Il était une fois... || ft. Jude Reed Carpenter

Excusez-moi. Excusez-moi d'avoir mis tant de temps à venir vous voir. Excusez-moi de ne pas venir vous voir tous les soirs. Excusez-moi de ne pas vous apporter plus souvent des fleurs. Excusez-moi de ne pas vous donner de l'eau plus souvent. Excusez-moi. Excusez-moi de ne plus être celle que j'étais. Excusez-moi de ne plus vous dire bonjour chaque matin et bonne nuit chaque soir. Excusez-moi. Excusez-moi d'être encore vivante.

Ma sac tombait lourdement sur le sol. La bandoulière glissant de mon épaule. Cela faisait bien longtemps que je n'étais plus venue les voir. Et ce n'était pas pour rien. J'avais remarqué qu'un dealer avait élu domicile ici. Pas étonnant. Il n'y avait pas plus discret qu'être le gardien du cimetière pour que la police ne se doute pas de son petit manège. Le problème est que j'avais pris l'habitude de venir voir mes parent la nuit, et avec sa présence, mes visites n'avaient plus la même saveur. C'est pour cette raison que j'avais évité l'endroit un moment. Mais maintenant il fallait que j'y retourne. Pourquoi pas en journée ? Parce que je ne veux pas croiser d'autres personnes. Et surtout, je ne veux pas qu'on me voit pleurer. Ou même, qu'on m'entende parler. Je sortais mon paquet de cigarette de ma poche et en glissais une entre mes lèvres, machinalement, je l'allumais et tirais une première bouffée. Elle était censée m'apaiser, me calmer. Recrachant la fumée, mes yeux se fixèrent à nouveau sur la grille du cimetière. Il était encore là. Et moi qui croyait que c'était l'heure à laquelle il partait. Le son de la radio me parvenait. Je tirais encore sur ma cigarette et soupirais. Quand allait-il partir ? Et me laisser reprendre mes habitudes ? J'avais besoin de me coucher sur le marbre froid de la tombe, et d'avoir l'impression de dormir à leur côtés. De partager leur éternité, l'espace d'un instant. Etais-je dépressive ? Oh non. J'avais simplement besoin de leur raconter mes journées, de leur dire ce que j'avais appris, ce qui m'avait déçue, ce dont j'avais envie. Leur parler de mes projets, de ma vie, tout simplement. J'avais besoin d'oublier que j'étais orpheline, besoin d'oublier que j'étais seule. Etais-je tout de même normale ? Je pense que oui. A ma façon. Passant ma main dans mes cheveux, je soupirais. Peut être devrais-je me détacher de cette habitude suicidaire ? Peut être. Je resserrais ma harrington sur mes épaules. Quel idée de trainer avec une veste légère et un débardeur à cette heure ? J'écrasai mon mégot à mes pieds. Je m'apprêtai à attraper mon sac, au sol, quand un voix me parvint.

Perdue. Aurais-je l'air perdue ? Comme si un cimetière était un endroit où on avait l'habitude de se perdre. Je relevais les yeux vers l'inconnu. Inconnu. Le mot était mal choisit. C'était celui qui m'empêchait de parler à mes parents. Le dealer. Enfin, je n'en étais pas sûre, mais ça semblait évident. Il avait l'air étrangement sûr de lui. Je détachais mes yeux du cimetière et plongeais mes yeux vairons, différents l'un de l'autre, dans les siens. Alors il n'avait pas de clients ? Il s'autorisait une pause ? Qu'importe. Vu mon humeur, il valait mieux que je l'ignore. Ce qui n'allait pas être facile, me connaissant.

« Ouais, j'suis perdue. Et l'seul endroit que j'ai trouvé pour m'réfugier c'est le tombeau. Heureusement qu't'es la d'ailleurs, j'ai besoin d'une force masculine pour creuser mon trou. »
Lançais-je.

