens. Trop consciente de sa propre déchéance pour l'afficher, et elle avait la fâcheuse manie de s'attirer des ennuis dès qu'elle mettait le nez dehors. Elle savait que son visage était connu, juste parce qu'on le lui disait, et parce que les campagnes de pub se succédaient à un rythme effréné, qui lui laissait peu de temps pour autre chose.
Cerise avait toujours aimer ce genre d'endroit, le clapotis de l'eau la reposait, elle se tourna légèrement, faisant a nouveau face au courant, aux cotés de son professeur de philosophie. C'était une personne qu'elle appréciait, ses êtres à qui l'ont peut faire confiance sans trop savoir pourquoi. La jeune fille avait peut être une trop grande foie en l'être humain, elle faisait si rapidement confiance que la plupart du temps elle se faisait berner, mais elle était foncièrement optimiste au sujet des gens, une naïveté encore enfantine dont elle ne parviendrait sans doute jamais à se débarrasser.

« Ce que l'eau m'inspire...? La vie, elle continue son cours implacablement, peu importe les barrages »

En répondant elle tourna à nouveau son regard vers lui, un sourire un peu pâle, la question aurait pu être posée en cour. Les professeurs n'étaient donc vraiment que cela ? Le regard de son enseignant était doux, un peu curieux, mais il ne semblait pas juger, ni la scruter, elle ne se sentait pas mal à l'aise, cela aussi était incroyablement reposant. Les regards chargés, elle les endurait toute la journée, c'était aussi pour cette raison qu'elle ne sortait qu'à peine. Et puis, 'Mademoiselle Lowry', c'était si respectueux, seul son prénom était utilisé, il lui paraissait presque salit, souillé par les médias et son manager qui ne l'utilisait que lors de grandes colères. Elle était Cerise, la star montante, la gentille petite poupée écervelée, c'était bien l'image que l'ont avait d'elle au premier abord.
La nuit était belle ce soir, un peu fraiche, mais si reposante, cet endroit, elle l'aimait, si jamais elle parvenait à retrouver comment elle y était parvenue, elle reviendrait.

Pour un court instant elle se sentait en paix, rien ne venait la tourmenter, et elle avait l'étrange impression que c'était la présence rassurante de Terence Whistler qui en était la cause. L'homme possédait une présence et semblait englober l'espace de son être. Il dégageait quelque chose de mystérieux, un peu à la manière du professeur vampire, mais elle n'aurait sut dire quoi exactement. Une étrange impression, plutôt bonne en l'occurrence puisqu'elle n'avait aucune envie de s'enfuir en courant en le voyant. Bien qu'elle soit honteuse de se présenter ainsi, la pommette bleuit et d'une humeur morose, bien loin de son caractère enjoué. Depuis quelques temps elle parvenait à remonter quelque peu la pente, avant de replonger, sans soutiens, à sa seule force c'était si dur de ne pas se laisser entrainer.

La jeune fille frôla de deux doigts sa joue douloureuse, l'endroit dégageait une certaine chaleur, et elle pouvait sentir son cœur pulser. Cela mettrait quelques temps a disparaître totalement, la maquilleuse allait s'amuser. Elle baissa les yeux, et reprit la parole d'une voix douce et basse.

-Professeur croyez vous qu'il serait possible d'encore passer les sessions de rattrapages ?

Elle ne s'était pas présentée aux partiels du premier semestre, elle était à l'autre bout du pays à cet époque. Cerise n'avait pas osé protester lorsque Mr; Dillon avait menacé de prévenir sa famille de son état déplorable, ou même de rompre le contrat, elle se serait retrouver à la rue. Son futur lui paraissait bien incertain, pourtant elle voulait reprendre convenablement ses études, passer ses examens, mais c'était si dur... et si son manager l'apprenait, sans doute lui rendrait-il la vie encore plus insupportable.

Je sors peu.

Ce que l'eau m'inspire...? La vie, elle continue son cours implacablement, peu importe les barrages.

« C'est la source de tout. »

Professeur croyez vous qu'il serait possible d'encore passer les sessions de rattrapages ?

