James Burton : Life sucks baby, and I will suck you...

Mon Black Berry vibre….Un nouvel e-mail ! Peut être la réponse que j’attends depuis des jours. Celle de James Burton. Je sors le téléphone de la poche intérieure de ma veste et clique pour lire l’e-mail. Je souris instantanément quand je m’aperçois que l’e-mail que j’attendais si impatiemment.

Monsieur Lloyd,

Après étude de votre requête, j’ai le plaisir de vous annoncer que j’accepte avec plaisir de répondre à vos questions.

Bien entendu, je souhaite imposer certaines règles qui me semblent indispensables. En espérant que vous n’y verrez aucune objection. Je souhaite donc une rémunération de 2000 dollars car vous comprendrez bien que vous accorder du temps m’empêchera pendant quelques heures de travailler.
Afin que notre entretien soit le plus agréable possible pour chacun de nous deux, il serait vraiment plaisant que vous ameniez une petite distraction…

Je vous fixe donc rendez-vous à mon hôtel le 10 mai 2009 à 23h. Présentez-vous à la réceptionniste, et elle vous amènera à moi.

Veuillez recevoir mon hommage le plus sincère,

James Burton.

Je range mon portable et je me dis que dans trois jours je vais enfin rencontrer ce vampire qui a fait tant scandale il y a seulement un an. Et je repense à ce qu’il m’a demandé….2000 dollars….Où veut- il que je trouve 2000 dollars ? Quand je vais parler de ça à mon rédacteur en chef je sens qu’il va me rire au nez. Mais tant pis….j’essaierais. Et au pire, je financerais moi-même. Je crève d’envie de voir James Burton en chair et en os. Je ne suis pas homosexuel, mais il me fascine. Et imaginez quand même la scène : un journaliste de 31 ans sans réelle renommée (pour le moment) face à l’arrière petit fils de John Smith ! John Smith !!! C’est carrément incroyable…et inespéré.

Pourtant je refuse qu’on dise de moi que je suis un mordu, mais j’avoue que les vampires m’impressionnent. Je n’en ai encore jamais vu et je suis vraiment impatient de voir un vieux vampire qui a gardé un visage de jeune homme. James Burton a beau avoir 25 ans pour l’éternité…. N’empêche qu’il a en réalité 307 ans….Je n’imagine même pas tout ce qu’il a pu voir. Il fait tout de même partie de notre histoire. Et ça…je sens que je vais rapidement rentabiliser l’investissement.

J’imagine déjà mon article faire la une de La Gazette de la Louisiane….Avec ça, je suis sûr de sortir de l’ombre. C’est vraiment inespéré ! Je vois déjà d’ici le gros titre «Rencontre avec James Andrew Burton ». Depuis trois ans, on n’entend que parler d’eux : les vampires. Ils ont vraiment fait l’objet de toutes les convoitises et de tous les intérêts. Mais jamais James Burton n’a accordé d’interview. Jamais…..C’est carrément un scoop que je m’apprête à faire. Mais bon on n’a rien sans rien dans la vie. Je suis sur cet article depuis plus d’un an, et j’avoue n’avoir guère trouvé beaucoup d’informations. Tout ce que j’ai c’est son nom : James Andrew Burton : sa date et son lieu de naissance : 20 décembre 1702 à Jamestown en Virginie ; et sa profession : propriétaire d’un luxueux hôtel de la Nouvelle-Orléans….

James Burton ne laisse pas filtrer grand-chose depuis le battage médiatique dont il a fait la Une l’an dernier…. Imaginez le scandale….Huit morts en 20 mois…..Il y a de quoi faire la lumière sur vous. Surtout quand vous êtes un vampire et qu’on sait de source inconnue que vous n’appréciez pas trop qu’on ait révélé l’existence de votre race….

Et même s’il fait mine d’avoir compris la leçon et de s’être rangé, j’avoue que ce qu’il entend par « petite distraction » ne fait plus l’ombre d’un doute…James Burton apprécie toujours le sang humain….