Mes yeux quittaient les siens, et avec habitude, je m'allumais une nouvelle cigarette. Je me rendais alors compte que j'avais encore été agressive sans aucune raison. Et surtout, que ce n'était pas forcément le genre de personne qu'il fallait énerver. Je reportais mes yeux aux siens avec une légère curiosité sur la suite des événements. Il faut dire que je n'étais pas habituée à adresser la paroles à beaucoup de monde.

« T'as l'intention de rester longtemps ici ? »
Demandais-je d'un air désintéresse.

Le coin VIP ? Visiblement l'homme prenait plaisir à répondre à mes agressions. Mais lui semblait étrangement sérieux. Était-il possible de le croire ? Non. C'était sûrement un joueur, et avec le manque de clients évident de cette soirée, j'étais un bon moyen de lui occuper l'esprit, de combler son temps. Oui, ça devait être ça. Qu'importe son but. Une préférence pour l'emplacement. Ses remarques semblaient de plus en plus sérieuses, mais sûrement qu'il ne l'était pas. Ou peut être était-il un meurtrier avide de nouvelles victimes ? Surtout jeunes et fraiches. Et si le seul but qu'il avait, c'était de me déguster ce soir ? Mes yeux se perdait sur son visage. Non, il n'était pas assez pâle. Son cœur semblait battre, il semblait respirer. Je pouvais me tromper, c'est sûr. Mais pas là. Ce n'était pas un suceur de sang. Et heureusement, parce que si c'était une sangsue qui m'empêchait de vaquer à mes occupations, je risquais de me mettre en danger, vu ma mauvaise humeur. C'était évident, il sentait qu'il me dérangeait. C'était évident, il n'était pas décidé à me laisser tranquille et à partir dealer ailleurs. Cela l'amusait ? Je devais rester calme, enfin, avec le semblant de calme qu'il me restait. Qu'il parte. Non. Il ne partirait pas. Visiblement il avait décidé de voir combien de temps j'étais prête à attendre qu'il prenne ses affaires et qu'il me laisse aller les voir. D'accord, je suis folle, complètement folle, et alors ? Je veux rester près d'eux, ne serait-ce qu'un instant. J'aimerais tellement être avec eux. Suicidaire ? Non. Pas pour l'instant.

« J'ai toujours préféré le contact, la fausse commune me conviendra parfaitement. »
Souriais-je en rallumant ma cigarette.

Mes yeux rencontraient à nouveau les siens. On aurait dit que j'étais prête à jouer ce soir. Et ce n'était sûrement ni le lieu où le faire, ni la personne avec qui le faire. Allez Jude, prend tes affaires et casses-toi. Jamais. Combien de temps cela allait-il durer ? Aucune idée. Qu'importe. Je ne lâcherais sûrement pas avant lui. Après tout, moi, je n'avais rien d'autre à faire. Ce n'est pas l'aide sociale. Sa remarque m'arrachait un sourire au coin des lèvres. Si tu savais. Si tu savais ce que ce cimetière représente pour moi. Peut être que tu deviendrais toi-même mon assistante sociale. Peut être même que tu partirais, sans demander ton reste, simplement pour ne pas fréquenter une personne dont l'état est si peu rassurant. N'aie pas peur. Je ne mors pas. En tout cas, pas moi. Payer le loyer ? J'ai déjà du mal à payer le mien. Alors ne nous engageons pas sur la pente glissante de l'argent, veux-tu ? Mais j'avais comme l'impression qu'il me cherchait, qu'il voulait voir jusqu'où j'étais capable d'aller. Ou peut être que je me faisais des idées ? En tout cas, je ne m'attaquais pas à un petit joueur, au contraire, il était bien à la hauteur.

« Oh, je dois m'être trompée d'adresse dans ce cas. Ce n'est pas ici le foyer pour jeune fille ? »
Dis-je ironiquement.