« Biensûr. J'ai su que vous ne vous étiez pas présentée aux partiels, mais si vous avez une bonne raison, ce dont je suis persuadé, il sera facile de convaincre l'administration de vous les faire repasser. Je vous appuierai si nécessaire. »

« Mettez ça sur votre joue. »

« Ca ne fera pas de miracle, mais ça vous soulagera un peu. »

Cerise observa son professeur quitter sa place, et se pencher près du fleuve. Elle se sentait si lasse, son corps lui faisait mal, mais elle avait peur de rentrer chez elle, mais si elle ne le faisait pas, ou irait-elle ? Elle avait presque oublier ce qu'elle avait demandé lorsque le professeur Whistler revint. Elle était plus troublée qu'elle ne voudrait l'avouer par sa présence, son sourire simple, un peu contagieux auquel elle répondit timidement. Il lui annonçait une nouvelle heureuse, elle pourrait les repasser, sauver son année, sauver le maximum qu'elle pourrait. Elle réviserait, elle s'enfermerait, et ne dirait rien à son manager, il ne devrait pas savoir, elle était persuadée qu'il ferait tout pour qu'elle les rates. Son professeur lui assurait son appuis, c'était un si beau cadeau. Il ne pouvait bien sur pas se rendre compte, il la traitait comme une élève, comme quelqu'un capable de réfléchir. Elle releva son regard d'azur vers celui de son professeur, elle voulait faire passer toute la gratitude qu'elle pouvait ressentir, et que sa gorge nouée refusait de laisser passer. A sa surprise, il lui tendit un mouchoir de tissu, imbibé d'eau fraiche.

Sa voix douce et grave lui prodigua un conseil, il ne posait aucune question, l'aidait juste, sans lui demander de se justifier. Elle prit le tissu dans sa main, ses yeux incapables de quitter ceux de son professeur, son cœur rata un battement. Il se montrait si gentil, cela la bouleversait, elle en avait finit à ne plus croire cela possible. Cerise le porta délicatement à sa joue, alors que son professeur retournait à sa place première. Elle avait un véritable cœur d'artichaut, et la moindre attention suffisait à la chavirer. Avec douceur elle appuya sur sa contusion, la fraicheur de l'eau apaisa un peu la douleur, elle se sentait redevable, si pleine de reconnaissance pour ce petit geste anodin, mais la moindre attention non feinte lui paraissait incroyablement généreuse.

« Merci Professeur »

Elle ne savait que dire de plus, une unique larme coula sur sa joue, elle devait être pitoyable. Pauvre petite fille, elle attendit que le nœud dans sa gorge se dessert. Son professeur paraissait absorbé dans la contemplation du ciel. Elle, observait l'herbe un peu humide, ses baskets blanches se tâcher de vert, elle ôta le tissus de sa joue, il était un peu tiède, mais son professeur avait eut raison, cela l'avait quelque peu soulagé, mais plus que le mouchoir, c'était l'attention qui lui avait apporté le réconfort dont elle avait besoin. Elle releva la tête, observant le profil sculpté de son professeur de philosophie, il dégageait une impression de quiétude, de force tranquille, un côté un peu sauvage qu'il aurait sut dompter. Cerise n'aurait pu dire ce qui lui donnait ces idées, mais elle en était certaine.

Le regard de la jeune fille glissa vers l'horizon, elle s'y abîma quelques instants, cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu ses parents, elle répondait à chaque mail, mais ne décrochait plus le téléphone, elle avait peur qu'ils se doutent de quelque chose en entendant le son de sa voix. Sa déchéance devait rester privée, elle donnait comme excuse son emplois du temps bien trop chargé, ses allées et retour constants incessants, ses parents semblaient un peu inquiet, mais lui faisaient confiance, et c'était là le plus douloureux.

« Vous savez mon... travail me prends beaucoup de temps et d'énergie, mais je vais me remettre convenablement à mes études. C'était dure, à chaque fois que je voulais étudier on m'envoyait à l'autre bout du pays, et mon manager.... est intraitable... »

Il est même pire que ça, mais elle ne peut en dire plus. Elle ne veux pas attirer la pitié, elle ne veut pas passer pour la faible petite fille incapable de se débrouiller, se plaindre elle aurait de quoi, mais elle se refusait à le faire. Si elle devait repasser ses examens, elle ne voulait rien influencer, si jamais elle obtenait ses examens se serait à sa seule force, Cerise voulait que tout le mérite lui revienne. Elle était déjà peu fière de devoir les repasser, pour l'instant elle et honteuse de son état. Elle porta a nouveau le mouchoir humide, la douleur lancinante s'estompait lentement.

« Je peux vous offrir un café, pour vous remercier ? »

Cerise savait que c'était loin d'être habituel, une élève n'était pas censé inviter un professeur, mais à cet instant elle voulait lui montrer qu'elle n'était pas une ingrate, grâce à lui elle pourrait sans doute repasser ses examens, et il ne lui demandait rien, ne s'immisçait pas dans sa vie. Ce qui était plus qu'elle n'aurait pu lui demander. Elle se tourna vers lui, laissant retomber ses bras de long de son corps, un peu gauche et timide, prête à entendre un refus.