Je pousse un long et profond soupir et regarde l’heure à ma montre….il ne me reste que 68 heures pour trouver une fille qui veuille bien servir d’en-cas à James Burton…..Je crois que j’ai plus de chances si je vais dans le quartier des prostituées non ? Il parait qu’il les aime beaucoup…..

Je n’avais guère dormi les deux nuits précédentes. Je savais que ma carrière se jouait dans deux jours. Si j’échouais je n’aurais sans doute plus jamais l’opportunité de faire un papier comme celui-là. Et je perdrais sans doute toute crédibilité envers mes employeurs, mes collègues et certainement du milieu vampirique mondial. Il fallait que cet entretien se passé bien, que j’arrive à mettre James Burton en confiance et qu’il me révèle des choses. Il fallait que ce papier soit excellent parce que mon patron n’avait rien voulu savoir. Pour lui je courais droit dans le mur. Et il avait sans doute raison….

Mais j’avais besoin d’y croire. J’avais besoin de croire enfin en ma bonne étoile. J’étais diplômé depuis sept ans et jusque là je n’avais pas percé. J’avais réussi à intégrer ce journal seulement parce que mon professeur à l’université était un ami du directeur, et que nous nous étions toujours appréciés. Mais je savais que j’étais sur la sellette….

Et ces deux mille dollars que me réclamaient James Burton….je ne les avais certainement pas obtenus du journal. Ils n’y croyaient pas une seule seconde alors pourquoi pensez-vous qu’ils allaient se donner la peine d’investir une somme pareille ? Cet argent je l’avais emprunté….A ma mère….Et j’espérais bien lui rendre en doublant la somme si j’arrivais à percer grâce à ce papier.

C’est donc nerveux que je me suis rendu au rendez vous au lieu et à l’heure indiquée dans le mail de James Burton. Je me suis présenté à la réceptionniste qui m’a accueilli avec un grand sourire. Je me suis quand même demandé si j’avais affaire à une vampire, à une mordue ou alors à une simple humaine…. Mais je n’ai pas osé poser la question…..J’avais bien trop peur. Elle m’a conduit aux appartements de Monsieur Burton après que nous ayons pris un ascenseur en verre à l’ancienne. J’étais subjugué comme le serait un enfant dans la chocolaterie de Charlie et la chocolaterie. Elle a toqué à une porte au dernier étage. Et quand nous avons entendu une voix nous prier d’entrer, elle m’a souri en ouvrant la porte et en m’invitant à y entrer.

Et puis quand elle a refermé la porte sur moi, et que j’ai entendu à nouveau cette voix résonner pour me dire de venir dans le salon, je me suis exécuté, m’agrippant à ma sacoche de toutes mes forces. Si je n’avais pas eu peur jusque là, maintenant c’était le cas. Je me serais presque fait dessus tellement j’étais terrifié. Il fallait que je me ressaisisse et c’est après la prise d’une grande bouffée d’air que je me suis avancé.

Un jeune homme d’une vingtaine d’années, assis les jambes croisés avec un livre à la main sur une méridienne me souriait. Même si je n’avais jamais été attiré par les hommes, je devais avouer que cet homme était l’archétype de l’homme séduisant. Le teint pâle, une peau parfaite, des yeux d’un bleu à s’y noyer, des cheveux noirs de jais, et parfaitement coiffés en leur donnant un aspect faussement négligé. J’étais cloué au sol tellement j’étais impressionné. Il a certainement du le remarquer puisqu’il a reposé son livre sur la table basse. Il souriait de façon assez énigmatique et d’un geste de la main m’a invité à m’installer sur un fauteuil.

J’avais l’impression d’être un automate. Mes pas, mes gestes….. Et puis une fois assis, j’ai posé les mains sur mes cuisses et je l’ai encore fixé. C’était la première fois que je voyais un vampire. Et je ne pensais pas que cela me ferait cet effet là. Je venais pendant cinq minutes d’oublier la raison de ma présence ici. Cela présageait une interview chaotique…J’ai ouvert la bouche mais aucun son n’en est sorti avant une minute. Il a secoué la tête en émettant un petit rire discret mais parfaitement pesé. Je voyais bien, malgré le fait que je me sente envouté, qu’il s’amusait de la situation.