Ou peut être qu'il restait parce qu'il savait que j'avais compris ce qu'il faisait ici ? Me soupçonnait-il d'être flic ? Oh, je ne pense pas que c'était à ce point, mais c'est vrai qu'il cherchait peut être à me surveiller. A voir si j'étais un danger pour son petit business. Au moment venu ? Et c'était quoi le moment venu pour lui ? Parce que l'heure tardive et l'idée de déranger une jeune innocente devrait lui suffire. Non ? Taper la conversation avec qui tu veux. Cette remarque déclencha un frisson dans mon échine et mon sang fit un tour. Je serrai le poing à m'en faire mal pour tenter de ne pas m'énerver. Taper la conversation. Il savait pourquoi j'étais là ? Il avait repéré mon manège comme j'avais repéré le sien et son seul jeu était de m'empêcher de faire ce que je voulais. Pourquoi ? Et . . . Et il disait cela avec son air, tellement désagréable.

« Si j'étais toi, j'parlerais plus poliment, c'est pas conseillé d'énerver une jeune fille en pleine nuit. »
Dis-je tout à fait calmement après avoir retrouvé mon sang froid.

Alors comme ça il avait envie de me faire peur en parlant des vampires qui rôdent la nuit ? Pourquoi ? Pour me remettre à ma place Pour me faire comprendre que j'allais trop loin ? Que je pouvais mourir à chaque instant et que mon humour n'était pas de circonstance ? Et pourtant, j'étais la mieux placée pour avoir ce genre de remarque. Non ? Je laissais tomber le mégot de ma cigarette au sol. La cigarette, c'était elle qui me rapprochait un peu plus chaque jour de ce j'attends. Ce que j'attends. Ais-je réellement envie de ça ? Aucune idée, le temps me le dira. J'écrasais le mégot à l'aide de ma chaussure, l'empêchant ainsi de continuer à fumer. Combien de temps cela allait-il durer ? J'aurais mieux fait de ne pas venir. Mais je n'avais pas pu m'en empêcher. J'avais eus besoin de venir leur parler, de venir, ne serait-ce qu'un instant. Idiote. J'aurais mieux fais de leur parler de chez moi, après tout, qu'est ce que ça changeait ? Stupide. Je m'accroupissais et cherchais dans mon sac une nouvelle cigarette, visiblement, j'en avais besoin ce soir. Être prévoyant.

«Évidemment, dans ce genre de situation, les places se font rares sous terre. »
Soufflais-je en glissant une clope au bord de mes lèvres.

Étrangement, je sentais son regard glisser sur moi. Pourquoi ? J'avais la sensation qu'il calculait le moindre de mes mouvements, qu'il m'observait. Avec curiosité. Pourquoi ? Avais-je éveillé sa soirée ? Si seulement il me cherchait un peu plus, que je puisse lui cracher à la figure et le faire se casser d'ici. Oh non Jude. La violence est inutile. Oui, oui. Pourtant elle aide parfois. Je me redressais, toujours en lui faisant face. Je le surprenais à regarder l'heure. Peut être qu'en réalité je l'ennuyais et qu'il allait partir ? Ou peut être qu'il était pressé ? Ce serait tant mieux. Qu'il me laisse enfin la voie libre. Allez. Casses-toi. Lorsque je l'avais légèrement menacé, un sourire s'était dessiné sur ses lèvres. Peut être bien que j'allais regretter mes paroles. Peut être que je ne me rendais vraiment pas compte de la personne à laquelle je m'adressais. Peut être que . . . Non. Si, c'est ça le problème, à chaque fois je cherchais des embrouilles avec les mauvaises personnes. Mais est-ce que je le regrettais ? Même pas. J'aimais trop le danger. Étrangement, j'adorais sentir ma fragilité. Sentir que d'un moment à l'autre, ma vie pouvait m'échapper sans que je ne puisse l'en empêcher. Il se détachait alors du mur et tournait en rond. C'était moi ou le mur semblait s'être déformé ? Comme si . . . Comme si il avait pris la forme du dos du dealer. Non. Je reportais mes yeux sur lui. Avec l'heure, je commençais à imaginer n'importe quoi.

Figure de jeune pucelle ?