Dans le silence tranquille de la nuit, elle le remercia avec douceur et il ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire, c'était normal. Pourtant, à voir son air, il avait l'impression d'avoir accompli une action digne de la découverte d'un médicament contre le cancer ! Ses yeux brillaient de reconnaissance et il avait senti son trouble ainsi que sa surprise quand il lui avait tendu le mouchoir, il avait même entendu son coeur effectuer un sursaut avant de voir du coin de l'oeil une petite perle argentée glisser le long de sa joue ! Pourtant cela lui avait paru tellement naturel qu'il en était troublé à son tour, pas du tout préparé à une réaction d'une telle ampleur... Car oui, Terence était incapable de rester sans rien faire quand il avait le sentiment qu'il aurait dû agir, et la sentir si fragile, là, juste à côté de lui, le touchait plus qu'il ne voulait l'admettre. Il éprouvait l'irrésistible envie de la prendre dans ses bras pour la rassurer, lui prodiguer la présence qui semblait tant lui manquer; et voulait absolument faire quelque chose pour elle, pour qu'elle se sente mieux, même si ce qu'il pouvait se permettre n'était pas grand chose ; en tout cas, elle, semblait touchée par son comportement, qui lui semblait si peu, vraiment la moindre des choses. Car il ne pouvait pas rester sans rien faire, il était comme ça, c'était dans sa nature profonde. D'autant plus qu'il adorait cette élève, autrefois si assidue et douée, qui aujourd'hui semblait peiner à remonter la pente. Alors s'il pouvait se rendre utile, il n'allait pas y couper.
Perturbé par l'attitude de la jeune femme ainsi que ses propres envies, il avait plongé son regard dans le ciel, espérant y trouver un quelconque apaisement. Ca marchait en général quand il se sentait trop seul et avait besoin de se tourner de plus hautes instances pour ne plus se centrer sur lui-même. Un truc de prof de philo, assurément... Sauf que comme il sentait le regard de Cerise sur lui, il avait un peu du mal à faire abstraction du reste du monde et devait avouer ne pas totalement parvenir à conserver sa sérénité habituelle. C'est pourquoi quand elle parla, il n'avait pas encore totalement repris consistance. « Vous savez mon... travail me prend beaucoup de temps et d'énergie, mais je vais me remettre convenablement à mes études. C'était dur, à chaque fois que je voulais étudier on m'envoyait à l'autre bout du pays, et mon manager.... est intraitable... » « Je lui dirais bien deux mots à celui-là... » Laissa-t-il échapper entre ses dents, faisant le rapprochement qui s'imposait entre le bleu et son manager, avant de lui jeter un regard embarassé. Ce n'était pas son genre de se laisser dominer par ses sentiments mais les émotions que lui renvoyaient la jeune femme le troublait si bien qu'il n'avait pas pu s'empêcher de dire le fond de sa pensée. Il grimaça légèrement en passant une main dans ses cheveux avant de rajouter : « En tout cas, si vous avez besoin de rester un peu après un cours pour que je vous aide à réviser ou que je vous fasse passer des cours que vous ne pouvez pas faire autrement que de manquer, n'hésitez pas à demander. » Terence ne la prenait pas en pitié, il était simplement soucieux, et comme il se doutait que gérer sa notoriété n'était pas simple, il trouvait juste de lui accorder un soutien. De plus, possédant un grand coeur, il n'hésitait pas quand il pouvait mettre ses capacités au service des autres. « Je peux vous offrir un café, pour vous remercier ? » Il tourna ses yeux vers elle et la dévisagea un instant, surpris de cette demande. Biensûr qu'il n'avait pas loupé la possible connotation dans cette proposition, et comment aurait-il pu ? Après tout en presque 500ans d'existence, il en connaissait assez pour savoir que ce genre de phrase entre un homme et une femme n'était en général pas anodine. Mais il s'escrima à penser rationnellement et de façon plus posée : elle était son élève, lui son professeur, et elle éprouvait juste de la reconnaissance et par conséquent, souhaitait simplement lui offrir un café puisque c'était le genre de chose qu'on faisait. Pas de quoi en faire un plat, non ? Et puis pour tout avouer, il se sentait bien incapable de lui essuyer un refus, de toute façon... U_U « Biensûr, ce sera avec plaisir. Et puis c'est vrai qu'il fait un peu frais, vous serez mieux à l'intérieur. » ... Quoi, qui a dit qu'il se cherchait des excuses pour justifier et rationaliser son assentiment ? Meuh pas du tout........