-Enchanté de vous connaître Monsieur Burton.

-Mr Lloyd….Votre voyage s’est il bien passé ?

Mon voyage ? Ha oui, mon voyage….Je posais à nouveau les pieds sur Terre. En douceur. Il avait une voix énigmatique, doucereuse et empreinte d’un parfum antique. Il ne s’exprimait pas comme un jeune de son âge. Enfin en apparence…..Il ne se fondait pas dans la masse, il était vraiment unique…. Et je comprenais maintenant pourquoi les vampires fascinaient autant les gens….

-Parfaitement, merci.

Il a suffi que je le regarde à nouveau pour me sentir scruté comme jamais je ne l’avais été. Je voyais bien qu’il observait chacun de mes traits, chacune de mes attitudes et il semblait même s’en amuser. J’ai fini par déglutir et a lui rendre un sourire forcé. J’étais bouche bée avant qu’il ne rompe le silence que j’imposais.

-Pouvons nous commencer Monsieur Lloyd avant que vous ne finissiez de vous décomposer devant moi ?

Je venais de faire connaissance avec l’humour vampirique sans doute… Et je n’ai pas osé dire quoi que ce soit. Alors j’ai sorti une enveloppe de ma sacoche et je la lui ai posée sur la table. C’était le chèque qu’il avait demandé, et j ai été fort étonné qu’il ait l’air de s’en moquer. Et puis j’ai sorti mon dictaphone que j’ai posé également sur la petite table après avoir vérifié qu’elle contenait une cassette vierge. Et je l’ai mis en route.

James Burton semblait réellement amusé de mes tremblements incontrôlés. Et j’ai fini par me lancer en toussotant.

-Vous êtes une énigme. Personne ne sait rien de vous et vous êtes fort discret. J’aimerais savoir si cela a un rapport avec le fait qu’on a remarqué il y a quelques mois des disparitions étranges dans votre hôtel ?

Je savais que je commençais fort, mais je ne voyais pas d’autre introduction. Et c’était sans doute la chose qui m’intéressait le plus.

-Monsieur Lloyd…..Allez-vous me faire croire que vous voulez vraiment commencer votre entrevue en posant une telle question ? Ne trouvez-vous pas cela inapproprié ? Je me suis renseigné sur vous, et je dois vous avouer que j’avais fort espoir d’avoir un journaliste doué quand on m’a vanté vos mérites. Et maintenant que je vous ai en face de moi, j’ai la désagréable impression qu’on s’est ri de moi et que je n’ai pas affaire au William Lloyd à qui j’ai concédé une interview il y a quelques jours. Vous faites preuve d’un amateurisme flagrant. Est-ce vraiment comme ça que vous souhaitez commencer ? Interviewer un vampire en commençant par des choses désagréables et par la fin de sa vie….ce n’est pas très intelligent vous ne trouvez pas ?

Je me suis retrouvé à le regarder et j’ai fait tombé un stylo que je triturais depuis cinq minutes. Ma voix n’était qu’un murmure, mais je savais qu’il entendrait certainement. J’avais entendu dire que les vampires ont une ouïe très fine…..

-Hé bien…..j’avoue que cela m’intéresse…..Et je suis certain que tout le monde serait curieux de savoir.

Mieux valait ne pas mentir, et y aller franco. Quitte à me faire virer de cet hôtel ou encore de me faire vider de mon sang…..Mais bon j’espérais que nous n’en arrivions pas à la deuxième option.

-Chaque chose en son temps voulez-vous ?

-D’accord…

Il avait une manière de parler et de s’exprimer qui reflétait sans doute l’homme qu’il était. Il aimait asseoir son autorité et ses décisions. Et il n’avait pas l’air d’apprécier qu’on lui dise ce qu’il devait faire, penser ou bien dire. C’était moi le journaliste et pourtant c’était lui qui semblait mener l’interview…..