D'accord, j'avais ma réponse, je ne m'étais pas attaquée à la bonne personne, pas du tout à la bonne personne. Il avait les mots et les attitudes de quelqu'un de dangereux, quelqu'un de très dangereux. Hum, d'accord. Malgré les idées qui me traversaient l'esprit, je ne le laissais pas transparaître mes émotions. Et puis si je cherchais le danger, tant mieux, je venais de le trouver. Une sangsue ou une boule de poils ? Une boule de poils. Ah oui, un genre de loups-garous. J'avais vu ça dans un journal.

« C'est des conneries. Ça n'existe pas. C'est une invention des culs-bénis pour rallier les non-croyants et autres non-convaincus de leur efficacités. Dans le genre : venez chez nous, on a des gentils toutous pour nous protéger des grandes méchantes chauves-souris. »
Dis-je, nonchalamment.

Enfin, j'allumais la cigarette qui pendant au bord de mes lèvres depuis un moment, éteinte. J'aspirais une bouffée, profondément. Recrachant la fumée en plongeant mes yeux dans les siens. Et si lui, c'est une boule de poils ? Qu'est ce qu'il va m'arriver maintenant ?

Elle prenait une nouvelle fois une cigarette. Etait-ce un signe d'inquiétude chez elle ? Possible, les vampires incitaient souvent à ce genre de comportement chez les mortels, et quoi qu'ils en disaient. Pour ma part, ils ne me faisaient ni chaud ni froid, et ce parce que je pouvais les affronter, lorsque je retrouvais ma forme animale. Mais cela ne durait que trois jours, et je priais, chaque jour, pour que les scientifiques trouvent un moyen pour nous permettre de nous transformer lorsqu'on le voulait, sans avoir cette foutue lune comme limite. Me transformer quand je le voulais, chasser quand je le voulais, tuer quand je le voulais. Un rêve qui pouvait devenir réalité à n'importe quel moment, les japonais étant parvenus à recréer du sang synthétique pour les sangsues. Pouvait-il faire de même avec moi, avec nous ?


- « En effet. Mais tu peux toujours choisir l'incinération. Avec un peu de chances, quand on te dispersera, tu ira tuer une sangsue en l'étouffant... »

Toujours le même humour, si on pouvait appeler cela de l'humour. J'ignorais pourquoi, mais j'aimais toujours avoir cette sorte d'humour noir qui m'allait si bien, et j'appréciais toujours autant. Un humour noir qui me collait depuis de nombreuses années, pour ne pas dire des siècles, et les événements que j'avais vécu en Écosse. Mais ce n'était pas le moment d'y penser, une conversation des plus intéressantes était en cours entre moi et une jeune femme, dont j'ignorais toujours le nom. Tout d'un coup, cette question me turlupinait ; qui était-elle, pour venir ici en pleine nuit ? Une jeune inconnu, l'esprit bien trempé, c'était plaisant quelques minutes, ennuyant le reste du temps, et je voulais à présent mettre un nom sur ce visage...

Mais elle me ramenait vers notre conversation. Les loups-garous n'existaient pas, ils n'étaient qu'une invention de Fellowship of the Sun pour rallier les non-convaincus à leur cause. Face à tant d'ignorance et de sottise, je souriais, simplement, silencieusement. Elle ne croyait pas aux Lycans, et pourtant, elle en avait un en ce moment-même, juste en face d'elle, juste prêt à lui sauter à la gorge. Non, je ne souhaitais pas lui sauter à la gorge, le plaisir de lui faire découvrir lentement, sûrement, l'existence de ces créatures bien plus terribles que les vampires était plus grand que celui de la croquer. Oui, j'allais lui prouver notre existence, et ce de la plus belle des manières...