La réaction de son professeur l'étonna. Si impulsive, elle lui jeta un regard surpris. Dire deux mots à son manager n'était certes pas une bonne idée, il saurait alors qu'elle s'était plaint. Elle ne devait pas se plaindre, en tout cas cela ne devait pas se savoir. Elle regrettait déjà d'en avoir trop dit et son professeur paraissait lui aussi confus de s'être emporté, elle en fut rassurée cela montrait qu'il n'irait sans doute pas étaler l'affaire. Un silence quelque peu pesant s'installa et s'étira quelques instants, Cerise baissa la tête. Elle n'aimait pas les longs silences, et elle se sentait idiote d'avoir parler de son manager, ce n'était vraiment pas très malin. Elle fut soulagé lorsque son professeur reprit la parole, elle releva la tête, ses grands yeux un peu candide observant le plus âgé.

La proposition de son professeur était tout à son honneur. Rattraper son retard était indispensable pour la suite, et l'aide d'un professeur ne serait certes pas du luxe. Tout le personnel enseignant ne se donnait pas cette peine, la plupart s'en moquait éperdument, mais c'était légitime si chacun devait s'intéresser aux problèmes de chacun de leur étudiant ils n'auraient même plus le temps d'enseigner. Un sourire s'imprima ses lèvres et elle fit un léger signe de tête.

« Merci beaucoup, je m'en souviendrais »

L'avenir lui paraissait moins incertain, elle avait un espoir, un infime espoir de pouvoir reprendre les études. Arrêter le mannequinat, avoir assez de courage pour l'annoncer publiquement. Mettre sa carrière entre parenthèse. C'était peut être trop demander, il lui semblait qu'elle croulait sous la pile de contrat jusqu'au moins l'année prochaine. S'assoir dans un amphi et prendre des notes, écouter avec attention un maître de conférences, poser des questions, faire des recherches, passer des nuits à rédiger des dissertations sur un sujet quelconque. C'était quelque chose qu'elle aimait, bien plus que de faire simplement jolie. Elle était si heureuse d'entrer à la fac, petite elle aurait aimé être Champollion, découvrir les pyramides, être archéologue. Cela lui paraissait si lointain maintenant, plus tard elle avait simplement voulut être journaliste. Où s'était enfuis ses rêves ?

Elle fut heureuse qu'il accepte son invitation à boire. Elle commençait à avoir vraiment froid et après cette journée elle avait besoin d'un bon café, ou d'un thé même c'était bien plus agréable. Atténuer l'amertume avec du sucre, si la vie était aussi simple se serait merveilleux.

Cerise savait que cela paraissait étrange, et qu'il valait mieux éviter que quiconque les croise. Une élève et un professeur buvant simplement un verre, cela serait mal vu, on se poserait des questions alors si la jeune fille revenait subitement en cours et réussissait ses examens, et ce ne serait pas non plus bon pour le professeur vis à vis de ses collègues et même des autres élèves. Donc éviter les endroits fréquentés. Pas de starbucks, de toute façon elle commençait à avoir l'habitude d'éviter les endroits trop fréquentés, la notoriété faisait plus de mal que de bien. La plupart ne connaissait pas son nom, mais elle était « la fille des affiches » et c'était épuisant. Déjà qu'elle devait endurer son image à longueur de journée ce n'était pas pour que de parfaits inconnus la lui rappellent lorsqu'elle prenait un peu de temps pour elle. La solution se présenta simplement, bien entendu se serait étrange, mais elle n'avait aucune idée derrière la tête et son professeur pourrait toujours refusé s'il trouvait cela inconvenant.

« Je préfère éviter les lieux publics, cela vous dérangerait que je vous offre ce verre chez moi ? »

Cerise rougit légèrement, elle espérait qu'il comprenne et se félicita mentalement d'avoir ranger le salon la veille. Elle avait eut besoin de s'occuper l'esprit, alors qu'elle entamait une nouvelle crise de manque, et elle n'avait rien trouvé de plus occupant que le ménage, son salon reluisait, plus aucun vêtement n'y trainait, les magasines étaient en piles ordonnés sur la table et plus aucun livre ne manquait à la bibliothèque. Ce n'était certes pas le cas pour toutes les autres pièces mais c'était un début et un signe de l'amélioration de son état.

» Rentre ! C'est le moment où la lune réveille le Vampire blafard sur sa couche vermeille. #Constance Lindelof
» Chaque nuit doit avoir son menu. #Elixir M. Lighten
» Nathan Rainfield - La vérité est au monde, le mensonge à la peur (TERMINÉ)
» seconde intrigue » acte I : au clair de la lune.
» « Ce n'est que quand il fait nuit que les étoiles brillent »