-Vous vous appelez donc James Burton, et vous êtes propriétaire de cet hôtel de luxe depuis 70 ans maintenant. Seulement vous êtes enrobé d’un mystère complet. Nous ne savons que peu de choses de vous parce que vous semblez tenir au silence. Êtes-vous vraiment l’arrière petit-fils de John Smith comme vous le prétendez ?

-Est-ce vraiment tout ce que vous avez trouvé comme information sur mon compte ? C’est peu effectivement… Oui, je suis bien l’arrière petit fils de John Smith. Ma mère, Constance Ashtonbury était son unique petite-fille qui ait survécu à la petite enfance. Elle n’a pas connu non plus son grand père cependant. Il est mort alors qu’elle n’avait que quelques mois. Et pour tout vous dire, les histoires que j’ai entendues de lui sont peu glorieuses. Vous finiriez sans doute par avoir une mauvaise image des colons et de leur soi disant chevalerie. Ils n’avaient rien de glorieux et d’intelligents. C’était juste des pauvres hommes assoiffés de pouvoir et de reconnaissance incapables de l’obtenir dans leurs pays respectifs. La colonisation n’a rien de noble. Rien du tout !
Comment vouliez-vous que je ne perde pas mon sang-froid? Impossible!!!

Je pris donc une profonde inspiration qui finalement je le savais n'était que factice et ne trompperait personne, mais j'avais toujours trouvé ce réflexe humain trés amusant.

-Je suis donc né un 20 décembre 1702 à Jamestown en Virginie. Mon père était un général anglais des plus ambitieux. Et je pense que s’il a épousé ma mère ce n’était que pour son nom et le prestige de son arbre généalogique. Pourtant je suis persuadé qu’il a fini par l’aimer. Lui…. Elle, elle n’aimait pas mon père. J’en ai la certitude. Mais c’était mon père ou alors elle retournait en Angleterre dans un couvent. Ma mère semblait être une femme qui n’avait rien à faire dans cette époque. Elle était bien trop moderne pour ce monde. J’aurais peut être du la vampiriser…..elle aurait fait une éternelle parfait sans doute. Nous vivions dans des campements à cette époque. Il n’existait encore aucune construction. C’était le balbutiement des Etats Unis actuels. Bien sûr nous jouissions d’un peu plus de confort que les simples soldats, mais je ne suis pas né dans une grande maison avec des domestiques et des leçons de piano. Tout cela c’était pour un peu plus tard….

-Vous étiez seul ? Ou aviez vous des frères et sœurs avec qui partager votre enfance ?

-Ma mère a eu deux autres enfants, après moi. Deux filles. Mais elles sont mortes toutes les deux. J’avais deux ans quand Elizabeth est née. Elle n’avait que quelques mois quand elle est morte. Et Margaret est morte de la typhoïde à quatre ans. Ma mère ne s’en est jamais remise. Elle était faite pour ça : avoir des enfants et les éduquer et elle n’avait que moi. La vie ne voulait pas lui offrir ce qui aurait fait son bonheur. Elle aurait peut-être aimé mon père s’il l’avait écouté plus tôt. Elle voulait dés leur mariage retournr en Angleterre. Elle avait échappé au couvent, mais elle voulait voir son pays. Elle n’a jamais aimé cette vie de fille de colons, cette vie qui pour elle n’en était pas une. Les femmes restaient peu d’ailleurs. Il y avait sans doute cinquante hommes pour une seule femme. Ce n’était pas une vie pour une femme. Mais mon père s’en fichait. Ma mère était son faire valoir et son sésame pour gravir les échelons. Pourtant quand j’ai eu douze ans il a consenti à repartir en Angleterre. Ma mère a su le toucher au cœur…. Il me fallait une éducation militaire, pour que je prenne la relève de mon père. J’avoue que ma mère était une fine mouche. Elle savait comment parler aux hommes. Nous avons donc quitté l’Amérique à bord d’un navire appartenant au Royaume de Georges 1er qui succédait à la dernière souveraine des Stuart.

-Qu'avez vous fait en Angleterre ?

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