- « Celui qui refuse l'évidence n'est pas moins sot que celui qui croit aveuglément. L'on m'avait dit cela, lorsque j'avais moi aussi dis que les Lycans n'existaient pas. Et pourtant, leur réalité est un fait. »

[C'est mauvais, désolé. =/]

Son humour noir était évident. N'avait-il pas peur de la mort ou était-il immunisé ? Il est vrai qu'ici, nous étions confrontés à la mort tous les jours, si ce n'est toutes les heures, alors comment ne pas y être immunisés ? Comment ne pas y être habitué ? La mort, ici, s'est banalisée. Elle est devenue une rencontre de tous les jours. Et puis, comme on le dit si bien, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. N'est ce pas ? Oh, on dit que les vampires ne tuent pas. Oui, on dit que le sang synthétique leur suffit. Qu'ils se nourrissent de True Blood. Tu parles. Je n'y crois pas un seul instant. Est-ce qu'en goûtant à la viande de soja, j'ai arrêté de manger des animaux ? Ce serait un peu paradisiaque non ? Et puis, ce serait tellement dommage de mettre fin à la chaine alimentaire, c'est elle qui donne un sens à notre vie non ? Tuer, se faire tuer. Le vampires est simplement la fin de cette chaîne, le dernier maillon. Étouffer les vampires à l'aide de mes cendres ? Hum, intéressant.

« Au moins, ma mort ne serait peut être pas inutile. »
Lâchais-je avec un sourire.

A l'entente de mes propos, un sourire se dessinait sur ses lèvres. Alors il y croyait ? Après tout, peut être n'avait-il pas tord, les vampires existent pourquoi d'autres êtres n'existeraient-ils pas ? Ce qui me rendait septique c'était la réaction des anti-vampires. Pourquoi défendraient-ils ces créatures ? Voulaient-ils les rallier à leur cause ? Afin d'être plus fort ? C'était plausible. Mais . . . Je n'en avais jamais vu, alors j'avais du mal à y croire. Et puis le mythe de la grosse bête poilue, c'était un peu gros non ? Quoique le mythe des grandes chauves-souris aussi ? Hum . . . Les idées se bousculaient dans mon esprit. S'ils existent, je dis bien, s'ils existent. Sont-ils comme les vampires ? Sûrement. Sûrement qu'ils ne sont pas mieux. Pourquoi seraient-ils mieux ? Eux aussi doivent vouloir se nourrir. Et cette fois pas de sang, mais de chair. Quoique vampires et lycans pourraient monter une alliance. L'un vide le cadavre de son sang, l'autre mange ce qu'il reste autours des os. Quoique ça risque de mettre les nettoyeurs au chômage. Je tirais sur ma cigarette. S'ils existent, l'humain est sûrement condamné. Un léger soupire s'échappait de mes lèvres. Heureusement qu'ils sont partis avant de voir ça. Si seulement ils n'étaient pas partis de cette façon.

« Hum, pour tout t'avouer, j'ai toujours rêvé d'avoir un chien. »
Lançais-je.

Mes yeux quittaient les siens l'espace d'un instant. J'avais besoin de vérifier si le mur était déformé ou si j'avais rêvé. Non. Il semblait réellement différent depuis le passage de l'homme en face de moi. Arrête Jude. C'est n'importe quoi. Tu te fais des idées. Oublies ça. Je reportais alors mes yeux aux siens. Je devais être une bonne occupation pour un dealer qui n'a pas fait son chiffre d'affaires de la soirée. Quoique . . . Peut être que je ferais mieux de partir. Coinçant ma cigarette au bord de mes lèvres, du bout des doigts j'attrapais mon sac et replaçais la bandoulière sur mon épaule. Partir ? Avant lui ? Jamais. Laissant tomber le sac contre le mur, je me hissais et m'asseyais sur le rebord.

« Au fait, à qui ai-je l'honneur ? »
Demandais-je au hasard.

Après tout, ce n'était pas parce qu'il faisait nuit, parce que j'étais énervée et fatiguée que je ne devais pas savoir qui m'adressais la parole. Je n'avais aucune idée de son nom. Est-ce que ça m'intéressais réellement ? Aucune idée. Mais mettre un nom sur un visage est une habitude que les humains ont. Et je suis humaine, non ?